Tendance : les pleureuses livresques

Par Gommette1

Depuis un long moment déjà, il ne sa passe pas une semaine sans qu’un auteur, intellectuel ou prof, essayiste ou polémiste, ne publie un ouvrage sur l’entrée en résistance pour sauver le… livre !

Olivier Larriza, prof, chercheur et romancier y va de son couplet ennuyant avec « La querelle des livres, petit essai sur le livre à l’âge numérique » (chez Buchet Chastel), une énième complainte, un tantinet caricaturale faut-il le préciser, sur la malfaisance et la superficialité du numérique sur les esprits, alors que le papier n’est que bonheur et profondeur pour les âmes humanisées par la Culture avec un « C » majuscule.

Avec habileté rédactionnelle, Olivier Larizza caresse le lecteur digital dans le sens du poil numérique en admettant la supériorité du e-book sur le livre papier, il s’inscrit notamment dans un mouvement tendanciel majeur et mondial, le nomadisme, et un usage expérientiel indéniable et partagé, l’encombrement. Une câlinerie fourbe pour mieux vilipender le numérique qui pervertit l’œil, l’affole même, rend les petites cellules grises paresseuses, ne permet pas de stimuler la mémoire, pousse à la destruction mentale, ne crée pas d’émotions sensorielles (l’odeur, le toucher, le souvenir)… : bref, la tablette est LE monstre à chasser de nos vies numériques.

Avec une mauvaise foi consommée, Olivier Larizza poursuit son argumentation à charge sur la supériorité écologique —très discutable— du papier versus le numérique ; pire encore, il évoque la « probable nocivité des ondes électromagnétiques sur les cellules ». Des accusations de café du commerce indignes pour un universitaire qui heureusement n’arrêteront pas la marche du temps. La télévision a-t-elle tué le cinéma ? Nenni. Le livre numérique n’assassinera pas le livre de papier, l’un et l’autre vont cohabiter comme un couple marié pour le meilleur et pour le pire. « Le livre est une poignée de main qui scelle le partage des intelligences », écrit Olivier Larizza. Le numérique est une caresse sur un écran qui émerveille l’intelligence et facilite l’accès à la connaissance par son immédiateté, sa mobilité et son encombrement limité.

Ah, détail qui a son importance, j’ai lu ce livre en mode numérique, en effet les éditions Buchet Chastel n’ont aucune envie de perdre des gros lecteurs comme moi dont la bibliothèque bien replète tient désormais dans une tablette…

Image : D.R.