Alan Conway

Publié le 27 mars 2012 par Hunterjones
Il est né sous le nom de Eddie Alan Jablowski à Londres en 1934.
Dès l'âge de 13 ans, il est envoyé dans une maison de correction pour vol à l'étalage. Il vivra dans la duplicité du faussaire toute sa vie. Déjà, il s'invente de nouvelles identitées pour se rendre intéressant. Puisque son vrai nom de famille pourrait le suggérer, il s'invente une nationalité juive polonaise et une enfance en prison dans un camp de concentration nazi. Quand la vie réèlle lui échappe, il s'accroche à une nouvelle vie, 100% fabriquée.
Adulte, il se marie et avec sa femme et devient agent de voyages. Ensemble ils lancent une agence de voyage privée. Il est toutefois beaucoup plus attiré par les hommes. L'agent de voyage marié porte un nouveau masque. Dans les années 80, il quitte sa femme, s'avouant gai, et part vivre avec son amant. Toutefois ce dernier meurt dans les premières vagues de cette nouvelle maladie mortellement émergeante: le SIDA.  En parrallèle, les affaires de l'entreprise qu'il possédait avec sa femme s'effondrent et ils doivent déclarer faillitte. Jablowski sombre dans l'alcoolisme. Il adopte son second prénom, Alan, et se dit qu'il doit se trouver un chemin, frauduleux si il faut, pour s'en sortir. "I must think of a con". Conway (voie de la duperie) s'impose comme faux nom de famille.
Conway veut alors chasser son mal en baisant le plus de jeunes hommes possible. Toutefois il ne se fait plus tout à fait jeune lui-même, il a 56 ans. Il pense alors a une histoire qu'il n'aurait pas à inventer complètement. Incarner un célèbre hermite.

Ça tombe bien, Il habite l'Angleterre, il a à peu près son âge et sans la barbe, il pourrait effectivement lui ressembler; il a choisi son dernier rôle: Stanley Kubrick.
Kubrick a fait parler de lui il y a 3 ans avec son film Full Metal Jacket. Mais avant ce film, 7 ans étaient passées sans film de Kubrick. Et avant celui-là, 5 autres années. Mais surtout, depuis son premier film en Angleterre, tourné 4 ans auparavant, Kubrick vit en total hermite. Il ne fréquente personne. Uniquement un cercle restreint d'intimes. Surtout pas les journalistes. Surtout pas le public. Comme si il se cachait de quelque chose. Kubrick, peu de gens ne peuvent réèllement dire à quoi il ressemble depuis 18 ans. Les critères sont tout en place pour Conway.
Kubrick est réalisateur de films. C'est un cadeau du ciel pour Conway qui profite de ce statut pour incarner le réalisateur et faire passer des auditions...à des jeunes hommes...Faisant miroiter des promesses à de jeunes acteurs qu'il trouve appétissants, le faux Kubrick se livre à des jeux sexuels avec plusieurs d'entre eux avec succès. Il dine avec plusieurs producteurs-en-devenir voulant parler projets avec lui et les fait payer pour les repas et les séjours à l'hôtel. Une vie de parfait parasite est sur les rails.
Puisque les dernières images connues de Kubrick le montre barbu, il est facile pour Conway, rasé, de jouer l'imposteur. Même les journalistes sont leurrés. Le respecté critique du New York Times Frank Rich reçoit Conway à sa table de manière impromptue au Joe Allen's Restaurant et est si impressionné par sa rencontre qu'il dit à tout le monde qu'il est tout à fait étonné de l'homosexualité, jamais exposée auparavant, de Kubrick. En voulant prendre un rendez-vous officiel auprès de son agent pour une réèlle entrevue officielle, Rich et ses assistants apprennent de la compagnie Warner Brothers qu'il s'agit probablement d'un imposteur. Warner Brothers est au courant qu'un homme est peut-être en train de jouer l'imposteur en utilisant l'identité de Kubrick mais n'ont jamais été en mesure de l'identifier.
Les avocats de Kubrick sont vite mis au courant et Kubrick lui-même s'en amuse beaucoup. Sa femme, moins. Elle est même horrifiée par cet homme dont elle a peur.
Vers 1996-1997, l'un des assistants de Kubrick, Anthony Frewin, choisit d'enquêter lui-même et de pourchasser Conway/Jabloswki. Il le trouve, le confronte et le fait avouer. Le travail de Frewin deviendra le scénario du film Color Me Kubrick
Conway/Jabloswki meurt en 1998 d'une embolie cardiaque. Il avait 64 ans.
Le vrai Stanley Kubrick meurt quelques mois après, en mars 1999.
David-Alexandre Desprès, mieux connu pour avoir joué le chum soumis à sa copine dans les publicités d'une station service si intéressante qu'elle ferait oublier l'essentiel de nos missions une fois sur place; et Christine Beaulieu, mieux connue pour avoir joué la copine légèrement hystérique qui nous parle de sa caisse populaire et fait valider son copain, Nico, jusqu'à ce qu'il la déjoue en la contradisant gentiment, jouent tous deux dans la pièce La Mort de Stanley Kubrick présentée au Théâtre La Chapelle jusqu'au 31 mars.

Une pièce de théâtre inspirée de tout ce que je viens de vous raconter et écrite et jouée par le comédien David-Alexandre Desprès qui y interprète Alex (inspiré du prénom du personnage principal d'A Clock Work Orange de Kubrick) DeLarge (inspiré...de la pizza qu'il s'est commandé en écrivant la pièce?...).
C'est drôle que Kubrick revienne ainsi dans l'actualité chez nous alors qu'en janvier je vous suggérais une année Kubrick moi-même.