Cancer de la peau: L’insouciance du vacancier

Publié le 22 mai 2012 par Santelog @santelog

Une menace bien réelle, mais évitable, pour la santé, développée dans ce numéro spécial du Bulletin hebdo de l'Institut de veille sanitaire. Qu'ils soient naturels ou artificiels, les U.V. présentent de nombreux dangers et pourtant…
Incidence des mélanomes en hausse, en particulier chez les plus jeunes et les hommes, forte croissance du marché des cabines U.V., si 9 Français sur 10 sont bien au courant du risque cancérigène des U.V., notamment artificiels, les campagnes de prévention ne font rien, dans les faits, à l'insouciance des vacanciers et à l'inconscience des amateurs de lampes U.V.

 

Le nombre de cancers de la peau double pratiquement tous les 10 ans. Parmi eux figurent les mélanomes, les tumeurs cutanées les plus graves et les plus difficilement curables. Le mélanome cutané constitue ainsi la 6è cause de cancer chez la femme avec 5.100 nouveaux cas estimés, le 8ècancer chez l'homme avec 4.680 nouveaux cas estimés et la 14ème et 12ème cause de décès respectivement chez la femme et chez l'homme correspondant à plus de 1.600 décès chaque année. Entre 1980 et 2005, l'incidence du mélanome de la peau n'a cessé d'augmenter de +3,4% chez la femme et de +4,7% chez l'homme. Une grande étude des NIH montrent la croissance spectaculaire de l'incidence du mélanome chez les moins de 40 ans. En France, l'étude, publiée en février dernier par l'InVS et les registres de cancer, montre que les mélanomes à pronostic plus sévères augmentent chez les hommes.

L'insouciance du vacancier qui oublie les mesures de protection de base comme le port de vêtements protecteurs, les applications de crèmes solaires ou qui ne les utilise pas de façon correcte. Une récente étude du Dana-Farber Cancer Institute, publiée dans la revue Nature explique bien comment les U.V. solaires accélèrent la mutagenèse à l'origine du développement du mélanome.

L'inconscience de l'amateur d'U.V. artificiels : L'InVS rappelle les preuves scientifiques des effets cancérigènes des rayons U.V, effets classés comme « cancérogènes certains pour l'Homme » en 2009 par l'IARC (International Agency for Research on Cancer, et par de nombreuses études, dont une récente démontrant que la population atteinte de mélanome se caractérise par une utilisation plus fréquente, plus intense et plus prolongée d'UV artificiels. Par ailleurs, les professionnels du bronzage ne bénéficient que d'une très légère formation de 3 jours sur les notions médicales liées à la délivrance des UV. Pourtant, si selon le Baromètre Cancer 2010, 9 personnes sur 10 déclarent qu'avoir recours aux cabines UV est une cause possible de cancer, le marché et le nombre d'adeptes du bronzage artificiel est en forte expansion : En 2010, 13,4% des Français déclarent avoir déjà utilisé des UV artificiels au moins une fois au cours de leur vie et un tiers des utilisateurs déclare une fréquence d'exposition supérieure à 10 fois par an. Peu d'utilisateurs réalisent néanmoins qu'une seule séance dans une cabine de bronzage UV correspond à une exposition de même durée au soleil de midi sur une plage des Caraïbes sans protection solaire et 40% des utilisateurs pensent que les UV artificiels préparent la peau au soleil. Et, non, l'exposition aux U.V. artificiels n'est pas nécessaire pour pallier au manque de vitamine D. 

L'addition sera lourde : L'InVS estime que 4,6% des cas de mélanomes cutanés, soit 347 cas annuels, sont attribuables à l'utilisation des cabines de bronzage et si ces cas induits ont le même pronostic que ceux induits par les UV d'origine naturelle, jusqu'à 76 décès annuels pourraient être attribuables à la pratique, soit une estimation de plus de 2.000 décès dans les 30 prochaines années…

Une communication pas suffisamment dissuasive : Selon les auteurs, une information plus dissuasive sur les dangers réels et une contradiction plus systématique des messages véhiculés par les associations des professionnels du bronzage pour rétablir dans l'esprit du public les conclusions scientifiques les plus solides sur la dangerosité des rayons UV artificiels, devient indispensable.

Source : InVS 22 mai 2012 / n° 18-19


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