Le Cimetière des Elephant-Women

Publié le 14 mars 2008 par Jacques Chirac

Mes Chers Compatriotes,

Vous avez tous été - comme moi - émus par le cas de C.S... atteinte d'un tumeur défigurante qui lui fait souffrir le martyre et qui a demandé au Président-Gigot de "l'autoriser à mourir dignement". C'est bizarre… toute la législation considère que votre vie vous appartient (votre courrier, vos SMS, votre image dans Gala avec un mannequin aphone, tout !). Mais votre mort, non. Vous êtes priés d'en baver des roues de charrette avant d'aller jouer aux boules avec Carlos et Henri Salvador. Ça vous apprendra à foutre le souk dans déséquilibrer les comptes de la Sécurité Sociale. Je vous cite les réponses reçues à cette heure :

L'Élysée : "Il faut déterminer si toutes les options de la médecine ont été tentées". Ben tiens ! Quand vous avez une pathologie de ce genre, vous vous faites soigner par des rebouteux et autres rigolos, en attendant que le médecin de l'Élysée vienne vous voir. Ça rassure…

Nicolas Sarkozy (février 2007) : "Il y a des limites à la souffrance qu'on impose à un être humain". Quelqu'un se charge d'appeler l'Élysée pour le lui rappeler ?

Ségolène Royal : …. (comme d'hab).

Rachida Dati : "C'est une situation douloureuse, mais contraire au droit français .../… La médecine est là pour sauver la vie". Sauvons, sauvons… et vite, ça arrangerait C.S... Elle aurait eu un diplôme douteux de plus Rachi ? Médecine ou imposition des mains ? Je lui rappelle que l'expression "situation douloureuse" est en général employée par les prêtres comme synonyme de "la situation est désespérée, mais qu'est-ce que vous voulez que ça me foute".

Christine Boutin : "Une instrumentalisation de la détresse …/…elle n'est pas suffisamment entourée de médecins …/… nous allons vers une société barbare". Voir le paragraphe ci-dessus et traduire "elle est trop nouille pour avoir de bons médecins, bien fait pour elle". C'est très catho, ça. Les pauvres ne méritent pas d'avoir de l'argent, et si vous avez un problème c'est que vous l'avez bien mérité, allez vite vous confesser. Ça ne s'arrange pas vraiment chez les enfants de Boutin… Sont-ils suffisamment entourés de crétins barbares ? Christine a changé de coiffure, mais c'est à l'étage en dessous qu'il aurait fallu faire des travaux.

François Fillon : "une affaire qui touche les limites de l'intime". Aaaaah, ça ! Quand on souffre jour et nuit jusqu'au fond des os et dans des endroits dont on ignorait jusque là l'existence, c'est assez intime. On hurle à l'intérieur, mais - curieusement - personne n'entend à l'extérieur. Tu peux crever, mais tout(e) seul(e) et sans bruit. Le chef du gouvernement a exhorté les Français à "mûrir cette question". Partir c'est mûrir un peu… "Il faut avoir la modestie de reconnaître que la société ne peut pas répondre à toutes ces questions". Quelle modestie ! Traduire : "m'en fous, c'est pas moi qui déguste". Il a proposé "une hospitalisation avec une mise dans un coma artificiel sans nourriture ni eau, jusqu'à la mort". Super ! On sait bien que ne pas s'alimenter c'est d'un confort extrême. Et puis, pendant ce temps-là, elle ne fera chier n'interpellera personne. Je propose plutôt : Soupe aux truffes noires, Gratin de queues d'écrevisses à la Fernand Point, Poulet de Bresse à la crème et aux morilles, Saint Marcellin, Gratin de fruits rouges, Saint Honoré, café, chariot de digestifs… piquouze et gros dodo. C'est pas plus gai, ça ?

Bien à vous,

Jacques

P.S. personnel (pour une fois) : Bon voyage, Chantal. On se voit bientôt ? Bisous.