Indre Le magny Édith Azam, au Salon de la poésie

Par Poesiemuziketc @poesiemuziketc

La Nouvelle République 03/06/2012


« J’étais très nulle à l’école. Écrire, ça me tenait compagnie. »

C’est une des missions de la future Maison de la poésie : accueillir les poètes, ouvrir des résidences. Le logement n’est pas encore aménagé au prieuré du Magny, mais le principe est déjà mis en œuvre depuis l’installation du premier Salon de la poésie, en 2011.

Édith Azam, l’invitée de cette deuxième édition, succède à Julien Blaine, poète en résidence l’année dernière.
Financé par la nouvelle agence régionale Ciclic, le projet est double : travailler en écho à la correspondance de George Sand et rencontrer le public dans les écoles et les bibliothèques pour proposer des ateliers ou des lectures.
Présente pour une dizaine de jours entre Le Magny et Lys-Saint-Georges, où elle est hébergée, Édith Azam commencera sa résidence au mois de septembre prochain et la poursuivra durant l’hiver, jusqu’en décembre et en janvier.

Comment vous présenteriez-vous ?

Édith Azam :« Je suis née à Alès, dans le Gard, malheureusement le département le plus gagné par l’extrême droite aujourd’hui. J’ai bientôt 39 ans. J’écris depuis toute petite. En réalité, j’étais très nulle à l’école. Le savoir est une butée pétrifiante parfois. Et je viens d’une famille où il n’y avait pas de famille. J’avais la mèche au nez, je bégayais, j’étais garçon manqué : une enfance solitaire. Écrire, ça me tenait compagnie. J’ai été institutrice, puis j’ai démissionné. J’adore les enfants, mais j’avais l’impression que ma vie était déjà écrite. On aime la vie quand on est surpris par soi et par les autres, comme lorsqu’on est amoureux. La poésie permet cela, avec forcément tous les doutes qui vont avec. »

Qu’est-ce que la poésie pour vous ?

« C’est s’autoriser à être libre. Écrire, c’est quelque part la possibilité d’être désarmé. Ce qui ne veut pas dire que l’on est faible non plus. Par ailleurs, je ne me définis pas comme écrivain. Je ne suis pas fétichiste, je suis plutôt comme un enfant content de son château de sable. La poésie est aussi éminemment politique : la parole est un acte et doit être un engagement. A notre époque, nous avons des penseurs et des contre-penseurs institutionnalisés. Pour les poètes, il serait temps de reprendre le territoire, et pour cela il faut être proche des gens. »

Peut-on vivre de la poésie ?

« Financièrement, je suis quelqu’un qui se satisfait de peu ! Ne vivre que par et pour la poésie, c’est le luxe de rencontrer des gens qui sont toujours dans l’accueil ou qui travaillent des mois pour une rencontre d’une journée, même si c’est dur parfois, en tout cas pour moi, d’être toujours en mouvement, avec des repères éclatés. »

Lecture d’Édith Azam, aujourd’hui à 14 h 30, suivie d’autres poètes jusqu’à 17 h 30.


Propos recueillis par cor. NR, Hélène Arnault