La journée mondiale des luttes paysannes bien oubliée.

Publié le 22 avril 2012 par Arsobispo

Je me demande comment j’ai pu tomber sur cette information ;  Aiguillon, petite ville du Lot-et-Garonne, organisait une exposition des photographies du reportage « Sans terre » de Sebastião Salgado. Je m’y suis bien évidemment précipité. J’adore ce photographe que je considère comme l’un des plus grands. L’une de ses photographies représentant un homme, totalement démuni, sans rien sur la peau si ce n’est un linge, mais tellement beau et fier dans sa nudité face à un soldat totalement dominé bien qu’armé est un des grands chefs-d’œuvre de la photographie mondiale.

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Elle avait lieu au musée Raoul Dastrac, sis dans ce qui m’a semblé être une ancienne chapelle. Sur les murs de brique, les photos N&B y prenaient une grande force.

Toutes ces photos ont pour sujet le mouvement des Travailleurs Ruraux Sans terre (MST). Un phénomène social très important né au débit des années 1980 dans le sud du Brésil qui a enflammé finalement tous les états du pays en reprenant la lutte engagée dès l’époque des conquêtes hispaniques contre les amérindiens, puis reprise par les esclaves et enfin par tous les exclus de la terre et les opprimés de la période dictatoriale de la fin du XXe siècle. Il est aujourd’hui, le plus important mouvement social d’Amérique latine et s’est assigné comme mission, une juste distribution des terres par l’expropriation de certaines grandes propriétés rurales laissées à l’abandon ou peu mises en valeur par leurs propriétaires. Il tente d’influer également sur la politique agricole afin de favoriser l’agriculture paysanne au contraire de ce qui est pratiqué actuellement, une agriculture à grande échelle, à haut rendement, à destination de l’exportation et sous le contrôle de grandes compagnies, notamment celles de l’agro-alimentaire américain. Elle intervient également sur le terrain par la création de coopératives, d’écoles rurales, de soutien à l’installation, et parfois aussi de soutien dans la lutte contre les milices privées – mais ne devrait-on pas dire les tueurs -  ou les militaires, auteurs, de massacres, notamment ceux d’Eldorado do Carajas ou de la fazenda Santa Elina.

Le Brésil n’est bien évidemment pas le seul pays subissant les méfaits des propriétaires fonciers, des multinationales de l’agroalimentaire et des biotechnologies et des gouvernements complices de cette mondialisation que les politiques, y compris les nôtres,  nous présentent comme inéluctable. Des pays de tous les continents sont touchés. Le combat de MST est le notre. Il est global. Et il mérite bien cette journée mondiale que nos médias n’ont malheureusement pas relayée, accaparés qu’ils sont, par un évènement qui sera tout sauf remarquable.

En cette journée d’élection, ce billet me montre la voie.

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