Tout commence avant la naissance

Publié le 27 mai 2012 par Yvesd

Si c’est pas un scoop ça y ressemble ! Voila des années que les meilleurs cerveaux du pays s’interrogeaient sur cette grave et importante question : notre orientation politique relève-t-elle de l’inné ou de l’acquis ? Ou, si vous préférez, de nos gènes ou de notre éducation ? Grâce aux nombreux espions que j’entretiens à grands frais dans les plus hautes sphères scientifiques et intellectuelles de la rive gauche et d’ailleurs, je suis en mesure de révéler à mes fidèles lecteurs la conclusion d’un nombre impressionnant de colloques savants (rien à voir avec les « colocs ») et de symposiums érudits, sans parler du nombre équivalent de « planches » fraternelles administrées sur ce sujet dans les loges les plus emblématiques de nos principales obédiences. Le consensus serait qu’en fait, tout se jouerait environ 9 mois avant la naissance du jeune citoyen et futur électeur, c'est-à-dire lors de sa conception. A titre d’exemples :

Vous aurez toutes les chances d’être conservateur si vous avez été conçu par un couple légitime et marié à l’église, dans un lit et dans, ça va de soi, la position du missionnaire, au moment précis où Marie-Constance soupirait « Mon Dieu ! » tandis que Jean-Guillaume éructait « Vive la France ! ». Après, la voie est tracée, y’a plus qu’à la suivre : scolarité à Notre Dame de l’Immaculée Contraception, les scouts de France, Saint Cyr pour les garçons, l’Ecole du Louvre pour les filles, du Droit à Assas pour les plus ambitieux des deux sexes. La suite est facile à deviner : on prend les mêmes et on recommence ! Rencontre à l’université d’été des « Jeunes Pop’ » d’un (ou d’une) partenaires propre sur lui (ou sur elle), fiançailles dans la propriété de la famille de la demoiselle, re mariage à l’église… Vous connaissez la suite, pas besoin de vous faire un dessin…

Par contre, vous aurez toutes les chances de virer socialo ou assimilé si vous êtes issu des amours, certes légitimes mais non légitimés par une quelconque autorité religieuse, d’un couple d’employés statutaires de ces services publics que la planète entière nous envie. Surtout si « ça » s’est produit au cours d’un voyage de noces offert par le comité d’entreprise d’une grande entreprise ferroviaire, au camping des Flots Bleus, sur le clic-clac d’un mobile home mal insonorisé et dans la position dite du travailleur honorant la travailleuse. Surtout aussi si, à l’instant « critique », Josette pensait très fort au Che et si Marcel n’a pas pu s’empêcher de lui demander « tu le sens bien mon gros marteau ? hein ma faucille ! », juste histoire de lui confirmer poétiquement sa flamme prolétarienne… La suite est d’une banalité un peu affligeante : scolarité publique au collège-lycée Salvador Allende, préparation des concours de la fonction publique subalterne à l’université Pablo Neruda… J’arrête là, c’est trop déprimant.

Enfin, last but not least, il y a toujours la possibilité que vous soyez issu des libres amours d’un couple éventuellement marié quelque part, peut-être pacsé mais se vautrant plus probablement dans l’union la plus libre. Là, c’est inéluctable, vous allez sombrer dans le libéralisme le plus achevé si ce n’est dans le libertarianisme le plus déjanté. En particulier si vos parents biologiques avaient pour fâcheuse habitude de copuler n’importe où et n’importe quand ; surtout si votre géniteur avait coutume de fourrer sa (vraie) saucisse dans la galette de votre génitrice dans le désordre le plus spontané et dans des positions qui ne figurent même pas dans le manuel officiel d’éducation sexuelle édité par nos autorités éducatives à l’usage des d’jeunes. Ensuite c’est l’engrenage fatal : des lectures malsaines (Bastiat, Hayek, le blog « Restons Correct ! », Contrepoints…) et des fréquentations douteuses, genre des amis que je me suis fait sur Facebook…

C’est peut être dur à avaler mais on échappe rarement à son destin…