65ème Festival de Cannes

Publié le 15 mai 2012 par Boustoune

65ème Festival International du Film – Cannes (06)
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du 16 au 27 mai 2012 –

“Voici le mois de mai, où les fleurs volent au vent…”
Ah! Le beau mois de mai! Les arbres fleurissent, les jours rallongent. Joie, pour le poète, de partir en promenade au bord de la mer, dans la baie de Cannes, pour trouver l’inspiration. Oh! Beauté du soleil qui vient illuminer les palmiers de ses rayons dorés. Ah! Spectacle admirable que le ballet des mouettes qui virevoltent au-dessus de la Méditerranée! Ehhhh… Mais que….
**flashs** **bruits de foule** **bousculade** ”Djordje! disse oué plizz” **cohue** **flashs** **coups de coude**  “Brad! Brad! Un autographe siouplé!” **émeute** **flashs** **cris hystériques** “Dites voir mon brave, savez-vous si le dernier Mungiu passe en séance du lendemain à la salle du 60ème?” “Euh…” ** flashs** ** carnaval des animaux”

Hé oui l’ami, le mois de mai, ce n’est pas que pour les poètes. Surtout à Cannes, à vrai dire… Parce que, pendant quinze jours, on n’y parle que de cinéma, de films, de stars, de production, de réalisateurs aux noms improbables inconnus du grand public. On n’attend pas la vague comme à Nice, on parle de “Nouvelle vague”.
Hé oui, c’est le festival de Cannes !
Les cinéphiles de tous horizons s’y donnent rendez-vous pour découvrir une sélection de films réalisés par les meilleurs cinéastes mondiaux, tandis que les curieux s’agglutinent au pied des célèbres marches pour avoir la chance d’apercevoir des stars hollywoodiennes. Les paparazzi prennent des photos par milliers et les chasseurs d’autographes guettent les sorties d’hôtel… L’ambiance est folle. On est comme dans une bulle coupée du monde. Tout tourne autour du 7ème art et exclusivement du 7ème art…

Après un cru 2011 de bonne tenue, de l’avis général, cette 65ème édition s’annonce également prometteuse, avec une touche de glamour en plus, à l’instar de son affiche, un portrait de Marylin Monroe.
En compétition officielle, on ne retrouve que des metteurs en scène confirmés.
Jacques Audiard, qui a déjà gagné un prix du scénario et un Grand Prix du Jury, essayera de conquérir le jury présidé par Nanni Moretti et de remporter ainsi sa première palme d’or avec De Rouille et d’os. Même objectif pour Matteo Garrone (Reality), précédemment récompensé d’un grand prix il y a quatre ans. pour Gomorra, Walter Salles (Sur la route), Carlos Reygadas (Post tenebras lux) ou David Cronenberg (Cosmopolis).
Michael Haneke (Amour), Ken Loach ( La Part des anges), Cristian Mungiu (Au-delà des collines), Abbas Kiarostami (Like someone in love) essayeront, eux, de glaner une seconde Palme d’or pour entrer définitivement dans la légende cannoise. 

  
  
Parmi les habitués, on trouve aussi les deux cinéastes sud-coréens, Hong Sang-soo (L’Ivresse de l’argent) et Im Sang-soo (In another country), le danois Thomas Vinterberg (La Chasse), le biélorusse Sergei Loznitsa (Dans la brume).  
Jeff Nichols, qui a fait  sensation l’an passé dans une section parallèle, à la Semaine de la Critique avec Take Shelter, découvrira cette année les joies de la compétition avec Mud. Même chose pour Lee Daniels (The Paperboy) qui avait brillé à Un Certain Regard avec Precious, pour l’égyptien Yousri Nasrallah (Après la bataille) ou pour les deux australiens Andrew Dominik (La Mort en douce) et John Hillcoat (Des hommes sans loi).
 
