Le Pen – Mélenchon : Marions-Les !

Publié le 14 mai 2012 par H16

C’est maintenant officiel : Hénin-Beaumon sera l’arène officielle du combat qui verra s’affronter les deux leaders des Fronts socialistes, l’un nationaliste et l’autre internationaliste, dans une joute qu’on sait déjà d’une haute volée rhétorique, avec des « même pas mal » et des « et puis c’est celui qui dit qui est »…

On ne peut cependant s’empêcher de noter quelques similitudes sur les situations qui occupent les deux têtes de liste, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Outre la présence de trois mots dans leur patronyme (Coïncidence ? Je ne pense pas…), force est de constater que si les deux fronts se marchent régulièrement sur les pieds, c’est — outre une anatomie favorable à ce genre de boutades — parce que leur électorat et leurs thèmes de prédilections sont proches.

On m’objectera bien sûr tout un tombereau de différences subtiles et avérées entre les deux partis histoire de bien me faire comprendre que non, l’électorat ouvrier de Marine n’a jamais été, dans le passé, un électorat communiste, et que Jean-Luc ne cherche pas à prolonger l’euphorie (ou l’agonie, c’est selon) de la présidentielle en allant ouvertement chasser sur les terres populaires. Peut-être. Je me borne cependant à constater que bien des éléments des deux programmes se chevauchent à tel point que c’en est comique.

D’ailleurs, si on passe le stade des petites phrases et des injures, …

… et si l’on ne se focalise pas trop sur la posture amusante et anti-système de l’un et de l’autre,

… on se rend compte que nos deux leaders ont des vues similaires sur l’origine du mal :

Eh oui : la mondialisation, c’est un gros boulet aux jambes de la classe ouvrière et des forçats de la terre. Mondialisation qui doit bien évidemment tout à la faiblesse de l’État, dépouillé progressivement de toutes ses prérogatives, le pov’pti’chou, à tel point que tout part en sucette. Il faut donc revenir vite fait quelques années en arrière, de préférence une cinquantaine, lorsque la Poste, le Téléphone et les Télégrammes étaient nationaux, et qu’au moins, l’ORTF distribuait une information de qualitay préalablement filtrée avec précision et justesse.

Et cet État fort permettra, on le sait déjà, d’éviter la peste, le choléra, et les faillites bancaires qui lessivent le petit épargnant tout en régulant le monde financier qu’on ne doit surtout pas sauver de la faillite avec l’argent du contribuable, et débrouillez-vous pour concilier tout ça dans un joli package prêt à voter :

Sans oublier bien sûr que l’anticléricalisme pourra s’exprimer en parfum Purée de Muslim côté droit ou parfum Catho-Claqué côté gauche :

On saupoudrera le tout d’un peu de protectionnisme qu’on appellera différemment dans les deux cas, histoire de ne pas effaroucher le quidam un peu benêt :

Tout ceci est, quasiment, préparé à l’avance, et on voit assez bien à quoi va pouvoir se résumer l’ensemble des interventions des deux candidats dans la circonscription en question.

Maintenant, il faut aussi se poser la question : pour chaque gagnant, il y aura un perdant. Et si l’hypothèse la plus probable est que Marine Le Pen se trouve élue, il faut tout de même se poser la question, d’un côté comme de l’autre, de savoir quel destin attend nos deux clowns à roulettes dont, je vous le rappelle, les fanfreluches électorales sont payées par vous, contribuables français, ce qui donne une excellente motivation pour, au moins, rire du spectacle.

Toute cette agitation sent délicieusement bon un précédent débat, entre deux socialistes, qui se sont battus pendant deux heures devant des caméras nationales, pour nous prouver qui avait le plus piqué dans les poches des contribuables pour redistribuer généreusement à des corporations, des intérêts particuliers ou des groupes de pressions plus ou moins légitimes…

Oui, pas de doute : Mélenchon contre Le Pen à Hénin-Beaumon, ce sera comme Sarkozy contre Hollande, la retenue nécessaire dans un enjeu présidentiel définitivement évaporée. On devrait donc assister à une campagne de haute volée.

Le plus triste est que si le ridicule de la situation n’échappera sans doute pas à la plupart des Français dans cette circonscription là, il pourrait être occulté dans les 576 autres ou, dans une mesure tout à fait équivalente, se dérouleront les mêmes débats pour trancher qui ira piocher le plus dans la poche des autres.

Ce pays est foutu.