Le changement, c'est maintenant ?

Publié le 04 juin 2012 par Vindex @BloggActualite

-Le "bras de fer" sur l'Europe s'est engagé dès les premiers jours de la présidence-
Il y a moins d’un mois, François Hollande devenait président de la République contre Nicolas Sarkozy. Dans un contexte de crise et malgré des sondages toujours très favorables, il n’a eu « que » 51,64 pour cent.Le contexte difficile que connaît notre pays donne du pain sur la planche à François Hollande, entre difficultés européennes, crise syrienne et éventuels plans sociaux. Le président doit aussi affronter les premières critiques, notamment à l’encontre de son gouvernement.  Voyons donc comment François Hollande gère ses débuts à la tête de l’Etat. Nous évoquerons d’abord l’investiture et le gouvernement, avant de parler des déplacements diplomatiques de François Hollande. Puis nous verrons quelles seront les premières mesures intérieures prises.  

Investiture et constitution du gouvernement 


L’investiture eu lieu le 15 mai 2012. Après avoir rencontré Nicolas Sarkozy à l’Elysée, et après l’investiture officielle par Jean-Louis Debré, président du Conseil Constitutionnel, le président prononça son premier discours officiel du quinquennat. Puis il alla rendre hommage à Jules Ferry pour ses réformes en faveur de l’école gratuite, laïque et obligatoire. Il démontra ainsi que l’éducation est l’une de ses préoccupations. Une sorte de polémique a touché cet hommage, Jules Ferry ayant également été impliqué dans la colonisation à la fin du XIXe siècle. S’il paraît compliqué de séparer le Ferry éducateur du Ferry colonisateur (le même homme se basant sur les mêmes principes universaliste pour les deux actions), François Hollande peut en revanche tout à fait exprimer son accord sur une action et non l’autre, d’où le nom lieu de cette polémique, d’autant que juger l’histoire est souvent une erreur. Le président a ensuite rendu hommage à Marie Curie, chimiste française ayant reçu le prix Nobel. Cet hommage peut se situer dans la continuité de l’enseignement, puisqu’il touche au thème de la recherche scientifique. Il concerne aussi une femme, la seule à avoir eu deux prix Nobel. Elle fut aussi une immigrée d’origine polonaise. Cela s’inscrit donc dans la volonté présidentielle d’égalité réelle entre homme et femme, mais aussi probablement de se différencier des 5 ans précédents par rapport à l’immigration (légale comme clandestine). François Hollande semble « utiliser » Marie Curie pour montrer que l’immigration est une richesse. Si elle peut bien sûr l’être, la comparaison implicite entre l’immigration d’une polonaise au XIXesiècle et l’immigration actuelle est peu fructueuse, les phénomènes n’étant pas de la même ampleur et pas gérés de la même manière. Si au XIXesiècle, l’assimilation était de rigueur, elle fut abandonnée progressivement il y a quelques décennies.
Le tout fut émaillé de condition climatiques difficile, le président ayant du effectuer discours et bains de foule sous la pluie voir sous la grêle.
Vint alors le temps de constituer le gouvernement. Des rumeurs circulaient déjà sur sa composition. Composé de 35 membres, il respecte quasiment à la lettre la parité entre hommes et femmes. Il s’appuie essentiellement sur le PS et ses alliés : le Parti Radical de Gauche et Europe Ecologie. La composition est sans surprise, mais peut encore changer et s’ouvrir sur le Front de Gauche suite aux législatives. A noter que certains ministères ont changé de nom : celui de l’industrie devient celui du redressement productif et fut bien sûr donné à Arnaud Montebourg, afin sans doute de montrer que ce thème est majeur. Le gouvernement respecte la représentation de la diversité venant de l’immigration, avec notamment Fleur Pellerin, Kader Arif et Najat Vallaud-Belkacem. Retrouvez la composition exacte de ce gouvernement ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Gouvernement_Jean-Marc_Ayrault. Jean-Marc Ayrault fut nommé premier ministre au profit de Martine Aubry qui a décidé de ne pas y prendre part. Il fut sans doute choisi pour sa connaissance de l’Allemand, intéressante dans le cadre des relations avec l’Allemagne.
Pour ses débuts, François Hollande subit bien sûr des critiques. Beaucoup touchent son gouvernement et sa composition. Une grosse polémique touche notamment Christiane Taubira, garde des sceaux, qui autrefois s’était prononcé pour la suppression de certains articles concernant l’unité et l’indivisibilité de la république. Arnaud Montebourg aussi est bousculé du fait de sa condamnation pour avoir traité les dirigeants de Sea France d’ « escrocs ». Aussi, même s’il fut réhabilité, Jean-Marc Ayrault avait été condamné en 1997 pour octroi d’avantages pour des marchés publics. De même ce gouvernement est critiqué pour sa prétendue inexpérience, le premier ministre n’ayant jamais exercé de fonctions d’Etat, tout comme le président. Toutefois cette critique a ses limites : les ministres sont effet encadrés par leur ministère et les hauts fonctionnaires pour connaître les dossiers et exercer leurs fonctions.

