Laurence Parisot : le patronat collabore

Publié le 19 mai 2012 par Copeau @Contrepoints

François Hollande à peine élu président, le Medef s’empresse de déclarer ses velléités de collaborer avec le gouvernement de gauche. Il faut dire qu’il n’avait pas beaucoup résisté.

Un article de l’aleps.

Laurence Parisot, présidente du Medef

Dans une interview donnée aux Échos vendredi 11, la présidente du Medef en aura surpris plus d’un. « Beaucoup de commentateurs soulignent les points de désaccord entre le patronat et la gauche, et passent sous silence les points d’accord. » En critiquant d’avance tout relèvement de la fiscalité des entreprises (la fiscalité sur les personnes n’est pas l’affaire du Medef, précise-t-elle), elle marque en revanche son accord sur la dimension sociale du programme socialiste : « l’approche de François Hollande sur le dialogue social correspond très largement à ce que nous préconisons depuis longtemps ». L’essentiel n’est-il pas de sauver « le dialogue social » ?

On le comprend bien de la part de la dirigeante d’une association de permanents syndicaux du patronat dont la raison d’être est de négocier avec les permanents syndicaux des salariés. Oubliée l’attaque de Sarkozy contre les syndicats, pourtant on avait cru comprendre que Laurence Parisot était plutôt du côté UMP avant le 6 mai. Oublié aussi l’engagement de la CGT aux côtés d’Hollande – c’est une « affaire interne » au syndicat communiste.

La réaction de Laurence Parisot n’est pas originale. On a vu Yvon Gattaz entrer en collaboration avec la gauche et les syndicats après la victoire de François Mitterrand.

Mais là où l’on trouve la réaction excessive, c’est quand la Présidente part en guerre contre la ligne allemande. « Je souhaite que soit mise aussi en débat l’instauration d’un SMIC en Allemagne »… Mais le meilleur reste à venir : « Nous souhaitons que l’Allemagne ait une approche plus coopérative et une politique davantage axée sur la demande. » Voilà donc le patronat enfin converti au keynésianisme, partisan d’une stimulation de la demande, c’est-à-dire d’un pouvoir d’achat créé ex nihilo. La politique « axée sur l’offre », qui lie la croissance à la libération des entreprises, à l’allègement des réglementations et des prélèvements, n’intéresserait donc plus les « patrons » français.

En réalité, pour faire honneur à la qualité de patron, il faut se battre pour la liberté économique, seule garante de l’emploi des producteurs et du service des consommateurs. Les patrons allemands sont présents dans le débat politique, le patronat institutionnel français en est absent. Les vrais patrons l’ont déserté depuis longtemps. Et ceux qui restent ne veulent surtout pas d’ennui avec la syndicratie.

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