[Critique DVD] Le fleuve

Par Gicquel

Renoir découvrant l’Inde il y a soixante et un ans, nous l’a fait redécouvrir aujourd’hui, tel l’ ethnologue. Le film , son premier en couleur, est profondément marqué par son environnement naturel : le fleuve, bien évidemment, mais aussi ses habitants, ses marchands.Le cinéaste pose d’emblée un œil de défricheur à travers les  us et coutumes d’une famille indienne type, à savoir ….des britanniques expatriés.Le père dirige d’une main très colonialiste une entreprise de jute.

« Je les fais trimer » dit-il le plus simplement du monde à son invité, le capitaine John, en séjour privé, dans la capitale. Sa jeunesse et le mystère qui entoure sa présence émoustillent sérieusement les trois jeunes filles de la contrée, qui tour à tour vont lui faire la cour. Premiers émois amoureux, premières rivalités entre amies et le joli cœur qui papillonne sans trop savoir pourquoi.

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La romance est belle, et avec le recul du temps, un rien désuète .L’usure est ici cruellement marquée par une mise en scène et surtout une direction d’acteurs, datées.Personnellement j’ai trouvé Arthur Shields bien falot dans le rôle du capitaine et les gamines, un peu légères dans leur composition de jeune fille

Il nous reste alors à reprendre le filon du documentaire qui jamais ne quitte les intentions du film, comme on peut le voir avec la fête des lumières, totalement retranscrite sur un scénario qui intègre les aspects de la vie locale, comme une composante naturelle au récit qui lui relève de la pure fiction.

Ainsi va le film, tranquille à l’image du fleuve qui le borde, là où même les événements dramatiques, sont appréhendés avec la sagesse légendaire des indous. La famille britannique en est aujourd’hui imprégnée. Elle vit sous un autre latitude, une vie de rêve. Ah le bon temps des colonies ?

LES SUPPLEMENTS

  • Martin Scorsese, son point de vue (12 mn)

A ses yeux, l’un des plus beaux films en couleur (l’un des atouts majeurs du film « on sent l’empreinte du fils de l’impressionnisme, surtout dans les paysages »).Ce fut aussi son premier contact avec une culture étrangère.  « Aujourd’hui on dit que c’est un film colonialiste, mais il s’agit d’être humain avant tout.La vraie force de ce film c’est l’humanité de sa culture ».

  • Autour du fleuve (60 mn)

A la fois reportage sur l’Inde et documentaire rare sur le film, ce chapitre est un livre d’images, de contes et de légendes, magnifique.

Pêle-mêle, vous avez la genèse du film, les repérages de Renoir, les scènes de tournage (un making of avant l’heure), les souvenirs du cameraman, et d’autres membres de l’équipe, dont le  directeur de la cinémathèque française à Calcutta.