Géopolitique et construction automobile : PSA suspend l’exportation des pièces détachées en Iran

Publié le 02 avril 2012 par Damienamselem

Globalisation oblige : Il arrive que les questions de géopolitique aient des répercussions dans l’économie nationale, c’est précisément ce qui est en train de se passer avec l’usine PSA de Vesoul, dont 220 salariés subiraient déjà les conséquences des sanctions internationales prises à l’encontre de l’Iran.

Pièces détachées à destination de l’Iran

Le porte-parole de l’usine annonçait en effet le 14 mars dernier la mise en chômage partiel de 220 des 280 salariés d’un atelier dont la majeure partie de la production concernait l’exportation de pièces détachées à destination de l’Iran (pour les 405 et les 206). Il est question aussi d’un possible redéploiement des salariés vers d’autres ateliers. Pour le responsable FO du site en question qui emploie en totalité 4930 salariés dont 600 intérimaires (soit 15% de l’effectif), les explications communiquées restent cependant trop floues, et les salariés souhaiteraient bénéficier de plus d’informations.

Partenariat avec Iran Khodro

En Iran on rappellera que PSA Peugeot Citroën collabore avec Iran Khodro (une société publique Iranienne) qui assemble de nombreux modèles Peugeot sous licence. Iran Khodro produirait près d’un million de véhicules par an (tous types et marques confondus) ; ce qui le place parmi les vingt premiers constructeurs automobiles au monde.

Le partenariat avec PSA repose sur l’importation de pièces détachées pour un assemblage local des modèles (281000 véhicules produits en 2004 pour Peugeot), à noter qu’Iran Khodro produit aussi pour Renault (Logan) via Renault Pars, détenu à 51 % par Renault, et à 49 % par un consortium (AIDCO) regroupant notamment Iran Khodro et Saipa, l’autre grande entreprise Iranienne, ancienne filiale iranienne de Citroën nationalisée dans les années 70  et qui par ailleurs 51% des parts d’Iran Khodro. Saipa produit là encore pour plusieurs constructeurs dont Citroën.

Explication avancée : les garanties bancaires

L’une des explications avancées par la direction, serait la conséquence de sanctions internationales privant PSA de garanties de financement : Les banques Européennes ne souhaitant plus travailler avec leurs homologues Iraniennes, feraient peser un risque de paiement. Certaines mauvaises langues incrimineraient cependant le récent rapprochement entre PSA et General Motors. Ainsi le quotidien Le Monde, dans un article du 28 mars faisait ainsi référence au lobbying d’United Against Nuclear Iran qui aurait interpellé le groupe américain dans le but d’inciter PSA, à rompre ses relations commerciales avec l’Iran.

Toujours est-il que l’opération présente des enjeux importants pour PSA : L’Iran Kohdro représenterait un cinquième de ses ventes mondiales en volume, deuxième marché en 2011 derrière la France avec 458 000 véhicules et jusqu’à 2% des recettes mondiales du groupe.

Une bonne nouvelle

Néanmoins, il est difficile pour l’instant d’estimer le risque économique pour Peugeot, Non seulement en Iran on produit déjà une bonne partie des pièces détachées nécessaires à l’assemblage, mais on étudie la possibilité de produire les pièces jusqu’ici importées de France. De plus, le PDG d’Iran Khodro, Javad Najmeddin, aurait déjà déclaré que selon lui les sanctions n’auraient pas de conséquences sur le partenariat avec PSA. C’est probablement aussi dans cette perspective qu’il faut comprendre la perplexité des salariés de Vesoul mis en chômage partiel…