Le système judiciaire américain est-il plus juste que le système judiciaire Français ?

Par Jacquesh

 

Souvenez de ce qu’avait déclaré Eva Joly au moment de l’affaire DSK… Celle qui fut autrefois l’un des magistrats les plus puissant de France. Elle affirmait au lendemain de l’affaire DSK, que le ministère public, dans le système judiciaire américain, n’instruisait qu’à charge, contrairement au ministère public en France qui instruit à charge et à décharge.

Il aura suffit de quelques semaines pour que sa remarque soit parfaitement infirmé. Le ministère public américain ayant choisi de libérer Strauss Kahn sur la base d’une enquête effectuée par ses propres services,ayant fait apparaître des doutes sur la crédibilité du témoin.

Pourquoi donc Madame Eva Joly a t-elle tenu de tels propos ? Par corporatisme chauvin sans doute.

Parce que, lorsque vous avez eu affaire à la justice française en temps que citoyen lambda, vous savez que la remarque d’Eva Joly n’est pas juste.

Vous savez que le ministère public en France enquête souvent à charge… des petite gens, et à décharge des puissants (Ne demande t-il pas une annulation des poursuites à l’encontre de TOTAL dans l’affaire de l’ERIKA ? )

Oui, tel est la différence entre la France, et les Etats-Unis : un système judicaire à deux vitesse qui protège les puissants et condamne les petits. C’est d’ailleurs pour cela qu' une bonne partie de la classe politique française c’est émue de voir l’un des leurs menotté sur les écrans de télévisions du monde entier lors de l'arrestation de DSK...

Si les images de DSK, présenté devant la justice comme un citoyen lambda ont tant choquées la classe politique française, c’est qu’en France un puissant n’est jamais traité comme un citoyen lambda justement.

Si les images ont choqué nos hommes politiques, c’est qu’elles ont brisé un tabou. Chacun de ces puissants a pu s’identifier. C’est le principe psychologique du transfert. Ces hommes politiques qui ont souvent eu affaire à la justice, mais qui s’en sont souvent tirés à bon compte, se sont vus à la place de Dominique Strauss Kahn, mal rasés, chemise sale, menottés et présenté à un juge comme un citoyen ordinaire.Inadmissible ! s'écriait Jacques Lang, outragé.

Or qu’en est-t-il concrètement en France si quelqu’un porte plainte pour tentative de viol contre vous ?Et bien, il suffira dans un premier temps d’une seule accusation pour vous envoyer en garde à vue. Sur la base d'un seul témoignage, vous vous retrouvez en cellule, fouillé jusque dans vos parties intimes et menotté. Et après 48 heures de garde à vue dans un commissariat où vous êtes généralement traité comme un coupable, vous serez transféré au « dépôt ». On peut vous y garder 24 heures de plus.Et vous êtes présenté sans avoir dormi, sale, mal rasé, à un procureur qui a tout le loisir de vous envoyer directement devant un juge. Est-ce vraiment différent ? Non, c’est ce système français qui envoie chaque année des innocents en prison, souvent des gens pas très instruits, dont personne ne parle, sauf bien sûr lorsque la presse se saisi de l’affaire… souvent des années trop tard.

Oui, Monsieur Strauss Kahn est apparu sur les écrans de télévisions du monde entier menotté. Mais un tel traitement, avec pour conséquence, un procès ultra médiatisé et donc obligatoirement équitable, ne vaut-il pas mieux qu’une discrète condamnation qui vous envoie dans une prison française pendant huit ans sans que personne ne s’en émeuve ?

N’est ce pas cela justement l'assurance d'avoir un procès juste et équitable ? Un procès filmé et médiatisé ?

Car, Monsieur Strauss Kahn, si tant est qu’il soit innocent, rappelons-le, a tout de même eu un rapport sexuel avec la femme de ménage de cet hôtel, cela est confirmé par les prélèvement ADN. Et celle-ci a porté plainte pour tentative de viol… après que des accusations de la même nature aient été portées contre ce monsieur…il y a des années. Quel traitement réserverait-on à un citoyen lambda dans une telle situation ?Ne prendrait-on pas son cas au sérieux ?

Mais revenons à nos innocents. Combien d’hommes politiques se sont scandalisés de ces inconnus dont la vie à été brisée par des procureurs zélés qui n’ont instruit leur affaire qu’à charge en France ? Et combien de Bernard Henry Levy se sont fait leur porte parole  ? Je serais curieux de savoir ce que pense ces innocents qui ont passé huit ans de leur vie en prison quand ils entendent Madame Eva Joly déclarer à la télévision qu’en France on instruit à charge et à décharge — contrairement à ce qui se passe aux Etats-Unis.

Oui, les Etats-Unis sont un pays de droit, où même les puissants peuvent être condamnés à perpétuité et sa choque les français. Madoff en sait quelque chose. Et peut être serait-il intéressant de se demander justement, ce qu’il serait advenu d’un cas Madoff en France ? S’il n’aurait pas suivi de même chemin judiciaire qu’un autre Bernard Tapie à qui Nicolas Sarkozy a accordé 250 millions d’euros, sans doute en dédommagement de l’année de prison qu’il a purgé.

Oui, ce qu’a mit en lumière l’affaire Strauss Kahn, ce n’est pas la différence entre deux systèmes judiciaires, l’un américain et l’autre français, comme le prétendait Eva Joly et d’autres commentateurs mal intentionnés ou stupides. C’est l’existence de deux « systèmes judiciaires » dans notre pays. L’un réservé à une élite, et l’autre aux pauvres.