Et pourquoi pas une « Entrepreneur Pride » ?

Publié le 21 mai 2012 par Copeau @Contrepoints

Entrepreneurs, regroupons-nous et montrons-leur que nous sommes fiers : fiers d’avoir créé notre propre emploi, fiers d’en procurer à nos salariés et à nos sous-traitants, fiers de contribuer à la croissance.
Par Frédéric Wauters, depuis Bruxelles, Belgique.

Si, pour la majorité de la population, la Gay Pride est devenue un « simple » événement festif, la communauté gay lui accorde une tout autre signification : y participer, c’est commémorer et poursuivre la lutte menée par la communauté gay contre la discrimination dont elle a longtemps été victime, et qui n’a malheureusement pas encore cessé, qu’elle concerne la loi ou la vie quotidienne. Les entrepreneurs belges devraient-ils aujourd’hui s’en inspirer ?

Des progrès encourageants…

J’admets, l’idée semble un brin provocatrice. Et pourtant, le parallèle m’apparaît évident. Si les gays, lesbiennes et autres transgenres ressentent encore aujourd’hui le besoin d’organiser ces cortèges à travers le monde, ce n’est pas juste par sens de la fête. C’est aussi parce que, même dans nos pays dits « civilisés », les propos et les actes homophobes sont encore trop fréquents. Parce que la lutte pour leur droit à mener la vie qu’ils entendent mener n’est pas terminée. Même si, et c’est fort heureux, elle a déjà enregistré de nombreux progrès, dont le plus récent est l’accession d’un gay au poste de premier ministre.

Hélas, ce même gouvernement a, depuis son arrivée au pouvoir, développé une rhétorique haineuse vis-à-vis d’une autre catégorie de la population : les indépendants et les entrepreneurs…

… et de nouveaux opprimés

En moins de temps qu’il n’en faut pour le lire, ministres et parlementaires, du gouvernement comme de l’opposition, se sont mis à vilipender les nouveaux boucs-émissaires, encouragés par le discours du Grand Inquisiteur de l’Orthodoxie Fiscale secrétaire d’État à la lutte contre la fraude fiscale, John Crombez. Faisant fi de la doctrine juridique, ce nouveau Torquemada a rapidement fait l’amalgame entre la fraude fiscale et la simple optimisation fiscale. Pourtant, rien de plus différent que ces deux notions. La fraude fiscale est un délit, punissable et, me semblait-il dans ma naïveté, objet unique de l’attention de ce brave homme, vu le titre de sa fonction. L’optimisation fiscale, quant à elle, est une simple technique visant à éviter de payer un impôt trop élevé dans le respect des lois en vigueur. D’ailleurs, les indépendants ne sont pas les seuls à la pratiquer : mentionner l’emprunt hypothécaire réalisé avec votre conjoint dans votre déclaration commune à l’IPP en optant pour la grille de répartition la plus favorable, c’est déjà de l’optimisation fiscale. Mettre de côté pour votre pension grâce à une épargne pension (déductible) plutôt que d’acheter une sicav (non défiscalisée), c’est encore de l’optimisation.

Mais si l’optimisation pratiquée par les salariés et les fonctionnaires est morale aux yeux des politiciens, il n’en va pas de même de celle mise en œuvre par les entrepreneurs et des indépendants. Ces derniers, qui ont le front de vouloir mener seuls leur barque, devraient courber l’échine sans rien dire pendant que le gouvernement les tond. Ils ne l’entendent pas de ces oreilles ? Qu’à cela ne tienne, livrons-les à la vindicte populaire en salissant leur image.

Et aujourd’hui, nous en sommes là. Dans un pays où de plus en plus d’entreprises pensent à plier bagage, et où le chômage va croissant, les vrais créateurs de prospérité et d’emplois sont traînés dans la boue, conspués et accusés de tous les maux.

Alors oui, s’il le faut, organisons une « Entrepreneur Pride ». Regroupons-nous et montrons-leur que nous sommes fiers : fiers d’avoir créé notre propre emploi, fiers d’en procurer à nos salariés et à nos sous-traitants, fiers de contribuer à la croissance. Et que nous ne nous laisserons pas salir sans réagir. J’invite donc les indépendants et entrepreneurs à organiser un cortège festif mais digne dans les rues de toutes les villes du pays. Quel jour ? Le prochain jour de libération fiscale, pardi !

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