Drive, l'imposture cinématographique

Par Jacquesh

Jean Luc Toutlemonde contribue aussi au célèbre blog "Cult&Alien" (http://cultandalien.blogs.nouvelobs.com) le blog des inconnus totalement cultes qui "ne s’intéresse pas seulement aux inconnus totalement cultes, mais aussi aux œuvres connues totalement connes"...

Bref, Jean Luc toutlemonde a été voir Drive et voilà ce qu'il en pense :

Comme disait George Cukor, un célèbre réalisateur américain responsable de très nombreux mauvais films  « Le cinéma, c’est comme l’amour, quand c’est bien, c’est formidable, quand c’est pas bien, c’est pas mal quand même.» Ce paradoxe cinématographique s’applique à merveille à Drive, à ceci près qu’ici le film est un véritable navet, et que personne ne semble l’avoir remarqué. (Le film est constellé d’étoiles sur Allociné, et les critiques qui semblent avoir hallocinés ont plongé unanimement dans l’éloge comme les mouches dans de la merde.) C'est dit.

 Je dirais pour ma part que je n’avais jamais réussi à ne pas m’ennuyer devant un mauvais film, et depuis Drive, c’est chose faite.

 Alors, qu’est ce qu’il y a de bien dans ce vrai faux bon film  ?

 Film en toc composé d'emprunts à des films déjà vus... et mieux (On pense a l'excellent Collision (Crash) pour l'ambiance, et au scénar de Running scared) mais aussi et surtout navet exhibant dialogues affligeants, jeu d’acteur frisant la parodie — les deux acteurs principaux sont cela dit assez justes dans la mesure où ils ne disent jamais rien.

La musique est, comment dire ? Un sous produit de ce qui se fait de bien dans le genre. « De la musique de supermarché remixée par des grosses tapettes » comme dirait François Damiens dans l’excellent Dikkenek (film au demeurant descendu par la critique française). Comme une chanteuse du fin fond de l’Amérique qui serait persuadée qu’elle a inventé un truc alors qu’elle pastiche sans le savoir ce qui existe déjà.

Mais revenons sur la comparaison avec Running Scared, film dont Tarantino avait dit tant de bien. Intéressant de constater que Drive a pompé grosso modo sa structure sur l’excellent Runing Scared. Même profile de bon voyou, qui voit sa femme et son fils  impliqué dans ses affaires et au centre d’un règlement de compte avec la mafia. Une balle de 9 mm jouant dans les deux cas le rôle de lien… Le scorpion sur le blouson du driver faisant écho au tatouage de John Wayne sur le dos de Oleg, le mafieux russe de Runing Scared. À la fin de ces deux films, nos deux héros sont tous les deux touchés à l’abdomen, sur le point de mourir au volant de leur voiture de sport, après avoir sauvé une mère éseulée avec un enfant à charge… Dans Drive cependant, comme le public aime bien les happy-end, on lui en sert une : Notre beau héros ouvre les yeux — après avoir fait "comme s’il était mort", et tourne la clé dans le contact. La voiture redémarre et la vie aussi… La vraie cette fois, avec l'amour ! Et voilà, c’est la fin. Toute la nullité du film est résumé dans cette scène. Plus plouc tu meure.

Ce qu’il y a de bien donc, histoire de ne pas en dire que du mal, et d'essayer de comprendre pourquoi tous les ploucs ont tant aimé : c’est les plans de L.A by night, et la lumière. Chapeau donc au directeur de la photo. Ainsi que ces nappes musicales "suspense" ou "angoisse" surabondantes  qui nous gardent dans le film là où nous aurions du quitter la salle depuis longtemps.

Et ce qu'il y a de vraiment nulle, histoire d'en remettre une couche : (À classer dans l’anthologie du navet cinématographique)  : ces scènes de violence digne de Bugsy Malone. Par exemple,  le moment ou l’un des maffieux sort son rasoir et coupe le dessus du bras — a travers un blouson— du patron du garage. Le sang jaillissant comme s’il était atteint à la carotide… C’est sûr, le père du réalisateur n'a jamais suivi de cours d'anatomie. Ni de réalisation, en fait.

En résumé, Drive c’est un titre prétentieux, qui n’est pas sans faire écho au Somewhere de Sofia Coppola, pour un film qui ne va nulle part.

On peut néanmoins saluer la prouesse d'avoir fait plonger la critique unanime dans le filet de la congratulation moutonnière.