Coups de théâtre

Publié le 18 avril 2012 par Bordeaux7

Les vacances donnent l’occasion aux salles bordelaises de faire tourner leur programmation. Petit tour d’horizon.

Dix ans déjà que «Roger, Roger & Roger» n’avait été donnée en France. Qu’à cela ne tienne, la Comédie Gallien a choisi de reprendre ce texte de Sotha, alias Catherine Sigaux – l’une des fondatrices du Café de la Gare à Paris – qui avait monté sa pièce en 1978 avec, notamment, son époux d’alors, Patrick Dewaere. Où il est question de trois messieurs prénommés Roger, qui attendent vainement leurs Jeannes respectives pour une soirée couple qui n’aura pas lieu. Les souris parties, que vont faire les matous ? Mathieu Blasquez, Emmanuel Lortet et Thom Trondel ont simplement eu à dépoussiérer quelques références pour retrouver la clé du succès dès la première, en fin de semaine dernière. «Ce qui m’a saisi, souligne Thom Trondel, c’est que le public s’installe et se retrouve peu à peu happé par la pièce, qui va crescendo, et se met à participer. C’est un vrai bonheur, car on on adore improviser avec ce que le public nous donne.» (20h30, du mardi au samedi jusqu’au 28, 12,80-20,80€) Autre grande réussite du boulevard, «Fleur de Cactus», qui a amené beaucoup de monde aux Salinières le week-end dernier. Certainement l’une des meilleures comédies de Fabrice Blind et Michel Delgado, les auteurs de «Mon colocataire est une garce», où figuraient dans la première distribution Jean Poiret et Sophie Desmarets. L’histoire à rebondissements d’un dentiste dont la maîtresse exige qu’il fasse accepter à son épouse un divorce à l’amiable avant de l’épouser, elle. Le souci : l’homme n’est pas marié ! Il va donc faire appel à son assistante pour jouer le rôle de sa femme. Savoureux ! (20h30, du jeudi au samedi jusqu’au 5 mai, matinée dimanche 22 à 15h, 12-20€).
Du rire aux larmes
Dans un tout autre registre, on pourra voir à L’Oeil-La Lucarne «La Leçon», de Ionesco, dans une mise en scène d’Éric Léger, avec lui-même, Audrey Breillat et Nelly Marcillan. Un fabuleux huis-clos élève-professeur qui questionne sur les notions de savoir, de pouvoir et de frustration, dans un style moins aride et déroutant que d’autres pièces du dramaturge (20h30, du jeudi 18 au samedi 20, 10€). Le Petit Théâtre accueille quant à lui un autre grand texte et une belle performance de Maud Andrieux, fondatrice de la Cie du Barrage : dans «Le Vice-Consul», elle narre seule en scène le roman poignant de Marguerite Duras. La trame : dans la Calcutta miséreuse des années 1930, le vice-consul de France commet l’irréparable en tirant dans une foule de mendiants. Seule la femme de l’ambassadeur saura déceler en lui le seul homme à avoir gardé une once d’humanité (du jeudi au samedi à 20h30 et le dimanche à 15h30, jusqu’au 29, 15€). Enfin, la Boîte à jouer donne hors les murs, au centre social Bordeaux Nord, une comédie faite pour ça : l’absurde et cruelle «Demande en mariage» de Tchekhov dans la version «tout terrain» des Cies Au Coeur du monde et Les Lubies, acclamée partout où elle passe, et à juste titre  (20h30, dès ce soir et jusqu’à samedi – aussi à 17h ce jour-là –, 12€). •  

Sébastien Le Jeune

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