5 juin / L'homme qui aurait aimé voyager tout l'temps 4/5

Par Blackout @blackoutedition
5 juin L'homme qui aurait aimé voyager Tout l'temps 4/5 Barbelés dans la brume du petit matin, première visite : Auschwitz. La nuit fut courte et sachant cela les élèves débattaient sur la pointe des pieds, terrain miné, sur ce que certains trouvaient que ces mémoriaux risquaient d'entretenir la haine. Parking dans l'aube grise. Deux bus garés un allemand et un israélien. Le débat cessa là, définitivement clos devant les collines de cheveux et les tas de lunettes... Jumelage avec un lycée du cru. On avait prévenu l'expédition avant de partir : les Polonais sont ruinés. Aussi les flancs du car étaient alourdis de savonnettes, brosse à dents paquets de nouilles et autres denrées que nous croyons de première nécessité. Les vieux et les gosses attendaient en descendant des gosses loqueteux et efflanqués, ce fut une joyeuse bandes de bambins aux joues roses et rebondies, habillés à l'avant-dernière mode qui nous accueillit avec des cris de joie. Les brosses à dents restèrent planquées dans l'autocar. Délice du premier après-midi, vaguement ensoleillé, les ancêtres furent intégrés aux lycéens et reçus comme des petits princes dans les familles. Coquet petit pavillon de banlieue, télé couleur, sur la table charcuteries caviar sardines à l'huile vodka et cèpes en bocal. L'homme en mangea par politesse, deux ans à peine après Tchernobyl... Puis les jeunes et mignonnes jeunes filles nous entraînèrent dans un pub (et oui) et autour de chocolats chauds la barrière de la langue vola en éclats de rire, et pourtant elles n'apprenaient le français que depuis un an et les voyageurs ignoraient tout du polonais. Une fille baragouinait l'anglais ce qui nous sauva... L'homme se retrouvait avec elle, le lendemain, balancé sur le télésiège d'une station de ski qui avait reçu les jeux olympiques. Il se surprit à discuter, presque à bâtons rompus dans la langue de Shakespeare et la demi-heure de montée fut son meilleur souvenir. Rentré chez lui il échangea même deux ou trois missives clandestines, stupéfait que la belle citait Dieu toutes les trois lignes... Puis ce fut le tourbillon d'une visite guidée minutée et le groupe visita à cent à l'heure Chesnokova les mines de sel, leurs sculptures et leurs impressionnantes charpentes, Cracovie - séculaire cimetière juif avec des pierres sur les tombes et la Kippa obligatoire, et ghetto quartier entier noir de fumée autre claque. Le dernier jour tombait le 1er Novembre, fête incontournable chez les Polonais, fervents croyants. On laissa toutefois le choix entre la visite du cimetière, et l'après-midi libre à Cracovie. Epuisé qu'il était un petit groupe s'affaissa dans des fauteuils moelleux d'un bar art déco, tous les sièges étaient magnifiquement différents offerts par les étudiants fauchés pour payer la tournée. Pour une somme ridicule, l'homme offrit à sa cour thé et petits gâteaux et ainsi s'éteint le jour dans la sérénité et le repos bien mérité. Au retour l'homme comprit le sens de la visite du cimetière, là-bas, ils mettent des bougies sur les tombes, spectacle magique d'un immense gâteau d'anniversaire. Le retour vers la France fut sauvé par la jeune minette au walkman qui le prêta à l'homme, l'homme qui connut à l'arrivée et par cœur le répertoire de JJ Goldman. La famille au complet l'attendait sur le trottoir en agitant les mains comme au départ et la routine reprit son cours... A suivre... demain !

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