On était au meeting de François Hollande

Publié le 13 avril 2012 par Wtfru @romain_wtfru


Dix jours. C’est ce qui nous sépare de ce fameux premier tour à l’élection présidentielle. Et c’est sur ce décompte rond que François Hollande est venu délivrer sa parole à Clermont-Ferrand sur la place de Jaude. Evidemment, nous y étions, tranquillement, tout comme pour Jean-Luc Mélenchon il y a de ça cela un mois. De quoi comparer les deux styles.

Au vu du temps capricieux sur la capitale auvergnate ces derniers jours, il n’était pas certain que ce meeting en plein air du candidat socialiste soit un grand succès. Heureusement pour lui, la météo, bien que fraîche, a été assez clémente en cette fin d’après-midi. Y voir un signe de champion, comme on dit ?
Outre l’aspect météorologique, FH n’arrive pas forcément en terrain conquis. Il y a des adhérents, des sympathisants, des convaincus certes, mais également beaucoup de curieux. Et aussi des mécontents qui viennent faire entendre leur voix. Une pancarte marrante « Hollandréou » (sobriquet donné par JLM), une banderole contre l’incinérateur prévu à Clermont ou encore le collectif  « Sauvons les crèches parentales de Clermont-Ferrand ».
L’ambiance est assez calme, loin du folklore festivalier du Zénith il y a un mois. La sono crache des musiques lounges assez insignifiantes à mesure que la place s’entasse. Difficile de chiffrer clairement le nombre de zozos présents, le PS annonce 10.000 personnes, mais on peut franchement descendre d’un tiers.

Arrive alors Serge Godard, maître de cérémonie pour l’occasion, sur fond du jingle vocodé « Le Changement ». Speech simple et court pour le maire, clairement pas un spécialiste de l’exercice oral devant telle foule. Puis, c’est la surprise. Monsieur le Maire annonce la montée sur scène de Robert Hue, le barbu le plus célèbre du Parti Communiste. La fosse est quelque peu interloquée. Et oui, dans ce sprint final, on sort les grigris imprévus pour brasser le plus large possible (Nicolas Sarkozy sera épaulé par Claude Allègre dimanche…).
L’amitié connue de longue date entre les deux hommes explique aussi cette présence. C’est d’ailleurs par ce point que Robert Hue, lui aussi aminci, introduit son propos. Il est ici pour prouver que la seule force à gauche qui puisse parvenir au pouvoir, c’est celle du Parti Socialiste et que toutes les forces de gauche doivent s’unir pour battre la droite. Ou comment faire du pied au potentiel de vote de Jean-Luc Mélenchon. L’ancien numéro 1 du PC s’y connaît en discours enflammé et sait faire dans la phrase choc. Malheureusement pour lui/eux, le public proposé ce soir n’est pas un public de spécialistes, pas un public de grands politisés. Et on le verra que très bien d’ailleurs un peu plus tard quand le candidat entrera sur scène. Après cinq, dix minutes de discours, certains partiront, « contents » d’avoir vu la bête médiatique.
Et c’est là, la grande différence avec le meeting de Mélenchon (on compare ce qu’on a vu): quand le candidat du Front de Gauche peut compter sur une foule de fidèles et d’adhérents acquis à la cause de la « gauche de la gauche », le PS doit faire avec une majorité de gens qui se politisent seulement à l’élection présidentielle, suivant les grandes lignes imposées par les médias et le bilatéralisme droite/gauche.
Ceci dit, Hue arrive quand même à soulever les foules à la fin de son discours avec un coup classique « Nicolas Sarkozy sera licencié au soir du 6 mai et ce, sans indemnités ». Facile mais toujours efficace en ces temps.

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Puis c’est au tour de François Hollande d’entrer dans l’arène. L’attente aura été bien moins longue qu’au Zénith où il avait fallu patienter pas moins de deux heures avant que le présumé « troisième homme » prenne la parole. C’est moitié moins ce coup-ci, réglé comme du papier à lettre.
Pas de round d’observation, Hollande va à l’essentiel: il faut punir le Président actuel. Sincèrement, si on se la jouait Petit Journal et comptait les mots clés, le « candidat sortant » arriverait largement en tête, devant « changement ». L’ancien premier secrétaire du PS joue sur cette carte du changement, du vent nouveau. Et il le dit fort. On est pas forcé de soutenir le candidat socialiste, pas obligé d’être en accord avec ses idées mais force est de constater qu’il s’y tient et ne se cache pas. On ne pourra pas lui reprocher ceci.
Par contre, sur l’exercice oral, c’est une autre histoire. Le discours ne change pas d’un meeting à l’autre, alors on ressent quelques signes de lassitude et de redondance. Là aussi, c’est réglé comme du papier à lettre. Voix un peu cassée, beaucoup de bugs (on rassure ceux qui ont suivi en streaming, ça ne venait pas de votre connexion), pas d’envolées lyriques. C’est un peu la déception après le one-man show de Mélenchon. Il faut dire que le public ne suit pas toujours et se montre assez discret. Pas facile de se mettre à l’aise alors.
Cependant, l’homme se montre assez sûr de son fait, réussit à se montrer rassembleur, à se faire passer pour le futur du pays. Alors verre à moitié plein: il vaut mieux se montrer confiant pour donner envie de voter, de créer une dynamique irréversible. Verre à moitié vide: faut pas trop se voir arriver non plus quand même.
Le dernier quart d’heure est un peu plus animé, plus enlevé, Hollande est rentré dans son match. Enfin. Après la dureté, un peu de légèreté (toujours sérieuse), un peu d’humour. Et finalement le public répond présent. En fait, c’est comme ça que Hollande plait le plus, en candidat saucisson-pastis, loin du style austère qu’il essaie de se donner pour se créer une stature. Le naturel, les gars, le naturel!

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