Le vieil homme qui n'écrivait plus - Sokal

Par Emmyne

À soixante-dix ans, Augustin Morel constata qu’il n’avait plus grand-chose à raconter… Alors, résigné, il fit ce qu’il s’était toujours refusé de faire : il s’en alla vers son passé…

- Casterman

Dommage. Un rendez-vous manqué. J'avais noté cette BD lors de ma visite de l'exposition lyonnaise Traits Résistants sur l'image de la Résistance dans la BD des années 40 à nos jours, le sujet et les planches présentées m'ayant rendue très curieuse. Trop certainement.

L'écrivain Augustin Morel a ecrit après-guerre un roman d'inspiration autobiographique intitulé Marianne racontant le maquis et son grand amour assassiné en 1944 comme tous les membres du réseau de résistance sauf luiLe récit se déroule en 1993. Ce roman va être adapté en film. La cinéaste choisit comme lieu de tournage le village où se sont déroulés les événements relatés dans le livre, où le drame en sommeil va se nouer parce que Augustin Morel revient sur les lieux cinquante ans plus tard.

C'est un récit double en témoignages : les dépositions devant un commissaire qui reviennent sur les jours d'installation de l'équipe de production, l'arrivée de l'écrivain, les réactions des villageois et les souvenirs des années 43-44 d'Augustin Morel.

Si le scénario n'a rien d'original, l'histoire aurait pu être puissante, troublante ou bouleversante. Mais l'impression de déjà-lu a été trop tenace. Tout comme l'impression de déjà-vu. Hélas, le trait, bien que fouillé, m'a laissée froide. Les personnages, aux visages durs, marqués, sont finalement peu expressifs, manquent de personnalité.

Il y avait pourtant matière pour cette chronique villageoise, cette population rurale à la fois excitée par le projet cinématographique qui sort le village de sa torpeur et perturbée de toute cette lumière sur l'histoire de leurs pères. Certes, le regard sur chacun est sans concession mais l'ensemble m'a paru terne. Je reconnais que j'attendais plus quant à l'écrivain, son chemin d'écriture face à son passé. La déconvenue vient de cette méprise. Alors, paradoxalement, ce sont les mots qui m'ont touchée dans cette BD, pas les images.

" ... La littérature, les bouquins...tout ça...on croit évacuer toute sa merde à bon compte sur du papier... mais c'est vraiment que de la littérature... [...] ... du roman dans un univers réel... la littérature, il faut qu'elle reste dans les livres, ailleurs, elle est insupportable [...] tous ces artistes... il ne faut pas qu'ils sortent de leurs bouquins ou de leur cinoche...voilà la vérité. "

Mais je n'en ai pas pour autant fini avec Benoît Sokal, j'espère découvrir bientôt Kraa. Et puis, je ne peux tout de même pas renier Canardo, un must du noir.

- avec Mango -

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