Le secteur bancaire dans la tourmente.

Publié le 14 mai 2012 par Boursomax
Par Patrick Abbal Après une nouvelle réforme réalisée en fin de semaine dernière en Espagne portant sur le système financier, les banques ont annoncées devoir trouver plus de 11 milliards d'euros supplémentaires pour 2012. Au total c'est 30 milliards d'euros que les banques devront mettre de côté en plus des 54 milliards déjà provisionnés au mois de février. Même si Bruxelles félicite le gouvernement espagnol pour ces mesures rapides et profondes, les marches semblent beaucoup plus circonspects sur l'utilité d'une nouvelle réforme à si peu d'intervalle avec la précédente. Il faut toutefois noter que les banques Espagnoles ont eu largement recours au LTRO en récupérant près de 150 milliards d'euros soit un peu plus de 15% de la somme débloquée pour l'ensemble des banques de la Zone Euro. Les investisseurs se demandent donc comment les banques vont s'y prendre pour trouver les capitaux nécessaires pour faire face à leurs nouvelles exigences de fonds propres dans le cadre de l'assainissement de leur bilan très exposés au risque immobilier.  L'agence de notation Moody's s'inquiète sur l'impact que ces réformes pourraient avoir sur la dette Espagnole en raison de la diminution de l'envergure d'investissement des banques du pays qui sont les premiers souscripteurs de bons du trésor ibériques, une hausse des taux est donc à anticiper.

Vers une nationalisation des banques Espagnoles?

La semaine dernière la quatrième banque du pays a demandé une nationalisation partielle en raison des graves difficultés qu'elle traverse, et notamment à cause de sa très dangereuse exposition sur le secteur immobilier qui ne lui permet pas de faire face aux nouvelles exigences de matière de provisions et de fonds propres. Le gouvernement espagnol a décidé de venir au secours de l'institution à travers une aide qui induit une prise de participation par la souscription d'obligations convertibles en actions. L'Etat détiendrait donc plus de 45% du capital de la banque à la suite de cette opération, et selon le même processus il va accorder une aide de 15 milliards d'euros supplémentaires pour l'ensemble des banques du pays et ainsi entrer dans le capital. Il s'agit là d'un signal très négatif qui montre une fois de plus la fébrilité du système bancaire en Espagne, d'autant plus que le pays n'a pas les moyens de soutenir de telles dépenses, ni de tels risques.

Le bal des recapitalisations !

Les banques Chypriotes ont apparemment souffert de la crise grecques car les institutions ont enregistrées une perte de plus de 3 milliards d'euros ce qui équivaut à 17% du PIB de l'île. En effet le président du pays a soulevé le problème aujourd'hui en prenant la parole à Bruxelles et s'est exprimé sur un besoin de recapitalisation urgent. Il a toutefois envisagé trouver une solution en interne pour éviter d'avoir recours au FESF. La source du problème viendrait de Popular Bank trop exposée à la dette grecque qui a beaucoup perdu lors de l'échange de titre et du Hair Cut effectué dans le cadre de la restructuration de la créance Hellénique.
Quelques jours plus tôt ; c'est la banques Franco-Belge DEXIA qui avait annoncée avoir perdu plus de 11 milliards d'euros au titre de l'exercice 2011. Celle-ci va devoir de RE-passer au guichet pour cause de besoins en capitaux, besoin qui serait estimé à hauteur de 5 milliards d'euros. La banque avait choisit comme stratégie de garder son portefeuille de 250 milliards d'euros d'actifs, mais ce choix stratégique ne semble pas porter ces fruits pour le moment.

Le nuage de Tchernobyl s'est arrêté aux frontières de la France, rassurez-vous !

Christian Noyer président de l'ACP, a déclaré que les banques françaises ne seraient en aucun cas inquiétées par un scénario catastrophe en Grèce. Selon les principales banques françaises et notamment Crédit Agricole qui s'est récemment embourbée avec sa filiale Emporiki, elles auraient largement provisionné pour face a toutes les éventualités de catastrophe.


Tout cela intervient dans un contexte déjà particulièrement tendu après la perte de trading de deux milliards de dollars annoncée la semaine dernière par la première banque Américaine JP Morgan. En effet la sortie de la Grèce de la Zone Euro pourrait faire subir au secteur financier un "stress-test" grandeur nature qui serait décisif pour l'avenir des métiers de la finance. A l'heure où le bras de fer entre les partisans de la règlementation et les lobbyistes anti-Volcker est déjà bien engagé, il semble que les mentalités soient entrain de changer et que tôt ou tard les défenseurs de la dérégulation capituleront face aux trop fréquents incidents de parcours de l'industrie financière.

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