Un début de quinquennat sous le signe des Relations Internationales 


Le président fraîchement investi est allé directement rencontrer Angela Merkel le 15 mai, pour évoquer les questions autour de l’Euro, dans une tourmente de plus en plus grave. Ce déplacement commença par un signe diront les superstitieux, puisque l’avion transportant le président fut touché par la foudre !  Angela Merkel, elle, vu cela comme un heureux présage : serait-ce le coup de foudre pour ce nouveau couple franco-allemand ? Les deux dirigeants y ont appris à faire connaissance, ont annoncé la teneur des nouvelles relations : François Hollande souhaite des relations respectueuses des tendances de chacun et équilibrées. Mais voilà, ce couple sera peut-être aussi un match entre deux conceptions légèrement différentes de l’Europe, l’une plus fédérale (celle de Hollande) et l’autre plus rigoureuse (celle de la chancelière Allemande). La rencontre fut toutefois consensuelle : les deux chefs d’Etat sont pour que la Grèce restent dans l’Euro et que des mesures soient prises en faveur de la croissance. Mais tout cela est bien général, et la chancelière dit bien que la croissance est un « concept général ». En effet, plus précisément, François Hollande avait prôné pendant la campagne la remise en cause du Pacte de stabilité lié au MES et la mise en place des eurobonds. Cependant, à peine quelques jours après son élection, la chancelière lui signifiait qu’il n’était pas possible de toujours renégocier les traités. De même, elle a toujours l’air réticente vis-à-vis des eurobonds, ceux-ci impliquant que l’Allemagne paye pour la dette d’autres pays. En réalité, il ne suffit pas d’invoquer la croissance pour que celle-ci vienne, même s’il est clair que les différents plans d’austérité sur la Grèce n’ont pas fonctionné. Les eurobonds pourraient être acceptés par les Allemands seulement après que les pays en difficulté aient procédé à des réformes. En ce sens, le sommet du 22 juin à Rome sera peut-être décisif.  
Ensuite, François Hollande fut invité au sommet du G8 par Barack Obama, ce qui donna l’occasion d’une première rencontre. La rencontre concernait notamment la poursuite de l’engagement français en Afghanistan, où l’OTAN est en mission de conquête de la paix et de reconstruction du pays. Encore une fois, du fait il a fallu être consensuel pour François Hollande. En effet, partisan d’un retrait anticipé des forces françaises d’Afghanistan, le président a annoncé toutefois, avec son ministre de la Défense Le Drian que cela ne s’effectuerait pas de manière désordonnée. Ne cachons pas que cette définition, si elle est motivée par une certaine souveraineté, a embarrassé les américains dans le calendrier qu’ils avaient prévu concernant la situation du pays. Mais l’essence de l’alliance entre la France et les Etats-Unis n’est pas remise en cause. Le président de la République est également réticent face au projet de bouclier antimissile, au sujet duquel la Russie se sent menacée. Sa position sur la Syrie est en revanche plutôt la même que celle de Nicolas Sarkozy : François Hollande s’est prononcé en faveur d’une intervention uniquement pour protéger les civils, ce qui semble être une position modérée.  
C’est d’ailleurs pour défendre sa position qu’il a reçu le 1er juin Vladimir Poutine, réélu président de la Fédération de Russie en mars dernier. La Russie pose toujours son droit de veto à toute intervention en Syrie. La Chine est aussi sur cette position. Les relations furent cordiales entre Hollande et Poutine, mais les désaccords ont demeuré et Vladimir Poutine refuse les sanctions contre Assad dont le départ est souhaité par Hollande. En tout cas, cette invitation de la Russie est un signe plutôt apaisant à l’égard de la Russie.  Malgré le désaccord géopolitique, les dirigeants ont décidé un rapprochement des liens économiques, et François Hollande devrait se rendre à Moscou sur invitation du président Russe.
On peut donc dire que malgré une certaine différenciation par rapport à son prédécesseur, François Hollande se veut consensuel. On peut toutefois se demander si cela ne l’amènera pas à faire des concessions, notamment concernant l’Union Européenne.

