PHTALATES: Exposition in utero, troubles de la reproduction et lésions mammaires – Reproductive Toxicology

Publié le 19 mars 2012 par Santelog @santelog

Des fœtus de souris femelles exposés à des doses très élevées de phtalates présentent d'importantes altérations de leur système reproducteur et développent des lésions précancéreuses à mesure qu'ils grandissent, selon cette étude de toxicologie menée à l'Université Brown. Alors que les effets potentiels sur la santé des phtalates, préoccupent de nombreux responsables en santé publique et l'opinion publique, cette étude suggère des effets perturbateurs et graves de l'exposition in utero aux phtalates… chez les souris : Durée de période de reproduction raccourcie et croissance cellulaire anormale dans les glandes mammaires, est-ce ce qui nous attend aussi ? Réponse dans l'édition en ligne du 5 mars de la revue Reproductive Toxicology.


Les auteurs précisent que les doses de l'étude étaient beaucoup plus élevées que l'exposition habituelle liée à l'environnement à laquelle sont confrontés dans la vraie vie, humains et animaux, précise Mary Hixon, co-auteur de l'étude et professeur de pathologie et médecine du laboratoire de recherche de l'Université Brown. « Pour absorber de telles doses, il faudrait manger le plastique du gobelet», ajoute-telle, souhaitant remettre en perspective que le risque « réel » est probablement minime pour la plupart des gens.


8 « nouveaux » phtalates jugés préoccupants : Quand les toxicologues cherchent à déterminer l'effet d'un produit chimique sur un organisme, ils commencent souvent avec des doses anormalement élevées puis diminuent les doses pour identifier le niveau auquel les effets négatifs disparaissent. Jusqu'à présent, personne n'avait réalisé ce type de recherche sur les effets de l'exposition à des doses de MEHP chez la souris in utero. Cette étude apporte donc de nouvelles données de base sur la façon dont ces produits chimiques controversés pourraient affecter le développement du système de reproduction féminin, après que de précédentes études ont associé certains phtalates avec plusieurs effets sanitaires chez l'Homme et au moment où l'Agence américaine Environmental Protection Agency précise qu'elle est sur le point d'ajouter 8 phtalates à sa liste des perturbateurs « préoccupants » (dibutyl phthalate (DBP), diisobutyl phthalate (DIBP), butyl benzyl phthalate (BBP), di-n-pentyl phthalate (DnPP), di (2-ethylhexyl) phthalate (DEHP), di-n-octyl phthalate (DnOP), diisononyl phthalate (DINP), and diisodecyl phthalate (DIDP)).


Ce qui est certain ici c'est que des doses élevées entrainent des effets significatifs -La question qui demeure depuis plusieurs années est est-ce qu'une exposition faible mais durable a aussi des effets sur la santé de l'Homme ?- Le Dr Hixon a nourri des souris en fin de gestation, soit avec l'huile de maïs pure, soit de l'huile de maïs comportant 3 concentrations différentes de MEHP (100 mg, 500 et 1.000 par kg de poids corporel). Même aux doses les plus élevées, les souris, parents et enfants semblaient saines et les poids corporel de la mère et des nouveau-nés étaient normaux à la naissance.


Une période de reproduction raccourcie : Mais quand les petits souriceaux ont grandi en laboratoire, les chercheurs ont pu constater plusieurs changements. Ceux issus de mères nourries avec des doses de 500 mg et 1000 mg ont commencé leur période de reproduction très tardivement, avec chaque mois des périodes de fécondité qui duraient plus longtemps chaque mois. Les souris exposées in utero à la dose la plus élevée ont donné des portées beaucoup plus importantes, de 8 ou 9 petits, que les souris non exposées qui, généralement, font 5 à 6 petits. Enfin les souris exposées fortement ont montré une période de fertilité plus courte que les autres.


… mais plus intense : Enfin, les souris les plus exposées avaient plus de certains types de follicules que les souris non exposées et des niveaux plus élevés d'hormones comme l'estradiol, mais qui, après un an, chutent bien plus fortement que chez les souris témoins. Ces niveaux plus élevés d'estradiol ont entrainé une croissance cellulaire anormale dans les glandes mammaires, un signe précurseur de cancer. L'étude de l'expression des gènes des souris exposées montre que parmi les plus de 80 gènes dont l'expression a été modifiée par l'exposition in utero, certains étaient liés aux récepteurs des hormones de reproduction.


"Nous ne vivons pas dans une bulle» : Ce qui est suggéré par cette étude est qu'une exposition in utero à niveau élevé au phtalate MEHP provoque chez les souris femelles une vie reproductive raccourcie mais plus intense, les niveaux d'hormones plus élevés entrainant un nombre plus élevé de follicules libérant un plus grand nombre d'œufs. La question posée aujourd'hui par ces chercheurs est quid de la combinaison à doses moins élevées de phtalates et d'autres agents cancérigènes ? C'est probablement, ajoutent-ils, le scenario le plus vraisemblable auquel nous, humains, sommes confrontés.


Source: Reproductive Toxicology online 5 March 2012 doi.org/10.1016/j.reprotox.2012.02.006 Reproductive effects in F1 adult females exposed in utero to moderate to high doses of mono-2-ethylhexylphthalate (MEHP) Visuel : Tissu mammaire de souris témoins (à gauche) et de fœtus de souris exposés à 1.000 mg par kg de poids corporel de la mère au MEHP (mono-2-ethylhexyl phtalate)- Crédit: Hixon Lab / Brown University


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