Trip hop story

Publié le 14 avril 2012 par Laurent Gilot @metalincmag
Ce style typiquementbritannique est né à la fin des années 80 suite à de multiples mélangesd’influences comme la soul, le dub ou le jazz, le tout bercé de technologiehigh-tech et de sonorités électroniques. Aujourd’hui, il peut être considérécomme le son anglais le plus influent des années 90, capable de réconcilier lesgenres et les générations et dont l’influence à atteint toutes les sphèresmusicales.
Melting-PotsonoreD’un point de vue historique, onrattache communément les origines du trip hop aux versions instrumentalesissues des faces B des productions de hip hop des années 80. Les travaux surl’échantillonnage et la construction rythmique élaborés par des DJ’s commeGrandmaster Flash ou DJ Premier ouvrent alors la voie à de nouvelles formesd’expérimentations.
Le breakbeat, c'est-à-dire la rythmique spécifique au hip hop, va progressivementdevenir l’élément central de morceaux instrumentaux qui donneront naissance au trip hop.
Le genre se nourrit également detout un pan de la musique populaire de ces 40 dernières années :l’easy-listening ou lounge music (Scott Walker, Burt Bacharach, Erik Satie,...), l’ambient (Brian Eno, Can,...), la musique symphonique et, la musique de film(Michel Legrand, Henri Mancini,...), pour leur côté mélancolique et dramatique,le free jazz (Sun Ra, Miles Davis,...), le dub/ragga avec les expérimentationssonores de Lee Perry, du label On-U-Sound,…
En87, l’explosion de la house en Angleterre ouvre de nouvelles perspectives.Leduo Coldcut (Matt Black etJonathan More) compose les premiers titres entièrement basés sur des extraitsd’autres disques : “ Beats & Pieces ”, “ Say Kids, WhatTime Is It ”,... Ceux-ci seront le déclencheur de nombreuses vocationsavec la démocratisation de ces nouvelles technologies musicales.
En 1988, la vague acid-jazz(Galliano, Brand New Havies, le label Talkin’ Loud,...) réhabilite le funk desannées 70, les bandes-son de Lalo Schifrin et les grooves jazz. Destinéessentiellement aux clubs, le genre s’essouffle et disparaît progressivement,malgré quelques soubresauts début 90 (Ronnie Jordan, US 3, Jazzmatazz,...),laissant derrière lui le champ libre aux expérimentations à venir.
Bristol :berceau du trip hop Géographiquement parlant c’est àBristol que le trip hop voit le jour. Cette ville, située sur la côte ouestanglaise, dispose d’une scène spécifique bien loin des modes musicales de lacapitale londonienne.
En effet, la ville a une longuetradition multi-culturelle et une forte communauté caribéenne. En dehors descircuits classiques, une scène dub métissé s’est développer dans le quartier deSt Paul, la petite Jamaïque locale, et à travers plusieurs sound-systemstribaux.
Bristol compte également nombre declubs de jazz, de rap, de reggae, d’indie ... moins obsédés par la mode queceux de Londres, ce qui peut expliquer le caractère protéiforme de la musiquequi y est produite.
Si l’on considère que le premieralbum de trip hop est le “Blue Lines ” de Massive Attack sortie en 1991,il faut néanmoins remonter 4 années en arrière pour observer cette gestation.
Ainsi, dès 1987, le collectif rap“Wild Bunch” démarre son activité sur une scène bristolienne en pleineeffervescence. Outre le noyau dur de Massive Attack (Robert Del Naja alias 3D,Grant Marshall alias Daddy G et Andrew Vowles alias Mushroom), ce regroupementartistique comptait à l’origine des personnalités comme Tricky, Nicolette,Neneh Cherry et Nellee Hooper.
Pour l’anecdote, au moment del’enregistrement de “Blue Lines”, Geoff Barlow (futur créateur de Portishead)et Simon Russell (futur créateur de Monk & Canatella) sont présentsderrière les consoles de mixage.
Mais, ce n’est réellement qu’en1994 que le terme trip hop fait son apparition grâce à un journaliste anglais,Dom Philips, du magazine Mixmag.
Les chefs de files du mouvementportent alors les noms de Massive Attack, Tricky, Portishead, DJ Shadow, DJ Vadim,Funki Porcini... Ces derniers remportent un vif succès auprès d’un publiceuropéen séduit par l'esthétique soignée et l'ambiance soul sur laquelle vientse greffer des rythmes syncopés.
Trip Hoplabelisé !Face à ce début de reconnaissance,une multitude de labels anglais se développe consacrant ainsi le genre. Citonsle label incontournable Ninja Tune, monté en 1990 par le duo Coldcut (MattBlack et Jonathan More), qui produit les premières œuvres de Up Bustle &Out, Funki Porcini, DJ Vadim,...
Tout aussi important, signalons lelabel Mo’Wax fondé en 1992 par le DJ, James Lavelle, qui gagnera ses lettres denoblesse grâce à des artistes comme DJ Shadow, La Funk Mob, DJ Krush, Air,...Pour se faire une bonne idée des artistes de ce label écoutez donc la quadruplecompilation CD “Headz2” regroupant quelques 54 titres !
Dans la même veine, le labelPussyfoot est créé en 1993 par Howie Bernstein grand gourou de studio ayantentre autres assuré la production des albums “Pop” de U2 et “Homogenic” de Björk.Outre de très bonnes compilations maison comme “Best Foot Forward” ou “PussyGalore”, le label d’Howie B propose les albums de ses artistes maison commeNaked Funk, Spacer, Sie, Dobie,...
A cette liste, il faut bien sûrrajouter des labels comme Octopus, Pork, Grand Central, Compost (Munich), Wallof Sound, l’inévitable Cup of Tea,… et des artistes comme Morcheeba, The Aloof,Pressure Drop, Sneaker Pimps, Broadcast, Esthero, Jay Jay Johanson, Crustation,Jimi Tenor, Moloko, Archive,...
La touchefrançaiseSi lesAnglais sont les principaux instigateurs du mouvement, les musiciens Françaisproposent leur propre interprétation du trip hop en puisant leur inspirationauprès de musiciens tels que Michel Legrand, Valdimir Cosma, Michel Colombier,…
Dans les 90's,des artistes tels que DJ Cam, The Mighty Bop, Air, Imhotep, Doctor L, BangBang, ou Kid Loco sont plus connu, et reconnu, à l’étranger que dansl’hexagone.
Quelqueslabels français se distinguent par leurs productions raffinées, entre hip hopet pop, à l’image de Yellow Productions, Artefact, Source, Inflammable, FrenchMotel,...
Florian SPhoto : DR