Il est des lieux que le cerveau a du mal à associer avec certaines notions. Comme… la chaleur en Antarctique, ou la joie de vivre en Corée du Nord. On ne peut pas dire que ce soit des rapprochements qui se font automatiquement, et même s’il est facilement possible de les accoler, ça n’en fait pas forcément des vérités. Au cinéma aussi il y a des rapprochements qui ne sont pas évidents sur le papier, mais qui eux pour le coup deviennent des réalités indiscutables une fois qu’ils sont à l’écran, aussi farfelus soient-ils.
That’s a bingo, selon les mots de Hans Landa. Car en ouverture de la semaine forêt flippante (terme pas le moins du monde officiel, mais tellement adéquat), on ne nous proposait rien moins qu’un film gore pakistanais, Hell’s Ground, ou en VO Zibahkhana (ça claque hein ?). Non non, vous avez bien lu, un film gore pakistanais. Pour ceux qui préfèrent une dénomination plus scientifique, disons que c’est un mix entre le slasher et le film de zombies. Tout droit venu du Pakistan, donc. Je ne sais pas quel est le degré de votre curiosité au cinéma, mais chez moi il est plus aiguisé que les talons de Paris Hilton, alors quand je lis dans le programme du Forum des Images : « Le premier film gore Pakistanais », un inédit datant de 2008, mes antennes cinéphiles se dressent et mes jambes me mettent rapidement dans la direction des festivités.
En nous présentant le film, Guillaume Perrin d’1kult nous a dit une chose avec laquelle je ne suis pas le moins du monde d’accord : que Zibah Khana n’était pas un nanar, qu’il n’y avait pas une once de cynisme, que c’était premier degré et qu’il fallait en profiter et ne pas hésiter à se marrer. Si j’ai été tout à fait d’accord pour en profiter et rire un bon coup, je me pose en porte-à-faux pour ériger le film en monument du nanar qu’il est. De deux choses l’une, soit le film est effectivement sincère de la première à la dernière image, sans cynisme aucun, et alors c’est un nanar pur et dur, soit le réalisateur pakistanais manie avec dextérité le second degré et nous a concocté une parodie assumée souvent réjouissante. Peut-être y a-t-il un peu des deux à la fois, mais une chose est sûre, la gaudriole était de mise devant Hell’s ground, ou la virée de deux filles et trois garçons de la jeunesse d’Islamabad qui filent en douce à un concert de rock, et pour cela empruntent une petite route campagnarde maudite où les disparitions sont légions.
Maintenant attention, si vous êtes des puristes du film d’horreur sérieux et flippant, si vous n’êtes pas adeptes de la curiosité et du ridicule pas forcément volontaire, passez votre chemin. Car Hell’s Ground fait bien plus rire que flipper. Il faut voir le mec choisir de descendre voir tout seul ce qui a mordu son pote qui a la jambe bien amoché. Il faut voir les filles trouver normal que leur ami qui s’est fait mordre la jambe ait le teint blafard, les cernes noires, et bave et crache un liquide vert fort peu orthodoxe. Il faut voir celui qui se fait plus de souci pour l’état du van que pour leurs vies après qu’ils ont croisé un groupe de zombies dégueulasses cherchant à les attaquer. Et il faut tout simplement voir le tueur à la burqa que sa mère considère comme une fille, et appelle comme telle.
En moins d’1h20, le spectacle de ce film rare est vite terminé. Je ne sais pas quand il me sera donné une autre occasion de voir un film gore Pakistanais, mais je suis déjà bien content d’en avoir vu un. Un feu de camp entre scouts, des bananes tueuses, des zombies pakistanais... Il y a des soirées comme ça…