Du côté des cinéastes locaux, outre Audiard, on trouve le vétéran Alain Resnais (Vous n’avez encore rien vu) et Leos Carax (Holy motors). D’un côté, un cinéaste qui continue de tourner malgré ses 90 printemps, de l’autre un oiseau rare qui tourne peu (son dernier long, Pola X, remonte à 1999) et suscite souvent la polémique.
Justement : Et le scandale dans tout ça?  Tous les ans, ou presque, il y a un ou deux films qui suscitent un brin d’émotion et génèrent des réactions épidermiques.
L’année dernière, c’est Michael de l’autrichien Markus Schleinzer qui avait fait parler de lui. Cette année, c’est encore un film autrichien qui pourrait chatouiller les festivaliers, Paradis : amour d’Ulrich Seidl, qui avait déjà glacé les sangs des spectateurs avec Import-Export en 2006.  

Hors compétition, des films, excusez du peu, de Fatih Akin, Apichatpong Weerasethakul, Raymond Depardon, Bernardo Bertollucci ou Philip Kaufman.
Et puis, pour le fun, une montée des marches sur le tube “I like to move it move it!”. Ca va être drôle de voir tous ces gens en costard aller voir un film dont les pingouins sont les vedettes. Si, si, les vrais stars de Madagascar 3, ce sont les pingouins agents secrets!
Et pour les noctambules qui préfèrent les salles obscures aux fiestas sur les plages alentour, Thierry Fremaux les a gâtés : deux séances “frissons” avec le  Dracula de Dario Argento, en 3D, et le remake de Maniac avec Elijah Wood dans le rôle jadis tenu par le regretté Joe Spinell, et une comédie musicale de Takashi Miike, Ai to makoto, qui semble revenir à un cinéma déjanté après quelques films plus sages. 

Bon d’accord, ça manque un peu de réalisatrices tout ça… Après une édition 2011 ayant permis à ces dames de se faire remarquer, cette année s’annonce très masculine. On attendait pourtant le nouveau film de Valérie Donzelli en sélection officielle.
Ca manque aussi un peu de sang neuf. Le charme des festivals en général, et Cannes en particulier, est de faire découvrir de nouveaux talents, de nouveaux univers de cinéastes. Là, on a surtout des grands noms et des jeunes confirmés. Bon, on ne va pas se plaindre non plus… 

   

De toute façon, les jeunes talents sont souvent à chercher du côté des sections parallèles.
La Semaine de la Critique s’est un peu spécialisée dans ce créneau et on attend de découvrir les pépites qu’ils ont déniché pour nous cette année…
Idem du côté de La Quinzaine des Réalisateurs, placée cette année sous le signe de l’humour.
Michel Gondry assure l’ouverture avec The we and the I. Patar et Aubier présentent leur nouveau long, Ernest & Celestine et Bruno Podalydès livre un film dont le titre adieu Berthe, l’enterrement de méméne reflète pas le contenu fantaisiste.
Quant à Ben Wheatley, auteur du glaçant Kill list, il s’attaque lui aussi au registre de la comédie avec Sightseers. Le film étant proposé en séance spéciale, peut-être pouvons nous nous attendre à quelque chose d’assez sombre quand même…

Sinon, un Certain Regard, section souvent qualifiée d’ antichambre de la compétition officielle, s’annonce une fois de plus d’excellente qualité : Pablo Trapero, Xavier Dolan, Lou Ye, Kervern & Delépine, Sylvie Verheyde, Joachim Lafosse, …,  viendront présenter leurs nouveaux longs-métrages. 

Et pour tous ceux qui préfèrent les vieux films, Cannes Classics propose, comme tous les ans, une sélection de films restaurés, présentés quand cela est possible, par des membres de l’équipe d’origine.  

Et pour clore comme il se doit ce 65ème Festival, un hommage sera rendu à Claude Miller, avec la projection de son dernier film, Thérèse Desqueyroux.

Alors, tant pis pour les poètes, mais tant mieux pour les cinéphiles…

”Voici le mois de mai, où les films sont dans le vent…”

PS : Cette année encore, Angle[s] de vue sera présent sur les marches pour une chronique quotidienne du festival…

Plus d’infos : Site officiel du Festival de Cannes