24 Heures Chrono – Saison 8

Par Geouf

Après avoir écumé Los Angeles de long en large, mis le boxon en Afrique et à Washington, l’agent gouvernemental le plus tenace (et poissard) de la télévision est revenu sur les écrans pour un dernier baroud d’honneur en 2010. Et cette fois, c’est la Grosse Pomme qui a fait les frais de la présence de Jack Bauer, qui espérait bien profiter de sa retraite après des années de bons et loyaux services, mais s’est retrouvé une fois de plus pris dans une sombre machination terroriste…

Ultime saison oblige, cette dernier journée chaotique dans la vie de Jack Bauer joue la carte du best of. Tous les personnages secondaires encore vivants (et sains d’esprit) sont ainsi ramenés sur le devant de la scène, pour des apparitions plus ou moins utiles et bien intégrées à l’intrigue (Kim Bauer, toujours incarnée par la jolie Elisha Cuthbert, est une fois de plus totalement inutile, mais a heureusement un rôle assez limité). On retrouve ainsi avec plaisir l’inébranlable Chloe (Mary Lynn Rajskub), toujours aussi grincheuse mais loyale, ainsi que l’affreux président Logan (Gregory Itzin), plus mielleux et manipulateur que jamais. Mais le personnage bénéficiant le plus de cette dernière saison reste celui de Renee Walker (Annie Wershing), qui a pris un virage radical durant les dix-huit mois écoulés entre les deux saisons. Agent du FBI débutant et idéaliste dans la saison 7, la jeune femme a vu ses principes sérieusement mis à mal par Jack Bauer, et on la retrouve ici totalement changée, cachant sous son apparente froideur des fêlures bien réelles. Le personnage devient magnifiquement tragique, et Jack fera tout pour l’aider à panser ses blessures. Seul le personnage de la présidente Taylor (Cherry Jones) suit une évolution assez peu crédible, se laissant un peu trop rapidement corrompre par Logan, alors qu’elle était jusqu’à présent la représentation ultime de l’intégrité. Quant à Kiefer Sutherland, il assure toujours dans le rôle de Jack Bauer, tout autant à l’aise dans les scènes d’action que dans les moments plus intimistes (voir la très émouvante scène de la mort de Renee Walker).

Au rang des nouveaux personnages, cette saison comporte son lot de guest stars prestigieuses : Katee Sackhoff (Battlestar Galactica) dans le rôle de la taupe de la saison, le revenant Freddie Prinze Jr. en jeune émule de Bauer, Anil Kapoor (Slumdog Millionnaire, Mission : Impossible Protocole Fantome) en président éclairé d’un pays islamiste, et surtout Jurgen Prochnov en mafieux russe et Michael Madsen en vieux pote de Jack Bauer. Une belle façon de clore les aventures de Jack Bauer en beauté…

Niveau scénaristique, les scénaristes, très inventifs (ou pas, selon le point de vue), arrivent à caser en 24 épisodes à peu près tous  les types de sous-intrigues vus dans les saisons précédentes : tentative d’assassinat sur un homme politique visionnaire (saisons 1 et 4), taupe dans la CAT (à peu près toutes les saisons), terroristes menaçant de faire exploser un engin nucléaire (saison 2 et 4) mais en fait dirigés par une plus haute instance (saisons 2, 3, 5, etc), complot gouvernemental visant à cacher la vérité (saisons 2 et 5), mort d’un personnage secondaire important (saisons 1 et 5)… En résulte une sensation de trop plein parfois un peu gênante, ainsi qu’une impression de déjà vu envahissante. Comme d’habitude, certaines sous-intrigues sont peu passionnantes et sont clairement là pour meubler (les mésaventures de l’agent incarné par Katee Sackhoff), plusieurs rebondissements sont à la limite du crédible (la CAT une fois de plus infiltrée par une taupe, c’est quand même pas de bol !) et certaines idées scénaristiques font doucement sourire (la femme du président d’un pays farouchement islamiste qui reprend le flambeau à la mort de son mari, pas très crédible). Reste que la série réussit une fois de plus à proposer un rythme assez infernal, malgré une lassitude grandissante et des rebondissements toujours plus grandiloquents. Certaines surprises resteront tout de même certainement dans les annales de la série, comme la mort tragique de l’agent Walker, ou les derniers épisodes de la saison, au cours desquels Jack Bauer se transforme en machine à tuer implacable pour venger la mort de celle-ci (on retiendra notamment une scène de torture particulièrement sadique), quitte à presque perdre la sympathie que le spectateur peut éprouver pour le personnage.

Au final, si cette dernière saison remplit son office de divertissement, on est loin du feu d’artifice final tant attendu, et on sent tout de même que les scénaristes tirent un peu trop la corde et qu’il était temps d’en finir. Car finalement, en 2010 Jack Bauer semble un peu être une icône d’un autre temps, qui n’a plus vraiment sa place dans un monde où la torture est unanimement condamnée suite aux exactions de l’ère Bush et où le racisme a plus que jamais besoin d’être combattu. Ce qui n’enlève rien au fait que la série restera un monument de la télévision malgré son lent déclin amorcé depuis la saison 4 (avec tout de même u sursaut lors de l’excellente saison 5). Espérons maintenant que les studios laisseront enfin Jack Bauer profiter de la retraite, même si une adaptation ciné est régulièrement annoncée. Pas sûr que ce genre de transposition soit une bonne idée…

Note saison 8 : 6/10

Note globale série : 7.5/10

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