« La prison ne met pas fin à la volonté de se battre »

Publié le 04 mai 2012 par Forrestgump54

L’association France-Palestine Meurthe-et-Moselle Nord et la municipalité de Villerupt ont reçu hier en mairie l’ancien prisonnier franco-palestinien Salah Hamouri, tout juste libéré et qui raconte depuis son épreuve.

Le jeune Franco-palestinien Salah Hamouri a été arrêté par l’armée israélienne le 13 mars 2005, peu avant son vingtième anniversaire, en Cisjordanie. Il devait répondre de deux chefs d’inculpation : être membre du Front populaire de libération de la Palestine, et préparer l’assassinat d’un rabbin.
Hier en fin d’après-midi, la municipalité de Villerupt et l’Association France-Palestine solidarité (AFPS) Meurthe-et-Moselle Nord l’ont reçu, quelques semaines après sa libération, le 18 décembre 2011.
16 h. – Les membres de l’AFPS préparent l’arrivée de Salah Hamouri. Le président Michel Vescovi confie son stress. « C’est un événement, un honneur pour nous qui comme toutes les sections françaises avons tout fait pour obtenir sa libération. Il y a eu beaucoup d’actions (des courriers aux élus, des portraits accrochés sur les mairies, une motion prise par le conseil municipal de Thil, etc.). Le combat continue pour tous les autres prisonniers politiques, qui sont encore 4 699 en Israël, et pour la reconnaissance de l’État palestinien à l’Onu (Organisation des nations unies). »
16 h 30. – Le maire Alain Casoni, souriant, évoque la triple injustice dont a été victime l’invité du jour. « Les accusations de l’administration israélienne étaient non justifiées, car Salah passait simplement dans la rue où vivait le rabbin. Elles n’ont d’ailleurs jamais été étayées du moindre début de preuve. Ensuite, on l’a obligé à plaider coupable sous peine de se voir enfermé quatorze ans, au lieu des sept qu’il a effectués. Enfin il devait être libéré le 28 novembre 2011, mais les autorités israéliennes, sans aucune raison, ont décidé de reporter. Dire que ce pays est une démocratie parfaite, comme le font les grands médias français, est injustifié. Les conditions d’enfermement des 750 000 personnes qui sont passées par ses prisons sont terribles. »
17 h. – Salah Hamouri arrive, accompagné par Jean-Claude Lefort, coordinateur de son comité de soutien et président national des AFPS.
Il a le visage marqué, fatigué par les quarante jours de tournée en France qu’il vient d’effectuer pour remercier ses soutiens et parler de son expérience, mais surtout par les sept années de sa vie « qui lui ont été volées », comme le dit le membre de l’AFPS locale Pierrick Spizak au micro quelques minutes plus tard. « Ton nom est synonyme d’espoir pour nous les jeunes, mais aussi synonyme de résistance d’un peuple face à l’apartheid dont il est victime, de lutte, et d’injustice face aux médias français qui ont tu ton combat et face au gouvernement français qui ne t’a jamais soutenu. »
17 h 30. – L’invité prend la parole pour plusieurs minutes de grande émotion. « C’est grâce à vous que j’ai pu être libéré et être aujourd’hui avec ma famille. Vous avez construit un pont d’espoir d’ici vers ma cellule. Et vous nous avez redonné le moral, à moi et aux autres prisonniers. Il faut poursuivre la lutte, pour ces enfants (8, 10 ans) incarcérés, ces personnes atteintes de cancer qu’Israël refuse de faire sortir, ces 3 000 prisonniers qui font à l’heure actuelle la grève de la faim. »
Pas un bruit dans le public. Seule la voix de Salah Hamouri résonne dans l’hôtel de ville. « Ces sept années m’ont permis de comprendre que la prison ne mettait pas fin à la volonté de se battre, que seul le peuple est créateur de l’Histoire, et qu’on est encore plus attachés aux principes révolutionnaires après ça, pour refuser l’assassinat de nos valeurs et de notre humanité. Notre cause réussira car les révolutionnaires comme vous ne mourront jamais. » Une incroyable salve d’applaudissement a conclu ces mots. Salah Hamouri signe le livre d’or de la Ville, puis partage le verre de l’amitié avec le public.
Un grand moment.

Sébastien Bonetti. Républicain Lorrain du 3 Mai 2012

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