Les premières mesures intérieures


Dans un contexte de crise et d’incertitude économique, les plans sociaux refont surface dans les médias et les préoccupations des français. Le nouveau gouvernement a ainsi dénombré 36 entreprises menacées par des plans sociaux. La CGT a elle estimé que ces entreprises étaient au nombre de 45. En ce moment, c’est le groupe Doux qui est en difficulté. Chez ce volailler, ce sont 3 400 emplois qui sont menacés. La situation est également difficile pour Technicolor à Angers. Le contexte exigea une rapide prise de contact avec les syndicats de salariés et de patrons, pour trouver des solutions. Un dispositif local de solution devrait être mis en place par les préfets et les collectivités territoriales, notamment les régions, seront sur la table des négociations. Les premières mesures du programme devraient être prises, notamment concernant le fameux « coup de pouce au SMIC » et le salaire maximum. Mais toutefois, on peut se demander si ce coup de pouce ne sera pas limité, car une trop grande augmentation gênerait encore plus des entreprises en difficulté qui pourraient être incitées à délocaliser ou bien mises en difficulté. De même, la pensée selon laquelle une telle augmentation stimulerait la consommation est discutable : en effet, la propension marginale à consommer, théorisée par Keynes ne prend pas en compte la qualité de la consommation, c'est-à-dire ce que vont consommer les gens avec l’argent en plus qu’ils reçoivent. De telles politiques ont déjà été menées dans les années 1980 et ont plus stimulé l’achat de magnétoscopes asiatiques qu’autre chose, et la France n’étant pas redevenue plus productive depuis dans l’industrie, l’effet pourrait se répéter avec les écrans plasma chinois.  Les négociations sur les retraites et la remise en cause de la réforme du dernier quinquennat devraient bientôt arriver. Martine Aubry disait annonçait aussi que le gouvernement devrait se pencher sur l’encadrement des prix de consommation de base. Il ne faudrait pas que cela se résume à un blocage qui souvent a des effets pervers lors de sa suppression.
Pour conclure, nous pouvons dire que la présidence de François Hollande commence de manière modérée et posée dans un contexte difficile. Il faut à notre avis attendre pour juger sur pièce, plutôt que de trop espérer, car même si le changement est invoqué, les grands jalons ne semblent pas être perturbés sur l’Europe et sur l’Euro. En effet, les difficultés croissantes de la monnaie unique doivent absolument pousser les dirigeants à préparer à différents scénarii de fin ou de sortie de l’Euro de plusieurs pays. De même, les structures économiques françaises et européennes ne semblent pas être complètement remises en cause : le libre échange devrait être revu au niveau de l’UE et les structures économiques, étatiques et administratives françaises doivent être réformées et rationalisées. En revanche, concernant la politique étrangère, on peut être confiant quant au comportement modéré du nouveau président de la République.  
Sources : 
LCILCILe Nouvel ObservateurLe Nouvel ObservateurLe FigaroLa Croix20 Minutes20 Minutes
Vincent Decombe, Léon (caricature)