Soap&Skin; – Narrow | LP

Publié le 14 mai 2012 par Splash My Sound @splashmysound

Narrow, le dernier album de Soap&Skin, est sorti en février dernier. Pour celles et ceux qui (comme moi) n’ont pas encore eu le temps de s’y pencher, c’est le moment de se rattraper.

L’album débute par Vater, un morceau en allemand, cette langue qui perce généralement peu dans le monde de la musique. Et honnêtement, à l’écoute de ce premier morceau, on se demande bien pourquoi : c’est doux, c’est juste, et c’est accompagné d’une ligne de piano très mélancolique. C’est plaisant, on plane presque. Et puis, au bout de quelques minutes, le doigté de l’artiste se fait sentir plus lourd, plus pesant, la voix s’aggrave et le ton devient de plus en plus sombre. Cela monte crescendo, jusqu’au moment où les accords de piano, de plus en plus insistants sont rejoins par des déflagrations de déchirements électroniques. On atteint alors le summum d’une crise passagère que l’on aspire secrètement à voir durer un peu.

Le morceau se termine, on attrape alors la pochette : un portrait de l’artiste en présence, Anja Plaschg, chevelure rousse, teint diaphane, regard grave, le tout sur un fond noir. On comprend alors (du moins on espère !) que l’album entier sera à l’image de cette pochette : d’une beauté frappante, mais d’une tristesse qui crève les yeux, chargée d’un deuil et d’émotions personnelles qui ne demandent qu’à prendre forme…
On continue donc.

Le second morceau commence, et c’est alors en français que Anja continue ce nouvel album : « Au dessus des vieux volcans… ». Oui, vous ne rêvez pas, c’est bien Voyage voyage de Desireless que vous êtes en train d’entendre. Néanmoins, la comparaison s’arrête ici, cette version entièrement revisitée donne un second sens au morceau. Beaucoup moins léger que la version initiale, certes, mais plus émouvant également. Et après tout c’est aussi une question d’époque me direz vous !

Que les soucieux se rassurent ici : la suite de l’album est entièrement en anglais, et on ne touche plus aux classiques de variété française des années 80 ! Quelque-chose de plus usuel en somme ? Hm… non, pas vraiment.

Deathmental : on reste dans la gravité initiale mais sur une toile électronique, et avec une rythmique qui donne un second souffle à cet album. Le tempérament de l’artiste commence sérieusement à s’affirmer, et les comparaisons avec le groupe expérimental Xiu Xiu se justifient. Ca crache, ça s’énerve, on se dit qu’il est déjà loin le piano…

Et bien non : une nouvelle touche de légèreté (entendez donc, de piano) vient soulager nos tympans avec Cradlesong. Cette douce ballade vient nous poser la question : préfère t’on lorsqu’elle s’énerve, ou lorsqu’elle est calme, Anja ? Tout est dans l’alternance, on l’aura bien compris. C’est un peu schizophrène, et c’est aussi ça qui nous plait.

Wonder, Lost, Boat turns toward the port… les morceaux se succèdent, et on continue de se délecter du clavier de la jeune autrichienne. On se laisse porter, et on ne se rend pas compte que l’on atteint bientôt la dernière piste.

Big hand nails down, la touche d’énergie qu’il nous fallait pour clôturer avec brio ce nouvel opus. Cela nous laisse comme un petit arrière-goût de Fever Ray, ce qui à mon sens est plutôt bon signe.

Puis la musique s’arrête brusquement, et on se dit que huit pistes, ça passe plutôt vite finalement…
Bravo Anja, tu m’as envoûté.