La poursuite du bonheur (2010) de Douglas Kennedy

Publié le 09 avril 2012 par Flow

S'ouvre aujourd'hui sur Critik A Gogo un nouveau chapitre. Je suis fier d'accueillir à mes côtés, mon frère (ah le népotisme sur la blogosphère ;), surnommé Le Vagabond. Il vous parlera de son domaine de prédilection: la littérature.

Il est encore jeune et débute mais je le trouve prometteur. Et puis cela permet plus de diversité sur le blog en vous parlant de choses dans lesquelles je suis loin d'exceller! Il ouvre le bal avec un de ses auteurs fétiches: Douglas Kennedy (dont on a fait connaissance l'an passé avec l'adaptation d'un de ses gros succès:  L'homme qui voulait vire sa vie).

La poursuite du bonheur, Douglas Kennedy, 2010.

Le roman débute à notre époque, le jour de l’enterrement de la mère de Kate. On avance et on en apprend plus sur elle. Elle à un fils, est divorcée, son mari l’a quittée pour une autre femme. Mais elle a connu le vrai amour de sa vie des années plus tôt, un homme marié qui fut aussi une grande déception. Puis elle fait la connaissance d’une autre femme, qui veut absolument lui parler. Kate finit par accepter, et on change de narratrice. C’est Sara qui raconte sa vie, surtout son passage à la vie adulte jusqu’à sa trentaine. On découvre une toute autre époque, une toute autre mentalité. Et surtout Sara raconte l’histoire des parents de Kate...

L’auteur ne nous déçoit pas. Comme à son habitude, il arrive à nous faire facilement prendre pied dans son histoire. Les personnages sont attachants, et pas seulement l’héroïne Sara. Son frère Éric pour son humour et l’amour qu’il porte à sa sœur, la mère de Kate pour son courage (Dorothy), l’avocat Joël Eberts pour sa générosité et Meg la sœur de Jack pour son cynisme constituent autant de portraits passionnants.

Ce livre pend place aux États-Unis, à deux époques différentes, durant la folie de la chasse aux sorcières menées par MacArthy contre le communisme, et l’autre dans l’Amérique d’aujourd’hui, ce qui permet de montrer les déviances de la première, l’évolution entre les deux, et aussi les changements de vision sur certains points comme l’adultère, les familles décomposées, et le statut de la femme.

Dans cette œuvre, l’auteur américain réalise parfaitement une chose complexe. Il arrive à se mettre dans la peau de deux femmes et de livrer leurs impressions, leurs sentiments, comme s'il avait vécu ce qu’elles vivent, chacune à leur époque. Sara était en avance sur son temps, où la plupart des femmes ne vivaient que par le mariage et un futur de mère au foyer. D’ailleurs la jeune femme est à deux doigts de se retrouver emprisonnée dans ce schéma social à un moment du récit. Mais elle a depuis le début revendiqué son désir d’indépendance. Kate, elle, est dans la même situation que nombre de femmes d'aujourd’hui: être une mère célibataire qui doit concilier l’éducation de son fils et son travail.

Elle est en quelque sorte le double de sa mère, mais elles sont complètement différentes de part l’époque où elles ont vécu. Je ne peux vous en dire plus, sinon je briserais le suspense.

Kennedy nous faire vivre les souffrances de ses personnages, sans en rajouter, sans complaisance, et arrive à nous émouvoir (jusqu’au larme pour ma part) à plusieurs passages cruciaux du roman.

Dans ses œuvres, l’auteur américain met toujours ses personnages devant un événement qui va faire basculer toute leur vie, et l’intrigue prend forme autour de leur réaction, leur façon de faire face à ces évènements. Ici, il change un peu sa façon de faire, et nous montre l’importance de certains choix que l’on doit faire face à une situation, et la façon dont ces choix vont faire basculer nos vies. Il prend en quelque sorte les choses dans le sens inverse. Mais, il n’y pas une définition enfantine du bien et du mal, un choix bon, ou un choix mauvais. L’écrivain montre toutes les composantes d’un choix, tout ce qui peut faire basculer d’un côté comme de l’autre. Le choix d'Éric et le choix de Jack face à la demande de noms du FBI est totalement opposée, mais Kennedy ne dit pas qu’il y en avait un juste et l’autre non. Au final pour les deux personnages, ce choix entraînera la mort. Il développe juste l’idée que tout homme doit faire des choix, que personne ne peut y échapper.

L’auteur associe à cela, un développement sur le pardon, l’importance du pardon accordé, (mise en place par jack qui peut mourir en paix après avoir obtenu le pardon de Sara) mais aussi par d’autre couple de personnages, comme Dorothy qui pardonne à Sara, ou encore Kate à son frère. On remarque l’importance du pardon, mais l’auteur montre aussi qu’il y a différentes façons de faire, qu’il peut être accordé de façon symbolique, pas forcément par des mots.

On retrouve bien sûr des caractéristiques propres à Douglas Kennedy, comme sa façon perfectionniste de nous faire découvrir un milieu professionnel avec précision, des villes, et une époque; sa façon de lier les comportements des gens avec leur origine raciale, géographique et religieuse; et l’idée que par moment il faut faire des pauses dans sa vie, s’éloigner de tout ce que l’on connaît, ou plus radicalement de changer de vie, comme le fait Sara en partant à Paris, ce qui n’est pas sans rappeler Quitter le monde, autre roman exceptionnel de Kennedy.

Encore un chef d'œuvre de travail, de narration et de sensibilité pour D. Kennedy, à lire sans hésitation!

Note: