Voyage à Séville : tout feu tout flamme…

Par Alyette15 @Alyette1

Les jardins de l'Alcazar Séville

Les arènes de Séville

Tout feu tout flamme…

Le printemps n’est pas ici. Il est ailleurs. Peut-être là-bas, sur cette terre andalouse où le feu déclare sa flamme à nos étreintes. L’indolente Arabie te pare de son jasmin et les vierges dénudent leur pudeur dans ton vin. Séville profane et pieuse se coiffe d’une mantille et voile de noir les braises de son regard en croix. Commence le sanglot d’une guitare qui s’accorde sur des souvenirs, des embrassades parfumées ou des oraisons funèbres. Citrons, orangers, péchés, la couleur est ton corset et dans les veines des gitanes coule le sang bleu des filles de joie.

Là-bas, le peuple se consume au rythme du soleil, dort quand il est au zénith et danse alors qu’il se couche. Là-bas, la vie s’habille de lumière et le sang des matadors jaillit de verres indécents partagés entre deux rêves. Là-bas, des hidalgos fiers et droits dans des costumes amidonnés surveillent les reins trop cambrés des filles au cœur volanté.  Là-bas, le taureau est roi, ses plaies hurlent comme des soleils implorant la mise à mort plutôt qu’une vie à petits feux. La foule s’allume d’une Ola, qui tourbillonne dans l’arène tandis qu’une jeune fille sans fleur saisit l’œillet du torero.

Tu as planté dans mon cœur ta banderilla de joie et l’estocade de ta folie. Tendres et câlines sont tes nuits toutes offertes à l’embrasement, qui s’éreinte, se cambre, se pâme et jouit des poussières d’étoiles. Là-bas, la dette ne passera pas, défiée par des conquérants qui n’abdiqueront pas sans lutter. Et si cette dette n’était qu’une imposture ? Et si cette dette n’était que celle de nos cœurs et corps désavoués ?

Le printemps n’est pas ici. Il est ailleurs. Peut-être là-bas, sur une terre de feu et de flamme qui a choisi de bruler plutôt que de renoncer.

Astrid MANFREDI, le 18 avril 2012