[Critique DVD] Pandora

Par Gicquel

Pandora Reynolds est une belle chanteuse américaine, adulée de tous. Mettant ses prétendants à l'épreuve, elle demande à Stephen Cameron, un pilote automobile britannique, de jeter sa voiture du haut de la falaise lors d'un séjour en Espagne. En échange, elle lui fait une promesse de mariage.

Pandora de Albert Lewin

Avec : James Mason , Ava Gardner , Nigel Patrick , Sheila Sim

Sortie le 02 mai 2012

Distribué par Editions Montparnasse

Durée : 118 minutes

Nombre de : 1

Film classé :

Le film :

Les bonus :

Une édition DVD bloquée juridiquement depuis 2005

Il est intéressant de constater que dans une même période deux maisons d’édition proposent deux films de Albert Lewin hautement symboliques. Il y aura d’abord l’adaptation de l’œuvre de Maupassant «  The private affairs of Bel Ami » sorti récemment chez «  Wild side », et puis ce «  Pandora » également porté par la verve littéraire d’une légende ancestrale (Le hollandais volant) mêlée à la mythologie grecque de la première femme que fut Pandore.

A chaque essai, Lewin pose un regard très personnel sur ses interprétations romanesques, et maintenant imagées, par la grâce d’un metteur en scène et d’un  directeur de la photo, très inspiré.  Jack Cardiff  utilise ici  le procédé technicolor, encore balbutiant,  dans les décors somptueux de Tossa del Mar, sur la côte espagnole, où  Ava Gardner, trouve un écrin à la mesure de sa beauté et de son talent.

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Il y aurait beaucoup à dire sur le choix d’une telle comédienne, incarnant à la perfection le rôle mythique de Pandore, lié à celui d’une femme fatale, devant laquelle les hommes meurent ou s’effacent.Jusqu’au jour où, intriguée par un yacht appartenant à un certain Hendrick van der Zee, elle s’y rend à la nage. Ce dernier n’est autre que le Hollandais volant, un marin maudit condamné à naviguer éternellement, et  autorisé à vivre une vie humaine six mois tous les sept ans. A moins qu’une femme n’accepte de mourir par amour pour lui… La fameuse légende qui donnera à Wagner l’idée de son vaisseau fantôme.

On le voit l’œuvre inspire les créateurs et la vision de Albert Lewin décriée paraît-il à sa sortie, demeure à mes yeux tout à fait contemporaine, malgré l’insistance baroque des décors . Certains plans, éminemment travaillés, sont à voir et à revoir pour la beauté qu’ils dégagent, et pour l’histoire qu’ils racontent.

D’où peut-être l’élégance et la fluidité de la mise en scène, dans laquelle tous les acteurs du drame se lovent avec une théâtralité retenue. Aux côtés d’Ava Gardner, James Mason , est l’énigme devenu réalité, la juste interprétation de l’homme « invisible », que Lewin oppose avec brutalité , au matador qui se meurt également d’amour pour la belle Pandora. Mario Cabré, hispanique jusqu’au bout de ses rêves. Au point lui aussi d’en accepter le sacrifice ultime.

► À noter

  •  Dès ses débuts, ses rôles de femme fatale font d’Ava Gardner une star ! Elle, qui fit chavirer les cœurs de tant d’hommes (aussi bien dans la réalité que dans le film). Pour beaucoup, Ava Gardner, sublimée par la photo de Jack Cardiff, n’a jamais été aussi belle à l’écran…
  • Le jeu d’échecs a été créé par Man Ray qui a aussi peint certaines des toiles visibles dans le film. L’artiste surréaliste et Albert Lewin étaient amis.
  • Ava Gardner raconte dans ses mémoires que l’acteur Mario Cabré, qui interprète le toréador, s’est comporté dans la vie comme son personnage : très machiste, il considérait qu’Ava Gardner devait tomber amoureuse de lui ce qui a occasionné beaucoup de problèmes.

► Complément DVD

Un rêve de cinéma (6 mn) de  Denis Ravasio
Ce court documentaire évoque le travail d’Albert Lewin, qui réalisa, produisit et écrivit le scénario du film, tout en s’entourant d’un des meilleurs directeurs de la photographie de l’époque, Jack Cardiff. Il revient également sur le rôle d’Ava Gardner, qui rendit Frank Sinatra fou de jalousie…

► Ava Gardner

Fille de fermiers, elle passe son enfance dans la plantation de tabac familiale. Lorsqu’elle s’installe à New York à 18 ans, sa beauté est immortalisée par un photographe qui la mitraille sous tous les angles et l’expose dans ses galeries.

Un membre de la MGM, qui tombe sur les clichés, lui propose de passer quelques essais. C’est le tournant de sa carrière .Entre 1941 et 1945, MGM ne l’emploie que pour sa beauté .Il faut attendre 1946 et son rôle de vamp charmant Burt Lancaster dans le film noir « Les Tueurs »  pour que sa carrière débute véritablement, son physique de femme fatale illuminant alors les films dans lesquels elle apparaît. Ses rôles dans « Pandora » et dans « La Comtesse aux pieds nus » de Joseph L. Mankiewicz, en 1954 et sa relation avec Frank Sinatra achèvent de l’installer comme l’une des stars les plus glamours du cinéma américain. Atteinte d’une pneumonie, elle s’éteint à Londres en 1990.

► James Mason

Le premier grand succès international de l’acteur arrive en 1947 avec « Huit heures » de sursis de Carol Reed. Cette même année, un différend avec le président de la firme cinématographique Rank, lui vaut un procès et une interdiction de travailler dans le domaine cinématographique. Deux ans après, il reprend les plateaux de cinéma, américains cette fois, et joue dans « Pris au piège » de Max Ophüls. La période hollywoodienne commence, et James Mason est propulsé au rang de vedette internationale. Il apparaît alors aux génériques de nombreux films, dont « Le Prisonnier » de Zenda, « Pandora », « Le Renard du désert », « Jules César » ou « Une étoile est née », qui lui vaut sa première nomination aux Oscars.

Il tourne alors dans de grosses productions américaines comme « La Mort aux trousses » d’Alfred Hitchcock ou « Voyage au centre de la terre ». Sa deuxième nomination aux Oscars arrive en 1962 grâce à son rôle dans « Lolita » de Stanley Kubrick. C’est finalement en 1982, avec « Le Verdict », que James Mason parvient à décrocher un oscar.Avec plus de 130 films à son actif, James Mason est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands acteurs britanniques de sa génération.

En bref

Le film

Des plans incroyables, un casting à la hauteur et une mise en scène qui très naturellement donne souvent le vertige, ce cinéma d’autrefois prend encore aujourd’hui des postures très contemporaines.

Les bonus

Un aperçu autour du film , tout petit