Big K.R.I.T. – 4eva N a Day

Publié le 20 mars 2012 par Wtfru @romain_wtfru


Big K.R.I.T
est un type sympa. Un mec bien sous tout rapport, le gentil du rap game. Déjà, il vient du Mississipi, autant dire de nulle part. Loin de la concurrence de ville comme Atlanta ou LA, loin des influences parfois lourdes à assumer du Deep South américain, Krit développe son propre style, en mixant pas mal de ces influences finalement pas si éloignées les unes des autres. Oui Big K.R.I.T c’est le Tom Sawyer du rap, tout le monde veut être son ami. Des copains dans le milieu, il en a plein. Des starlettes radio Wiz Khalifa ou Mac Miller aux gros noms qui font bander les puristes (Bun B, Curren$y..), il semble faire l’unanimité partout ou il passe. Et comme c’est le gendre idéal, il produit aussi, pour lui et pour les autres. Big K.R.I.T, c’est la Suisse. Un mec qui mouille avec tout le monde, mais qui ne s’exprime vraiment qu’en solo.
Il explose aux yeux du grand public en 2010 avec Krit Wuz Here, excellente mixtape qu’il produit entièrement, et ou l’on découvre son style très aérien, relax, parfait pour écouter avant de t’endormir ou pour les lendemains de cuite. Avec au passage un instant classic, ou le rappeur nous parle de sa vie, du hip-hop et de plein d’autres choses profondes sur une mélodie creve-cœur  empruntée à Adele. Ya même des extraits de Friday Night Lights au début pour plaire aux kids ! Balèze.

_

Fort du buzz lié à cette réussite, Krit est très attendu sur son deuxième album, Return of 4eva. Mais au moment de confirmer, il rate un peu la marche en offrant un disque certes réussi dans son ensemble, mais manquant indéniablement d’audace et de surprises. L’emballage est parfait mais l’intérieur est mou comme une guimauve. Oui on s’ennuie et c’est dommage, parce qu’il y avait bien quelques ogives sur cette galette.
Depuis, comme expliqué plus haut, on le voit partout et nulle part et il est difficile de se faire une idée d’à quoi va ressembler son prochain album, Live From The Underground, attendu pour la fin de l’année. Pour nous aider, notre ami rappeur gentil qui pense aussi à son public sort la mixtape 4eva N a Day, disponible gratuitement sul’ web.
Comme d’habitude, mixtape ou pas, on a entre les oreilles un produit abouti et conçu comme un vrai album, avec un début, une fin et de la cohérence entre les deux.
Cette fois, pas de connexions à travers tout le pays mais Big K.R.I.T et lui seul, seulement accompagné de musiciens, chargés d’ambiancer l’histoire. Ici on parle de musique et si Krit n’est pas un mauvais rappeur, son flow n’a pas de réelles particularités et s’efface pour se mettre au service des instrus. Parlons donc de la production, une nouvelle fois assurée de bout en bout par le MC. On se ballade de styles en styles, de l’ambiance tamisée d’un jazz-club de la Nouvelle-Orléans (Boobie Miles, Wake Up…) au Country Rap plein de chaleur du Sud des Etats-Unis (1986, Country Rap Tunes…), c’est un voyage musical que nous propose le rappeur, qui manie aussi bien les samples de saxophone que les basses bien groovies.
.Boobie Miles

_

En fait, à l’image de l’enfant sur la cover (très réussie au passage), Big K.R.I.T semble encore hésiter, tâtonner pour trouver le son qui le fait vraiment décoller. Le problème, c’est qu’à trop vouloir marier différents courants musicaux, on perd un peu le fil de l’album et on finit…par s’ennuyer encore. Big K.RI.T on a envie de t’aimer, mais énerve toi un peu silteplait ! Merde on est à deux doigts de balancer le hashtag SomniféreMusic. A l’écoute de ce nouvel opus, l’auditeur finit lui aussi par hésiter. Pas entre la foi et la boisson comme sur la pochette, non (à WTFRU, on a basculé du côté obscur depuis longtemps). Mais doit-on voir le verre à moitié plein ou à moitié vide ? Est-ce qu’on nous réserve tous les missiles pour le Live From The Underground ou ça va juste être chiant comme le reste ? On est en droit de se poser la question.
Car il y a des bons moments sur cet album. Boobie Miles est certes un morceau ultra détendu mais le sample bien efficace et la façon de rapper nous éloigne du morceau « mou » typique. De même, l’enchainement 1986-Country Rap Tunes-Sky Club peut faire croire à un véritable décollage de cette mixtape. Mais finalement non, on revient vite à des tracks sans saveur qu’on a l’impression d’avoir déjà écouté 100 fois avec Big K.R.I.T. Des fois on a même l’impression d’écouter un album de The Roots tellement on sait pas ce qu’on fout la…
.1986

_

Voila il ne suffit pas de ramener trompettes et flutines sur ton album pour en faire quelque chose d’artistique. On a pas envie d’être trop dur avec ce rappeur car on sait qu’il est plein de talent et que son univers musical dépasse largement celui des ¾ des rappeurs sur cette terre. Mais il ne peut pas continuer de nous produire des albums pour faire la sieste comme ca. Il faut passer au niveau supérieur. Et si t’as pas d’idée pour ton prochain album, nous on veut bien que ça ressemble à ça. Réunions des diplomates du Country Rap, les patrons du style s’échangent un cigare, lourdeur absolue.

_