Charly 9 - Jean TEULE

Par Liliba

Est-ce un roi ou un pauvre clown ?

Charles IX a donné son accord pour l’abominable Saint Barthélémy, meurtre autorisé des protestants de Paris et du royaume le 2 août 1572, mais c’est à sa mère, Catherine de Médicis, qu’il appelle Mamma et à son jeune frère Henry Duc d'Anjou, sale petit minet aussi méchant qu’il est coquet et dévoyé, et à leurs conseiller qu’en revient la responsabilité.

Le jeune roi est en effet bien falot, immature et irresponsable et surtout totalement manipulé par ceux qui l’entourent, et le détestent.

Alors oui, il devient fou. Fou de ne pas avoir su dire non, fou du sang qui entache sa réputation et qui perlera bientôt sur tout son corps malade, fou des cris des suppliciés et mourants qui résonnent dans sa tête… On retiendra de lui l’image d’un roi sanguinaire, alors qu’il est juste frapadingue… Pauvre Charly !

Avec Teulé, on s’attend bien évidement à entrer de plein pied dans l’histoire et à en prendre plein la vue, les oreilles et la tête. Car l’auteur, avec sa verve habituelle, ne fait jamais dans la dentelle et revisite l’histoire avec ses mots, sa gouaille, son verbe coloré. Mais, si j’avais adoré ses précédents romans (Le magasin des suicides  - Je, François Villon - Le Montespan - Mangez-le si vous voulez ), je suis plutôt restée de marbre avec celui-ci.

Au contraire de certaines critiques lues ici et là, je n’ai pas trouvé ce roman drôle du tout. Plutôt triste, même, pathétique. Est-ce donc ça, la France ? Et ce roi, girouette débile et grimaçante, dont tous tirent les fils et qui s’embrouille, s’embrouille…

Bien sûr, l’écriture est truculente et les personnages caricaturés avec humour, mais cette histoire en partie revisitée, où se mêle le langage fleuri de l’époque et des termes très actuels m’a un peu fatiguée, désolée. Charly est grotesque et les descriptions parfois un peu trop outrancières (la tête dans le pâté, par exemple, quand le jeune roi veut faire l’autruche). Le lecteur est plus écoeuré qu’amusé.

J’ai regretté aussi que l’auteur ne reste que dans les anecdotes, le quotidien du roi (qui est certes fort occupé avec ses chasses, ses lubies, ses terreurs et cris et tous les courtisans qui lui tournent autour) et n’ai pas un peu plus insisté sur la politique de l’époque, la vie parisienne, les magouilles de Catherine de Médicis (affreuse bonne femme) et l’histoire en général. Teulé est resté dans le factuel, ne décrivant que la décrépitude de Charly, dont on se doute bien qu’elle ne pourra mener qu’à la catastrophe. Au final, ce pauvre roi, on lui pardonnerait presque la Saint Barthélémy, tant on le voit malheureux, paumé, et bien vite mourant…