Philippe Besson: Une bonne raison de se tuer

Par Mango
Schéma des plus classiques pour ce roman de vie, de mort, de silence et de liberté.
Un seul lieu: Los Angelès
Un seul jour: 4 novembre 2008,  élection du Président Obama
Un seul thème : la mort volontaire.
Deux personnages: Laura, 45 ans, divorcée,  mari remarié, seule malgré deux fils adultes, sans argent d’où son emploi de  serveuse dans un  bar pour homos
et Samuel: peintre, la soixantaine. Divorcé. Vivant seul.  Il vient d’apprendre le suicide de son fils unique de dix-sept ans.
Ils ne se connaissent pas  mais se croiseront ce jour-là.
Une seule action : les faits, gestes et pensées de chacun lors de cette journée particulière.
Une seule interrogation: ces deux  suicides  auront-ils lieu  comme prévus?
C’est le drame de la solitude de deux parents qui souffrent d’un sentiment d’échec après une vie de dévouement pour leurs enfants perdus.
La mère se sent délaissée par l’indifférence de ses fils et le père se sent coupable de n’avoir pas deviné la souffrance du sien.
Ils souffrent du vide émotionnel de leur vie, d’une impression d’inutilité dans tous les domaines.
«Elle est la femme sans histoire, la définition même de la femme sans histoire. Son existence est absolument ordinaire, linéaire, sans aspérités, sans aventures. La destinée n'y a pas sa place. … Non, en réalité, elle croit qu'elle était faite pour être femme au foyer et mère de famille. Que c'était cela, son identité profonde, sa vocation. Toute autre situation lui apparaît comme une incongruité.» 
Laura est une femme effacée, soucieuse de bien faire mais qui ne sait pas exprimer ses sentiments. Son seul mot d’adieu:
 "Je n'ai pas eu le choix, pardon."
Samuel a deux passions: sa peinture et le surf et un seul amour: son fils, mort  pour une amourette   En le perdant, il a tout perdu et il se sent perdu : il n’a pas su lui parler.
Autour d’eux, la ville papillonne sous le soleil et dans l’effervescence des résultats du vote crucial pour le pays. Eux ne se sentent plus concernés. Ils sont déjà ailleurs.
J’ai plutôt bien aimé ce roman mais sans plus. Ici on meurt  de solitude et d’indifférence par manque de communication avec les êtres chers. Le seul acte possible d’affirmation de soi et d’absence de souffrance est sa propre disparition. Adieu la vie: on baisse le rideau! C’est violent mais l’auteur entraîne le lecteur à considérer cet acte dans l’ordre des choses, détail après détail. Ici tout est dans le détail. La vie elle-même. Côté pile et côté face. A chacun de choisir sa destinée

Une bonne raison de se tuer de Philippe Besson (roman Julliard, 2012, 321 pages écrites)
 "Une bonne raison de se tuer ne manque jamais à personne." Cesare Pavese. Journal, 23 mars 1938. (Cet écrivain italien  se suicide en août 1950)