Louise Michel

Publié le 23 mai 2012 par Olivier Walmacq

Les employés d'une entreprise de textile se sont virées suite à une délocalisation. Elles décident alors de s'occuper de leur patron en employant un tueur à gages...

La critique délocalisée de Borat

Gustave Kervern et Benoît Delépine. Voilà deux noms que vous ne connaissez peut être pas, mais les fans des Guignols et de Groland doivent les connaîtrent un peu plus. Delépine est surtout connu pour incarner dans la dernière émission le célèbre Michael Kael, vous savez celui qui encule des moutons dixit Alain De Greef (voir la vidéo sur l'article concernant Putain 20 ans) ou se fait chier dessus par des vaches.
Depuis 2004, ils se sont dit qu'envahir le Cinéma français ce ne serait pas un mal pour leur carrière. D'abord avec les discrets Aaltra et Avida, puis ils commencent à s'imposer avec Louise Michel et surtout avec Mammuth.
Maintenant, les cocos se retrouvent à Cannes pour Le grand soir et c'est l'occasion de parler du film qu'ils ont réalisé en 2008.
Attention, il ne s'agit pas d'un biopic sur la révolutionaire de la Commune de Paris viré à coup de pied au cul en Nouvelle Calédonie, mais d'une critique des entreprises ouvrières. On y retrouve dans les rôles principaux Yolande Moreau et Bouli Lanners et des apparitions de Benoît Poelvoorde, Albert Dupontel, Mathieu Kassovitz et Philippe Katerine.

Le film a eu par ailleurs un passage remarqué à Sundance puisqu'il a reçu un prix spécial originalité. Nous nageons dans le farfelu, ce qui est typique de nos deux amis. Sur ce point, ils touchent aux délocalisations et ironiquement le film est sorti juste après le krach boursier de 2008. Une ironie improbable qui prouve bien que le Cinéma peut aussi ironiser sur l'actualité. Pour Kervern et Delépine, il s'agit de taper sur les entreprises coupant les vivres de leurs employés pour gagner plus d'argents à l'étranger et font augmenter le chômage rien que d'un claquement de doigt.
Le pire étant que tout s'accumule tel un dramatique effet boule de neige. Le cas de Louise nous est montré. Un apartement minable, aucun amour, ennui profond... manquerait plus qu'elle se fasse viré de son immeuble.
Ca tombe bien, les propriétaires font détruire l'immeuble avec toutes ses affaires. Une séquence aussi cynique que tordante.
On voit Moreau aller vers son immeuble, ce dernier explose et elle s'en va comme si de rien n'était ! Dans le genre ironique, c'est vraiment une excellente scène. Pour se venger de leur employeur, Louise propose à ses collègues d'engager un tueur à gages.

Manque de bol, elle choisit un bras cassé de première! Trop payé mais très incompétent. Dans ce rôle, Lanner se trouve aussi paumé que sa compatriote belge, noyant son ennui dans l'alcool (quand l'autre c'est l'eau, ce qui donnera une superbe séquence de bar). C'est donc Louise qui va devoir faire le travail de Michel (vous avez donc compris le titre, n'est-ce pas? Toujours pas ? Bon ben je ne peux pas vous aider alors), bien que ce dernier préfèrerait parler de collaboration.
A noter que Moreau fera également la rencontre d'un férailleur improbable joué par Poelvoorde (le coup des miniatures du World Trade Center oh purée!) et d'un agriculteur écolo joué par Kassovitz. Deux personnages atypiques par excellence.
Kervern et Delépine sont donc fidèles à eux-même et pour notre plus grand plaisir, même si certains passages laissent à désirer dont celui avec Katerine (déjà que je n'aime pas le bonhomme alors en prestation bonjour...).
Mais dans l'ensemble, ce cru va jusqu'au bout de sa satire et tant mieux.

Une comédie particulièrement ancrée dans la réalité et au ton particulièrement cocasse.

Note: 15/20