Critique Ciné : Making oFF, est-ce le pire film d'horreur jamais fait ?

Publié le 06 mai 2012 par Delromainzika @cabreakingnews

Making oFF // De Cédric Dupuis. Avec Olivier Bureau, Nathalie Van Tongelen et Céline Berti.


C'est rare pour être noté mais en France on fait aussi des DTV (direct to DVD). C'est donc le cas de Making oFF, un film de et avec Cédric Dupuis, écrit par lui même également. L'histoire du making off d'un film d'horreur. Alors que je m'attendais à un grand navet, je trouve le principe assez original et permettant de réinventer (en quelque sorte) le principe du found-foutage. Tout n'est pas parfait car tout est fait en amateur (une réalisateur anarchique la plupart du temps, des acteurs un peu bordéliques mais au fond, on capture des moments de vie). La construction de Making oFF est pourtant classique puisque l'on suit tout film d'horreur classique avec la mise en place tranquille des personnages, et petit à petit la montée en puissance de l'histoire. Le tout débute avec une introduction assez fun. Making oFF tente de décrypter le monde des films d'horreurs qui sortent par centaines chaque année en DVD uniquement. On critique même les acteurs, le montage, tout ce qui fait un film. Tout simplement.
Cédric Dupuis, rêvant de célébrité, décide de réaliser le plus grand film d'horreur de tous les temps avec ses amis, mais découvrant à ses dépends les joies d'un tournage et d'une équipe non professionnelle, il va dans un excès de colère tuer quelqu'un. Suite à ce meurtre, il se rend rapidement compte que désormais il n'a plus d'autre solution que de réaliser son propre documentaire.
Contrairement à beaucoup de films d'horreurs ennuyeux qui tentent de nous raconter une histoire en allant loin, très loin, jusqu'aux zombies, Making oFF joue la simplicité avec une histoire de coulisses de film, certes amateur. Le scénario n'est pas totalement réussi, malheureusement. Disons que certains passages du film manque d'intérêt (la scène dans le bar par exemple) qui tente de raconter d'où vient l'idée du film en lui même. Ce qui est le plus inattendu dans Making oFF c'est que l'on a, en plus de la violence qui survient ici et là, c'est le making off en lui même. Le cast est assez drôle en lui même. Ce qui permet à eux d'être cool c'est qu'ils sont simple et vrais. On a pas l'impression qu'ils jouent un rôle. Du coup, petit à petit ce film gagne en intensité. Au début c'est un petit film d'horreur, avec une bonne idée de base, et puis à la fin c'est un film avec un joli message. Enfin, joli… le mot est bien grand.
Le film pèche malgré tout à cause de sa réalisation. La shaky cam ce n'est pas toujours un choix judicieux et disons que l'on en abuse un peu trop dans Making oFF. Il manquait presque le petit son de la caméra qui s'amuse, comme si l'on avait droit à une sorte de film de vacances (même si c'est vrai que cela se serait trop facilement comparé à des films d'horreur du genre filmés de cette façon). Le seul truc que je n'ai pas vraiment aimé c'est les viols à répétition des morts. C'était écoeurant (à plusieurs moments on a des scènes qui donnent envie de rendre son déjeuner), mais le réalisateur parvient à nous faire réfléchir là dessus. Au final, on ressort brassé de Making oFF, et surtout, il arrive à être parmi les films d'horreur les plus horribles que j'ai pu voir de toute mon existence. J'en ai encore le ventre brassé. Et je ne sais même pas Making oFF est un chef d'oeuvre logique ou un film qui veut être trop gore pour être vrai.
Après quelques petites recherches sur ce jeune réalisateur qui nous offre ici son premier long métrage, son but était uniquement de faire rire dans un premier temps, mais aussi de déranger sans brutaliser (bon, de ce côté là… c'est pas totalement réussi, j'ai été secoué), et enfin nous faire réfléchir sur ce qui nous entoure. Pas bête car pour son film il s'est inspiré de tout ce qui l'énerve : le matraquage médiatique, la pub qui nous harcèle jusqu'au vomissement (on comprend donc pourquoi toute marque est floutée dans le film, de même que le côté vomitif de certaines scènes). Puis le film multiplie les références à d'autres films : Irreversible, Misery, le cadre pour C'est arrivé près de chez vous, la folie naissance pour La Mouche, et encore d'autres…
Note : 7.5/10. En bref, un film amateur avec une ambition réussie : celle de réinventer le found-foutage. Sûrement l'un des films d'horreur les plus effrayants que j'ai vu (et je suis difficilement choqué par ce genre de films dont je suis fan). Attention, ce film n'est pas à mettre entre les mains de tout le monde.