Les marchés peinent à retrouver des couleurs

Publié le 17 mai 2012 par Bourlingueur

Les marchés financiers continuaient à broyer du noir jeudi, en proie à des craintes sur une sortie de la zone euro de la Grèce et sur les risques de contagion à d’autres maillons faibles comme l’Espagne, qui a vu ses taux d’emprunt grimper.

« La peur continue de dominer les marchés. Alors que les problèmes de la Grèce restent au coeur des inquiétudes », les investisseurs ont aussi suivi de très près une émission de dette en Espagne, notait l’analyste Anita Paluch du cabinet Gekko.

En l’absence de nombreux investisseurs en raison d’un jour férié dans plusieurs pays européens, les Bourses poursuivaient leur mouvement de baisse: vers 15H50 (13H50 GMT), Paris perdait 0,61%, Londres 0,99%, Francfort 0,50%, Madrid 1,11% et Milan 1,57%.

Pourtant, après dix jours de tractations politiques infructueuses pour former un gouvernement de coalition, un exécutif provisoire a été nommé à Athènes pour expédier les affaires courantes.

Cette annonce n’a pas enrayé la chute de l’euro, qui est tombé à un nouveau plus bas depuis quatre mois. Vers 15H50 (13H50 GMT), l’euro valait 1,2690 dollar contre 1,2715 dollar mercredi.

Inquiète de la situation en Europe, la Bourse de New York réculait également, le Dow Jones cédant 0,20%.

« La Grèce reste au centre des préoccupations des investisseurs », a commenté le courtier IG Market, ajoutant que « les nombreuses rumeurs qui envahissent les marchés maintiennent un climat d’extrême tension »

Les titres bancaires étaient particulièrement malmenés. Les informations sur des retraits d’argent au guichet des banques grecques ainsi que des rumeurs selon lesquelles les établissements grecs ne peuvent plus se refinancer auprès de la BCE plombaient le secteur.

Les dernières élections en Grèce ont vu la montée en puissance des partis anti-austérité et leur possible accession au pouvoir après le prochain scrutin prévu le 17 juin pourrait remettre en cause le maintien du pays au sein de la zone euro, d’où l’inquiétude des épargnants grecs.

Le rejet des engagements de la Grèce vis-à-vis de ses créanciers, UE et FMI, serait « désastreux », a prévenu le Premier ministre sortant Lucas Papademos.

« On est dans un cercle vicieux. Plus les banques grecques inquiètent, plus la population est incitée à retirer ses capitaux, ce qui aggrave encore le phénomène de sous-capitalisation de certains établissements », a commenté Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Natixis AM.

Un phénomène similaire a été observé en Espagne, où les clients de Bankia, banque en difficulté qui vient d’être nationalisée, ont déjà retiré plus d’un milliard d’euros ces derniers jours, selon le journal El Mundo.

Dans ce contexte, les marchés étaient très fébriles.

Une émission de dette espagnole très attendue par les investisseurs a permis à Madrid d’emprunter 2,494 milliards d’euros à 3 à 4 ans, dans le haut de la fourchette visée, mais à des taux d’intérêt en forte hausse (4,375% à 5,106% contre 2,89% à 4,037% auparavant).

Le pays suscite à nouveau, depuis quelques semaines, l’inquiétude des investisseurs, qui doutent de sa capacité à réduire son déficit public alors qu’il doit venir en aide à ses régions et à son secteur bancaire, tous deux fragilisés depuis l’éclatement de la bulle immobilière en 2008.

Les chiffres définitifs du PIB publiés jeudi ont confirmé l’entrée de l’Espagne en récession, avec un recul de 0,3% au premier trimestre par rapport au dernier trimestre 2011, où il avait déjà baissé de 0,3%.

Signe de ces préoccupations, la prime de risque espagnole (surcoût que doit payer l’Espagne pour emprunter à dix ans, par rapport à l’Allemagne, considérée comme référence) restait à un niveau très élevé, à 490 points de base.

La situation de la zone euro devait figurer aussi au centre d’une vidéo-conférence entre les dirigeants français, allemand, italien et britannique et ceux de l’Union européenne programmée dans l’après-midi, à la veille du sommet du G8 prévu à Camp David, aux Etats-Unis.

source : AFP