J+1: Sarkozy fait ses adieux à la Famille

Publié le 08 mai 2012 par Juan
Il restait le combat des élections législatives. Mais la droite parlementaire pouvait-elle se relever de l'affront qui lui avait fait ces 5 dernières années ?
Lundi 7 mai 2012, les sbires de Sarkofrance découvraient l'ampleur du référendum antisarkozyste. Ils n'avaient pas perdu à cause d'un quelconque revirement gauchisant du pays. Ils avaient perdu parce que leur leader était honni.
Honni.
Dimanche soir, Nicolas Sarkozy avait été licencié pour raison économique et incompatibilité d'humeur avec la France.
Le symbole
Dans la nuit de dimanche à lundi, il n'y eut pas quasiment pas d'incident: 25 poubelles brûlées, 10 voitures incendiées dans toute l'Île-de-France. La nuit fut même «  exceptionnellement calme », rapporta un responsable de la préfecture de police de Paris. On se souvenait de la même nuit, il y a 5 ans. Quelques 700 voitures avaient brûlé. La rage était immense. Nicolas Sarkozy avait filé au Fouquet's, pour un long dîner de célébration avec les plus riches du pays, les plus proches de son camp. L'image était détestable, elle marqua tout le quinquennat.  Nicolas Sarkozy mit 4 ans à reconnaître la faute symbolique.
Le 6 mai 2012, François Hollande s'attarda sur la place de Tulle, en Corrèze, avant de s'envoler en avion privé, à l'heure où il n'y avait plus de vol régulier, pour rejoindre le meeting populaire de la Bastille. Quelques aigris tentèrent de lever quelque question sur ce vol en avion privé. S'il avait été financé par la République, on aurait entendu les cris d'orfraie.
Hollande devant cent et quelques mille partisans, sur la place de la Bastille, l'image était belle. C'était le symbole d'une nouvelle présidence.
Mais les ennuis ne faisaient que commencer. Bien sûr, les bourses ne s'étaient pas effondrées. Au contraire, le résultat du scrutin grec, où les élections avaient désavoué le PASOC et les conservateurs au pouvoir, rappelaient que la crise de l'euro n'était pas terminée. 
L'agonie ?
Avaient-ils seulement suffisamment bu pour avoir la gueule de bois ? Les anciens amis et proches de Nicolas Sarkozy avaient la défaite amère ou mauvaise. Alain Juppé, lundi matin, expliqua qu'il ne se présenterait pas à la députation. Eric Besson, l'ancien traître de 2007, abandonna Twitter.
Valérie Pécresse, future ex-ministre du Budget, osa qualifier la victoire de François Hollande de « minoritaire ». C'en était pitoyable. Nicolas Sarkozy avait accumulé contre lui 20 millions de suffrages:
Inscrits: 46 066 499
Abstentions: 9 050 095 
Votants: 37 016 404 
Blancs ou nuls: 2 146 408 
François Hollande:  18 004 656
Nicolas Sarkozy: 16 865 340
Nadine Morano, dès potron-minet, sur France Info, s'inquiéta de drapeaux étrangers qu'elle n'avait pas vu, place de la Bastille. Elle n'avait que ça à faire, prolonger de quelques heures une campagne ratée.
La Droite populaire, animée par les ineffables Thierry Mariani (futur ex-ministre des transports), Lionnel Luca et Christian Vanneste (jamais exclu de l'UMP), aimerait une alliance avec le Front National. L'un de ses membres, Jean-Paul Garraud, député UMP de la Gironde, a posé la question du « rapprochement » avec le Front national. Il aimerait être « pragmatique »; cinq années d'errements sarkozyen sur le sujet ne lui ont pas suffit.
Pour se protéger d'une absorption trop rapide par le Rassemblement Bleu Marine, l'UMP de Copé s'est vite dotée, dès lundi matin, d'un « comité stratégique de campagne », un machin protéiforme de 25 à 30 membres.
Le parti n'avait plus de président.
Le sursaut ?
Chez certains, le sursaut était peut-être un peu là. Chantal Jouanno, encore à l'UMP mais pour combien de temps, s'agaçait de la droitisation extrême de son parti. «on ne peut pas mettre les questions d’immigration en priorité, nous ne devons pas prendre le même agenda que les partis populistes».
Laurent Wauquiez pensait que Nicolas Sarkozy n'avait pas assez parlé des classes moyennes. Ses charges contre l'assistanat, directement empruntés à l'ineffable soutier de la Droite sociale, furent pourtant nombreuses: « Mon sentiment, c'est que notre défaite n'est pas liée au fait d'avoir trop assumé nos convictions mais de ne pas avoir suffisamment assumé tout le spectre de nos convictions».
A l'UMP, la guerre avait déjà commencé pour disputer à Jean-François Copé le leadership du parti.  Mercredi, l'UMP devait trancher quelques investitures aux législatives, dont l'épineux cas Dati/Fillon.
Le départ
Dimanche soir, il était flou sur un point dans son discours d'adieu: « Une autre époque s'ouvre. Dans cette nouvelle époque, je resterai l'un des vôtres. Vous pourrez compter sur moi pour défendre nos valeurs. Ma place ne pourra plus être la même. » Il voulait rester l'un des leurs. Mais dans quelle position ?  
Lundi, il fut plus explicite auprès de quelques conseillers et de son équipe de campagne. C'était un scoop du Figaro, toujours bien informé.
«Soyez rassurés, je renouvellerai ma carte (de l'UMP) et je payerai ma cotisation. Mais je quitte l'opérationnel
L'envoyée spéciale du Figaro en était toute retournée: « Fatigué, le teint gris et les traits marqués, Sarkozy a toutefois fait bonne figure en se montrant calme et serein, au lendemain d'une défaite à laquelle il a cru jusqu'au bout pouvoir échapper ». Le Monarque, rassemblant ses troupes les plus proches, eut une curieuses expression, pleine d'un symbole sans doute involontaire: « La famille se trouvera un nouveau chef ». Il y avait du monde, toutes les formations « alliées », même celles qui faisaient mine de critiquer l'absurde campagne de 2012: Jean-Louis Borloo (Parti radical), Hervé Morin (Nouveau Centre), Jean-Marie Bockel (Gauche moderne), Christine Boutin (chrétiens démocrates) et Frédéric Nihous (Chasse et Pêche).
La Familia ? 

Nicolas Sarkozy n'était pas inquiet. L'Etat dépensera 1,5 million d'euros par an à la République. 

Rien que ça.
La Familia ?