Blonde - Joyce Carol OATES

Par Wakinasimba

Le livre de poche, 30 avril 2002, 1 115 pages

Résumé de l'éditeur :

« Alors, en début de soirée, ce 3 août 1962, vint la Mort, index sur la sonnette du 12305 Fifth Helena Drive.
La Mort qui essuyait la sueur de son front avec sa casquette de base-ball. La Mort qui mastiquait vite, impatiente, un chewing-gum. Pas un bruit à l'intérieur. La Mort ne peut pas le laisser sur le pas de la porte, ce foutu paquet, il lui faut une signature. Elle n'entend que les vibrations ronronnantes de l'air conditionné. Ou bien… est-ce qu'elle entend une radio là ? La maison est de type espagnol, c'est une « hacienda » de plain-pied ; murs en fausses briques, toiture en tuiles orange luisantes, fenêtres aux stores tirés.
On la croirait presque recouverte d'une poussière grise. Compacte et miniature comme une maison de poupée, rien de grandiose pour Brentwood. La Mort sonna à deux reprises, appuya fort la seconde. Cette fois, on ouvrit la porte. De la main de la Mort, j'acceptais ce cadeau. Je savais ce que c'était, je crois. Et de la part de qui c'était. En voyant le nom et l'adresse, j'ai ri et j'ai signé sans hésiter. »

Mon avis :

L'auteure met en garde le lecteur dans une note en début de roman : "Ce n'est pas dans Blonde, qui ne se veut pas un document historique, qu'il faut chercher des faits biographiques concernant Marilyn Monroe [...]" Dont acte.

Ainsi, dans ce roman, la vie de Norma Jeane est réinventée par l'écrivain. De ses nombreux foyers ou elle fut placée enfant, de ses nombreux films, Mme Oates ne parle que de quelques uns, les placant sous le signe des Gémeaux.

Car ce que l'auteure met en lumière, c'est cette double personnalité de la femme : à la fois Norma Jeane dans la ville, que personne ne reconnait, ou presque ; et Marilyn devant une caméra, l'actrice-née perfectionniste à l'extrême.

Elle est aussi l'éternelle petite fille qui cherche son papa, sa mère ayant toujours refusée de lui donner le nom de son père ; la petite fille qui réclame l'amour de sa mère, inlassablement. Elle est également la femme si seule au soir de sa vie, son corps utilisé par les hommes.

Je regrette toutefois - mais c'est un parti-pris de l'auteur - qu'il n'est pas été fait mention de son état dépressif. Sa dépendance aux médicaments étant décrite uniquement par son besoin de ne pas souffrir de ses règles.

Vous l'aurez compris, l'auteure est très présente dans ce roman et son écriture n'arrive pas à s'effacer devant "le mythe". Trop stylistique, la plume de Joyce Carol Oates est difficile à suivre, changeant de "musique" à chaque nouveau chapitre, ou presque. Ses "synecdoques" sont intéressantes, mais le roman ne bénéficie pas d'une atmosphère propre, dommage.

Certes, "Marilyn" est un personnage complexe, mais dont l'histoire aurait bénéficiée d'une écriture plus simple. J'ai eu l'impression, tout au long de ma lecture, que c'était l'auteure qui cherchait à se mettre en lumière plus qu'à mettre à l'honneur son personnage.

L'image que je retiendrai :

Celle de Cass Chaplin, Marilyn et leur "jumeau" Eddy G. visitant une maison alors que Marilyn est enceinte. Mais Cass et Marilyn perçoivent des ondes négatives dans cette demeure au passé troublé et abrègent la visite.