Soupe écossaise (mélo fourre-tout et poétique)

Par Borokoff

A propos de Perfect Sense de David MacKenzie 1 out of 5 stars

Eva Green

Alors qu’un mystérieux virus décime un à un les sens de plusieurs milliers d’êtres humains dans le monde, les rendant violents et agressifs, un chef cuisinier (Ewan McGregor) et une chercheuse en épistémologie (Eva Green) tombent amoureux l’un de l’autre à Glasgow…

Difficile de ne pas trouver Perfect sense agaçant. Dans un langage culinaire, on dirait qu’il s’agit d’une soupe. Une belle soupe, mais une soupe quand même qui mélange fantastique et sentimentalisme kitsch (« niaiseux » comme disent les Québécois). Face à la multiplication des foyers d’infection, aucun scientifique (pas même notre belle épistémologue) ne parvient à trouver l’origine de la perte des sens des malades, qui subissent en plus de furieux et mystérieux accès de dépression (scène un peu ridicule ou le cuistot et la chercheuse pleurent en même temps au lit).

Ah oui, au fait, ils sont tous les deux contaminés. Qu’à cela ne tienne, Perfect sense propose, par le biais d’une voix off omniprésente, de développer d’autres sens. Si nous avons perdu l’odorat, alors attachons nous davantage à écouter et à voir, etc…

L’intention pourrait être louable, l’élan généreux si Perfect sense ne faisait pas preuve d’une poésie aussi lourdingue et maladroite, un lyrisme à l’eau de rose très vite horripilant et plus grave, à la limite du moralisme. Car l’effet de la voix-off (encore elle), censée trouver des solutions aux maux et à l’impasse dans laquelle se retrouve l’humanité (métaphore de la crise ?), se retourne contre elle. A force de l’entendre, on a l’impression de lire 1984 d’Orwell ou de regarder 2001, l’Odyssée de l’espace de Kubrick. Mais pas du tout d’être dans un univers lyrique et planant.

C’est dommage que des acteurs aussi bons qu’Ewan McGregor (capable ces derniers temps du pire, avec I love you Phillip Morris comme du meilleur avec Ghostwritter) ou Eva Green (Casino Royale) se fourvoient dans des projets, on dirait plutôt des produits aussi fourre-tout et indigents.

Perfect sense abonde dans son montage de clichés, de visions stéréotypées sur les peuples (en Inde, en France, et dans des pays d’Afrique) ou de photos d’amateurs qui sont autant d’images d’Epinal du bonheur.

S’il fallait retenir une chose de positive dans ce film démago, en plus du jeu irréprochable des acteurs, ce serait le scénario, construit comme un rêve, et qui permet à la mise en scène d’être un temps très déliée avant de se voir plombée par des longueurs sentimentales et d’interminables scènes de la vie intime du couple.

Quant à la voix-off, bref, elle finit carrément par irriter…

http://www.youtube.com/watch?v=kMKF8ZKgd8o

Film britannique de David Mackenzie avec Eva Green, Ewan McGregor, Ewen Bremmer, Connie Nielsen (01 h 32).

Scénario de Kim Fupz Aakeson : 2 out of 5 stars

Mise en scène : 1 out of 5 stars

Acteurs : 3 out of 5 stars

Dialogues : 1 out of 5 stars

Compositions de Max Richter : 1.5 out of 5 stars