G comme gourmandise

Par Kaeru @Kaeru

Gourmandise, d'après Larousse.fr : nom féminin. Caractère, défaut du gourmand.
Gourmand : Qui est amateur, friand de quelque chose. Qui est avide, passionné de quelque chose.
Si le plaisir de manger est décuplé lorsqu'il est partagé avec ceux qu'on aime, autour d'une table joliment dressée, avec des mets préparés avec soin et attention, il existe aussi un plaisir solitaire. Un plaisir de gourmand.
Lorsque je voyage en train, je me prépare toujours un bento.
J'aime le déguster, tranquillement, les yeux rivés sur le paysage ou sur les pages d'un livre. Les oreilles baignées de musique ou alors tendus à l'affût des paroles d'un livre audio en anglais. Je suis coupée du monde, des autres passagers. Mon espace se définit par un accoudoir, une tablette, je profite du repas pour songer au séjour à venir ou au séjour passé. Songer à ceux que je quittent, ceux que je retrouvent.
Un instant paisible. Avec les baguettes, le roulis du wagon oblige à plus d'attention. Plus de patience. Ainsi, le temps s'étire et passe agréablement, sans l'attente agacé et l'envie dévorante d'être enfin arrivé à destination.
Souvent, quand je sens la faim poindre, je l'ignore un peu. Quand elle est bien là, tenace, logée au creux du ventre, je pose mon bento. Un joli sac ou un furoshiki noué.


D'abord, sortir une petite bouteille d'eau pétillante, les baguettes et une serviette. Parfois, une clémentine ou un biscuit en guise de dessert. Et puis, j'ôte le couvercle avec soin.
Autour de moi, plus rien n'existe.
Ni les bruits des enfants qui piaillent, qui l'impoli accroché à son téléphone mobile, ni le casque audio ouvert qui déverse son mauvais son comme on vomit des insultes. J'ignore les regards surpris ou curieux. Voilà des années que je me prépare des bento pour les voyages. Depuis, ces boites japonaises sont devenus à la mode. Pour moi, elles sont juste indispensables et pratiques.
Doucement, je pioche ma pitance.
En général, une base de riz accompagné de poisson ou de viande. Et puis, un peu de crudités et parfois une salade de fruits. Si je pars de la maison, mon bento est plus élaboré puisque j'ai dans mes placards tout les ingrédients nécessaires. Souvent, quand je reviens de chez mes parents qui vivent sur la Côte d'Azur, mes bento sont plus occidentaux, comme sur ces photos.
 



Il me faut une bonne demi-heure, parfois même une heure entière pour déguster le contenu des deux étages bien remplis. Je mange toujours lentement.
Encore plus quand je voyage.
 Je lis quelques pages, observe le ciel changeant et les nuages qui courent à la fenêtre. J'écoute ce morceau de piano que j'aime tant. Encore une fois. Le temps s'étire et se rétracte au rythme des baguettes que je porte à mes lèvres. Une fois le repas achevé, je fais un brin de ménage.
J'essuie le bois avec un mouchoir en papier puis je nettoie le fond du bento. Je range tout dans son petit sac. Repus, je reprend ma lecture, un peu somnolente.

A l'arrivée, quand on me demandera si le voyage c'est bien passé, j'oublierai les petits désagréments pour songer au sympathique repas bien au chaud dans mon estomac.Copyright : Marianne Ciaudo