Y a-t-il trop d’immigrés en France ?

Publié le 19 mars 2012 par Copeau @Contrepoints

De grâce, M. Sarkozy, assez de mensonges, de populisme et de xénophobie ! Réformez le marché du travail en le libéralisant, et vous verrez que vous pourrez vous passer et d’un État pléthorique pour soigner la misère du monde et d’une rhétorique nationaliste pour siphonner les électeurs du FN.

Par Fabrice Descamps.

Dans un bel élan de démagogie électoraliste, M. Sarkozy a passé toute la semaine dernière à affirmer qu’il y avait trop d’immigrés en France et qu’il comptait diviser par deux le nombre de ceux qui s’installent tous les ans dans notre pays. Nul doute que cette thématique lui est soufflée par le très droitier Patrick Buisson. On se demande encore comment certains libéraux ont jamais pu considérer ce président comme un des leurs. À tout prendre, je préfère encore un social-démocrate mou à un homme qui n’hésite pas à s’entourer de fervents lecteurs de Charles Maurras, ce penseur imbécile et délétère. Car je sais que M. Hollande ne mettra pas trois mois à abandonner toutes les politiques pour lesquelles il a été élu. Et puis le voir chuter en 2017 sera un vrai plaisir; ça fera « sboïng-sboïng-sboïng » comme un culbuto.

Alors je le dis et le répète pour la énième fois : on ne peut pas être libre-échangiste quand il s’agit de biens et de produits et être contre la libre circulation des hommes sur la planète, d’abord sous peine d’incohérence mais aussi et surtout parce qu’il n’est de richesse que d’hommes.

Réformons le marché du travail en le libéralisant, puis allégeons l’État-providence en permettant aux gens de vivre non principalement de transferts sociaux mais de leur travail et l’on verra que les immigrés sont une chance et pas du tout un fardeau pour notre pays auxquels ils apporteront en premier lieu une main d’oeuvre en quête d’un monde meilleur, prête à travailler dur pour échapper à sa misère originelle, ainsi que de nouveaux consommateurs.

Je sais bien entendu, car mes amis de l’UMP ne cessent de me le redire, que la droitisation actuelle du Chef de l’État est avant tout tactique et sera remplacée entre les deux tours de la présidentielle par un discours plus centriste. Mais si M. Sarkozy avait dès 2007 a) assoupli le Code du travail afin de permettre aux entreprises d’embaucher, b) rétabli l’ordre républicain dans les « cités » comme il l’avait promis, il ne serait pas obligé aujourd’hui d’aller à la pêche aux voix frontistes. De combien d’autres dérapages et compromis avec les idées de l’extrême droite ce président sera-t-il encore capable pour s’accrocher au pouvoir ?

Mais répondons plutôt à la question qui figure dans le titre du présent article : non, il n’y a pas trop d’immigrés en France.

Si l’on en croit les chiffres de l’INED, la France arrive derrière d’autres grands pays développés pour le pourcentage d’immigrés dans sa population totale : 11% (et même 8,5% si l’on en abstrait les gens ayant acquis notre nationalité mais qui sont nés à l’étranger) contre 13% en Allemagne et aux États-Unis, 14% en Espagne et en Suède, 21% au Canada, 23% en Suisse et 35% au Luxembourg.

Or avez-vous entendu parler de quartiers qui flambent en Allemagne où les ghettos turcs ne manquent pourtant pas, avez-vous entendu parler d’échauffourées dues aux « jeunes » des banlieues de Zurich, de Luxembourg ou de Toronto où les immigrés sont pourtant bien plus massivement représentés ? Non, RAS.

On voit donc bien que les malheurs de nos « quartiers » n’ont rien à voir avec l’immigration : ce sont de stricts problèmes de sécurité publique car je peux vous assurer, pour y avoir vécu, que les périphéries allemandes, par exemple, comptent autant de Kurdes faiblement éduqués, musulmans et machistes qu’il y a de « cailleras » à Aulnay-sous-Bois.

Alors de grâce, M. Sarkozy, assez de mensonges, de populisme et de xénophobie ! Punissez les petits caïds mais cessez de punir les entreprises qui embauchent et vous verrez que vous pourrez vous passer et d’un État pléthorique pour soigner la misère du monde et d’une rhétorique nationaliste pour siphonner les électeurs du FN.

—-
Sur le webÂ