[note de lecture] Revue "Diérèse", n°55, par Alain Helissen

Par Florence Trocmé

« Commencements », porte en titre cette 55ième livraison de Diérèse, un titre qui, précisons-le, n’a pas valeur thématique. Comme à chacune des volumineuses publications de Diérèse, je ne sais par où commencer, tant la matière abonde, illustrant au besoin l’extraordinaire vitalité de la création poétique contemporaine, malgré sa diffusion quasi clandestine. Mais commençons. L’un des mérites de Diérèse est d’offrir aux poètes un large espace dépassant celui habituellement concédé par ses consoeurs, il est vrai moins « épaisses ». Ainsi, Dominique Sampierro bénéficie-t-il de près de 40 pages, l’équivalent d’un petit recueil, pour s’enfoncer « trois cent soixante-cinq nuits sur la table de nuit. » Isabelle Lévesque lui emboîte ses vers. Elle est, depuis quelques livraisons, l’une des chevilles ouvrières de Diérèse (cf. le N°52/53 sur Thierry Metz), présentant, outre son propre travail poétique, des poètes, comme ici Hélène Mohone, Fabio Scotto, Jean-Marc Undriener. Elle chronique également les derniers recueils paru dans la rubrique « bonnes feuilles. » À découvrir, les « suites printanières » de Raymond Bozier, à défaut d’avoir eu le privilège de les entendre sur fond des « quatre saisons de Vivaldi » lors du festival international de Trois Rivières (Québec) en 2010. Et puis Claude Dehêtre qu’on a peu l’occasion de lire en dehors de La grappe, revue qu’il dirige depuis de nombreuses années. Autre animateur de revue, Jean-Pierre Lesieur rend hommage à Michel Héroult, disparu récemment. Il fut lui-même revuiste (La Tour de Feu, La Nouvelle Tour de feu, Le Soleil des Loups…). Jacques Coly revient longuement sur la contre-culture, à travers quelques figures emblématiques de la Beat Generation. Il revisite ainsi « les textes qui ont marqué en France la décennie 1965-1975. » Dans le sillage des américains (Ginsberg, Kerouac, Snyder, Burroughs…) des poètes français se signalent en publiant quelques ouvrages devenus des références, tels « De la déception pure, manifeste froid » (Bailly, Sautreau, Buin, Velter), « Tatouages mentholés et cartouches d’aube » (Pélieu), « Manifeste électrique aux paupières de Jupes » (Bulteau, Messagier, entre autres), « Oiseaux mohicans / Kilroy was here » (Biga). J’arrête là, en espérant bien que vous continuerez la visite. Il y a 270 pages et des passages de frontières. 
 
[Alain Helissen] 
 
Diérèse, N°55 ; 8, Avenue Hoche 77330 Ozoir-la-Ferrière ; 270 pages ; 12 €.