T’avais promis de m’emmener au cinéma.

Par Blanche @BlancheCL
Tu m’as regardée un jour pour la première fois alors que je riais toute seule à propos d’un dessin animé pourri, complètement bourrée sur les quais de Jussieu. Depuis, combien de fois tu as eu ce regard mi-effrayé, mi-attendri par mes comportements bizarres, mes réponses qui ne convainquent que moi, mes délires alcoolisés, et mes “non, je suis sobre, j’te jure”. Y’en a eu des détours, des contours, des allers-retours, des périodes où je te voulais plus que tout, d’autres où je t’avais presque oublié, et puis celles où c’était toi qui venais m’embrasser le premier, pas parce que t’avais plus bu que moi, juste que tu en avais vraiment envie, voilà ce que j’aimerais croire.

Je pensais qu’on pourrait jamais continuer comme ça, à faire semblant de ne pas avoir envie de se sauter dessus à chaque seconde, en ne s’accordant que de petits moments furtifs, des moments qui devenaient vite flous, qu’on confondait facilement les uns avec les autres, tant ces samedis soirs se ressemblaient, tant on buvait d’alcool qui embrumait nos souvenirs de la veille.

Je croyais qu’un jour ça exploserait, que l’un de nous deux dirait c’est fini, on ne peut pas continuer comme ça. Moi parce que j’aurais été jalouse des autres filles, ou parce que je me serais crue amoureuse pour la vingt millième fois; ou toi parce que tu aurais eu peur de te caser, peur d’avoir l’impression de m’appartenir, peur de te livrer.

Un an plus tard, rien n’a changé ou presque. T’as toujours ce petit regard en biais, dont je ne comprends jamais s’il est sérieux ou malicieux; moi je ne cherche toujours qu’à te plaire et j’ai l’impression que tout est comme avant, qu’on est des enfants, moi et ma coquetterie et toi et tes silences. On a pas mûri, on a pas trop évolué, on est ce qu’on est, et j’aime bien ça.

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