RENAN APRESKI : Ici Brest, les Bretons parlent aux Lorrains ! Quatre jours après les résultats officiels de l’élection présidentielle, l’analyse de Jean-Michel Apathie !
R.A. : Heu non, Jean-Michel, je vous demandais une analyse politique…
J.-M.A. : Et qu’est-ce que vous auriez voulu que je dise ? Que c’est déjà un miracle, avec son bilang calamiteux, que Sarkozy n’ait pas été balayé dès le premier tour ? Qu’il a fait une connerie monumentale en droitisant son discours à l’extrême ? Que le résultat final était déjà une évidence depuis des mois ? Si c’était pour entendre des banalités comme ça, z’aviez qu’à demander à Ferrari, à Pujadas, à Elkabbach ou à Mougeotte ! Ma réputationg de journaliste impertineng est déjà usurpée de chez usurpée, je vais pas enlever mon masque moi-même, c’est pas le momeng !
R.A. : Hum ! Merci, Jean-Michel ! Monsieur le président, mes respects, que ressentez-vous maintenant que vous êtes élu ?
R.A. : Mais encore ?
F.H. : Je suis content !
R.A. : Enfin quand même, la gauche n’avais plus gagné les présidentielles depuis 24 ans, votre victoire est historique !
F.H. : Et bien je suis content !
R.A. : Mais monsieur Hollande, vous réalisez où vous en êtes arrivé aujourd’hui, vous sur qui personne n’aurait misé un caramel mou quand vous avez parlé pour la première fois de vous présenter aux présidentielles ?
F.H. : Je vous en prie, monsieur Apreski, ne laissons pas l’euphorie de la victoire nous faire perdre la raison : je n’oublie pas que moi et le parti socialiste revenons de loin, et c’est précisément pour ça que je tiens à ne pas me laisser emporter : il reste à mener la bataille des législatives !
R.A. : Et en quoi ça vous inquiète ? On n’a jamais vu un président élu désavoué par les législatives un mois après !
F.H. : Enfin, monsieur Apreski, restons calmes ! Gardons la tête froide ! Après toute victoire, le plus dur est à venir, de grands chantiers nous attendent et demandent à être traités avec calme et circonspection !
R.A. : Mais enfin, vous avez déjà toutes les collectivités territoriales à vos pieds, la majorité au Sénat, vous allez entrer à l’Élysée, l’Assemblée est pratiquement dans votre poche, vous avez un boulevard inespéré, la droite est à genoux, vous avez le soutien de vos partenaires européens…
F.H. : MAIS VOUS ALLEZ VOUS TAIRE, OUI ? Écoutez : on a recueilli dix-huit millions de voix, à peine plus que Ségolène il y a cinq ans ; seulement, l’autre con d’en face s’est rétamé ! Résultat, on va devoir gérer tout le merdier que ce sale gosse a foutu, faire face à la pire crise économique que l’Europe ait jamais connue depuis cinquante ans, redonner le goût de vivre à une jeunesse désespérée, trouver du boulot à des millions de chômeurs et, pour couronner le tout, faire barrage à un Front National galopant ! Donc, monsieur Apreski, en vertu des pouvoirs qui ne vont pas tarder à m’être conférés, je vous ordonne de vous calmer !
R.A. : Heu… Oui, vu comme ça, en effet… Hu-hum ! Et vous, monsieur Sarkozy, comment ça va ?
R.A. : Pas trop déçu ?
N.S. : Ben pas tant que ça, en fait ! Bon, c’est sûr, pour une raclée, c’est une raclée, mais en même temps, depuis le temps qu’on me l’annonçait… Ça fait presque du bien de l’avoir reçue, on se sent débarrassé d’une menace ! Et puis Hollande vous l’a dit lui-même, il va avoir du boulot ! Je vous raconte pas l’ardoise que je lui laisse : rien qu’avec ce qu’a coûté l’avion que j’avais acheté aux frais de l’État, y a un trou gros comme Xavier Bertrand dans le budget ! Et il ne sera pas tiré d’affaire en revendant l’engin aux Qataris : durs en affaire comme ils sont, il n’en tirera pas un gros bénéf’ !
R.A. : Qu’avez-vous fait, quand vous saviez que vous alliez être battu ?
N.S. : Ben pour commencer, je suis allé rassurer Carla : je lui ai dit que, d’accord, je ne suis plus président, mais j’ai toujours du pognon ! Parce que Carla, être marié à un président battu, elle s’en fout, mais être marié à un fauché, ça, elle supporterait pas ! Moi non plus d’ailleurs… Puis après, je suis allé voir Buisson pour lui dire ce que je pensais de son idée brillante d’adopter les thèses de l’extrême-droite, mais j’ai pas pu lui parler tout de suite vu qu’il était au téléphone : il recevait un coup de fil des socialistes qui le remerciaient de les avoir aidés et leur offraient même une carte de membre d’honneur de leur parti ! Quand il a raccroché, je lui ai foutu quelques bons coups de batte de base-ball dans la gueule, mais ça n’a pas suffi comme punition : il a même souri parce qu’à ses yeux, ça voulait dire que j’avais assimilé l’essentiel de son idéologie politique ! Alors je l’ai forcé à regarder le DVD du film Indigènes : il a failli avoir sept infarctus !
R.A. : Heu… Qu’est-ce que vous allez faire, maintenant ?
N.S. : Bah chais pas ! J’pourrais redevenir avocat pour me défendre moi-même, mais avec Sarkozy comme avocat, je vais aller en taule, c’est sûr ! Sinon, j’ai pensé à me reconvertir dans le privé et à ouvrir une boîte pour aider les patrons à faire des plans sociaux et à cacher leur fric à l’étranger : après tout, ‘faudrait pas s’imaginer que je vais lui faciliter la tâche, à Hollande, non ? Sinon, j’pourrais aussi écrire mes mémoires, mais j’hésite pour le nègre : Mikaël Vendetta ou Steevy Boulay ? Ou Jean-Pierre Pernault, pour faire plus « vieille France » ?
R.A. : Et pourquoi pas Henri Guaino ?
N.S. : Vous parlez du mec qui a écrit les discours que j’ai tenus au cours de cette campagne censée me faire réélire ?
R.A. : Heu… Oui, j’ai dit une connerie, excusez-moi ! Hum ! Alors, bien sûr, le nouveau président de la république, François Hollande, a reçu de nombreux messages de félicitation et de recommandation, en voici quelques-uns parmi les plus marquants.
R.A. : Bon ! Frédéric Mitterrand, un dernier hommage au président sortant ?
R.A. : Et oui, rien ne sera plus jamais comme avant…et c’est tant mieux. Allez, kenavo.
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