4 juin / L'homme qui aurait aimé voyager tout l'temps 3/5

Par Blackout @blackoutedition
4 juin L'homme qui aurait aimé voyager Tout l'temps 3/5 La place dj... imprononçable de Marrakech. L'homme avait opté sur le dépliant pour la période la moins onéreuse, il n'avait pas compris pourquoi, elle n'était pas plus détestable qu'une autre, question climat. Elle ne semblait... Place dj... Un silence religieux se fait malgré une nuée de monde comme des mouches sur un morceau de barbaque qui sèche au soleil. Muezzin. L'homme tente de se faire expliquer : les gens attendent la fin du ramadan, la foule se rue sur les étals, l'homme s'écarte pour ne pas se faire piétiner. Le spectacle est fascinant, pour une nuit la place est rendue aux siens les touristes se font tout petits et c'est une géante orgie : tout s'explique les retards de train les suppressions de bus la fatigue des autochtones et les regards agressifs lorsqu'en plein jour l'homme mange un chiche... L'homme a dû sauter une page ou deux du routard... Cracovie : Ce voyage s'ouvrit sur un lamentable gag. L'homme était en retard. Une erreur dans les comptes de la banque en fin de journée, le stress... Et ses deux petites filles seules à la maison, à l'autre bout de la ville. Sa femme avait dû aller turbiner. Sans doute. L'homme monta en trombe dans sa 205 sport, démarra. Il s'aperçut que sa bagnole était une petite bombe, lorsque l'esprit pris par ses deux filles, l'escalier le gaz le chien les allumettes ou un gros chagrin les pépins qui l'attendaient ne manquaient pas, il leva la tête et surprit, grossissant à 60km/h une voiture à l'arrêt au milieu de la chaussée ; debout sur les freins il constata que ceux-ci n'étaient pas à la hauteur de la nervosité de l'engin : la collision était inévitable. Grosse frayeur mais pas mort d'homme, pas même une égratignure. Par contre la bagnole de l'homme avait raccourci d'un mètre. Le rapport avec le voyage ? L'homme dut aller travailler en bus et à l'arrêt du véhicule susdit une petite annonce : Recherche participants Pour compléter voyage scolaire en Pologne Une semaine tout compris 1000 francs Et voilà l'homme avec son antique valise par un petit matin frileux de fin octobre, noyé au milieu de morveux de dix-sept ans ou à peine plus, la famille au complet sur le trottoir pour le sempiternel au revoir, le shake hand obligatoire et interminable. En plein Morvan alors que les gosses, branchés sur leurs baladeurs ne pipaient mot, l'homme réalisa qu'un break lui ferait le plus grand bien, le couple commençait à déraper... Un peu. Hormis les enseignants, ils étaient quatre vieux indépendants à avoir traversé sans trop d'encombres le mur du son des quarante balais, dispersés dans le car. Passé la frontière allemande et celle du jour les échanges intergénérationnels se firent courtois et l'homme se retrouva sous un casque en compagnie de Phil Collins qu'une mignonne adolescente lui avait baillé. Le sirop de rock ne lui écorchant pas les oreilles lui qui avait été nourri au lait de Jimi Hendrix, l'homme ferma les yeux et s'évada. Des envies de non retour à peine écorchées par le sourire de ses deux adorables gamines. Le car s'apprêta à franchir la mythique frontière de l'Est dans une nuit d'encre et pendant qu'il poireautait derrière une file interminable et surréaliste, tant de gens volontaires pour passer à l'Est !! des marmots qu'une vingtaine d'heures de route démangeaient descendirent dans l'inconnu, pistés de près par deux enseignants. Tout allait bien, le chauffeur coupait le moteur de temps en temps lorsque la file débloqua d'un coup : il fallait passer coûte que coûte... Et une dizaine de voyageurs sans papiers ni argent semée dans une ville plongée dans une obscurité hostile. Tout fut bien qui finit bien, in extremis les dissidents retrouvèrent le car tandis que le directeur négociait la patience des douaniers avec de bonnes vieilles bouteilles de vin français. Ils avaient tout prévu... A suivre... demain !

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