J'ai machine-à-voté

Publié le 22 avril 2012 par La Bienveillante @Ema_Dellorto

Et j'ai pas aimé.

Oh, si on m'enlève tous mes rites les uns après les autres...

Déjà, je ne détestais pas rencontrer des concitoyens effarés devant la boîte aux lettres du trésor public au moment de la déclaration d'impôts.

Maintenant, on peut faire ça de l'ordi.

Mais voter, j'aurais pas pensé. Je croyais qu'on laisserait ça aux Bill-gatesiens, faut croire que les écolos ont gagné, plus de milliers de petits papiers, jolis papillons civiques.

On envoyait des messages pourtant, en refusant de se tâcher les doigts en prenant un bulletin raciste. On dédaignait la chasse, la pêche et la tradition. Ostensiblement on remplissait nos poches de noms de gauche, même la LCR on jouait avec l'idée de glisser le nom d'un petit-fils de Trotsky dans l'enveloppe.

Les schizoïdes pouvaient dessiner des marguerites ou gribouiller, remplir le a de Chirac et tous les o de Pompidou.

Là, j'ai eu l'impression d'apporter ma voix à Zinédine Zidane, le numéro 10.

S'isoler. Ça aussi, c'était magnifique, soi entre soi, le rideau tiré, dans la cabine d'essayage de la démocratie.

Combien d'abrutis y ont pissé ?

S'avancer vers l'urne de plexiglas, oui, exactement la même matière bien qu'un peu plus cheap que les pantoufles de Cendrillon.

Laisser partir ses convictions, qu'elles se mêlent à celles déjà exprimées qui remplissent l'urne et amortiront leur chûte.

Il faudra ensuite tout démêler, les fachos d'un côté, les cocos de l'autre, puis les gens modérés.

"A voté", doux cri républicain, un bruit sourd quand l'enveloppe, mignonne, bleue, atterrit.

Clac, l'urne est fermée.

Quand j'ai validé mon choix, ils ont asséné un "a voté" franchement pas convaincant, j'étais toujours derrière ma machine, je savais pas quel assesseur le disait, c'est important, de regarder dans les yeux, et de mater la coupe du costume, de celui qui vous baptise électoralement parlant.

Nullissime.

L'impression de jouer au loto, en laissant l'ordinateur choisir pour moi comment devenir riche, sans décortiquer la date d'anniversaire de mes proches pour en faire des numéros gagnants.

En plus, une personne âgée nous a pas mal énervé, il ou elle validait avant de choisir, c'est pas ce qu'il faut faire, c'est pas dans cet ordre, la queue chez Carrefour, avec les machines à moins de 10 articles que s'obstinent à emprunter les gens les moins armés pour cela.

ET SI J'M'ETAIS TROMPE ???

Si mes doigts avaient ripé ?

Il serait resté un peu de gras des 2 croissants que j'avais enfournés le matin sur la pulpe de mon index.

Par exemple.

J'aurais paniqué.