Ennemis Intimes

Publié le 07 juin 2012 par Olivier Walmacq

 

Genre : Documentaire

Année : 1998

Durée : 1H35

L’histoire : Werner Herzog réalisateur allemand de talent, revient sur sa relation avec l’acteur Klaus Kinski. Kinski et lui étaient amis, ils se sont connus dans les années 1950 et ont tournés 5 films ensemble. Cependant cette relation n’a pas eu que des bons moments sur les tournages Kinski, acteur mégalomane et agressif a fait vivre un enfer à Herzog.

La critique de Vince12 :

Ennemis Intimes de Werner Herzog ne doit pas être confondu avec le film Ennemis Intimes de Denis Amar sorti en 1987.
Ici, Herzog nous livre un documentaire et même un documentaire très personnel puisqu’il relate sa relation avec l’acteur Klaus Kinski décédé en 1991.
Herzog raconte leur rencontre, les films qu’ils ont réalisés ensemble et les moments marquants qu’ils ont pu avoir. Car Klaus Kinski a mené la vie dure à Herzog et entre les deux hommes: il y avait une relation amitié haine.

Attention SPOILERS !

En réalité, Herzog et Kinski se sont connus dans les années 1950 en Allemagne. A ce moment-là, Herzog vivait dans un appartement qui avait en quelque sorte été aménagé comme une pension dans laquelle vivaient plusieurs locataires.
Un jour, Kinski débarqua dans cet appartement et bien vite, sa présence ne passa pas inaperçue. Cet acteur de théâtre pique régulièrement des crises de colère et d’hystérie particulièrement violente qui le mènent à saccager un peu tout dans l’appartement.
Mais c’est aussi un acteur mégalomane, Herzog raconte que lors d’un repas Kinski aurait jeté le contenu de son assiette et ses couverts au visage d’un critique de théâtre, qui avait eu le malheur de dire que Kinski avait été « très bon et remarquable » lors de sa dernière pièce.
En effet, Kinski estimait avoir été « Génial et Monumental ».

A cette époque Herzog n’aurait pas cru qu’un jour il ferait des films avec cet homme. Pourtant, en 1971, Herzog cherche un acteur pour son film Aguirre, La Colère de Dieu.
Il fait appel à Kinski, ce dernier était en train de jouer Jésus au théâtre et ces représentations attiraient du monde. Les gens venaient-ils admirer son talent ?
Pas vraiment, en réalité, l’acteur s’était déjà fait sa réputation et la population venait à ces représentations car il était de notoriété publique que Kinski piquait des crises de nerfs complètement folles sur la scène. Ainsi, tout le monde va au théâtre dans l’espoir que Kinski pète les plombs et se donne en spectacle.

L’acteur devait bien être conscient qu’on venait uniquement pour se moquer de lui et c’est aussi pour cela qu’il accepte de jouer dans le film de Herzog.

Kinski interprète le personnage principal, Don Lope de Aguirre, conquistador qui prend les reines d’une expédition dans la forêt amazonienne.
C’est un personnage à moitié fou et mégaloman. C’est sans doute pour cela que Herzog a choisi Kinski.

Mais bien vite la relation avec l’acteur est très difficile. En effet, Kinski pique beaucoup de crises de nerfs d’une rare violence et souvent pour des futilités.
Son comportement est démoniaque et au cours d’une scène d’attaque, il se rue sur les autres acteurs et blesse un figurant d’un coup d’épée.
Le figurant en question témoigne en montrant la cicatrice qu’il lui reste sur le crâne en précisant que sans son casque, il aurait sans doute eu le crâne brisé.
Selon ce même figurant, Kinski un soir aurait même blessé un membre de l’équipe, au doigt, d’un coup de Winchester.

Un jour, une autre dispute éclate entre l’acteur et le réalisateur et Kinski menace de quitter le tournage en oubliant ses engagements. Herzog, à bout, serait allé jusqu’à le menacer de mort.
Kinski terrifié reprendra le tournage et se montrera discipliné. La légende voulait que Herzog ait fait tourner Kinski sous la menace d’un fusil, ce que le réalisateur dément totalement. 

C’est donc un tournage difficile car outre les caprices de Kinski, l’environnement est défavorable. Pourtant, Aguirre voit le jour et l’acteur offre une prestation hallucinante.

Après cela, Herzog et Kinski font deux autres films, Nosferatu, fantôme de la nuit et Woyzeck. Ces tournages ne font qu’aggraver la situation et Herzog affirme que pendant un certain temps, il avait pensé à assassiner Kinski. 

En 1982, il réalise Fitzcarraldo, et choisit Jason Robards pour acteur principal. Cependant, ce dernier tombe malade et Herzog le remplace par son acteur fétiche et ennemi Klaus Kinski.
Il faut reconnaître que le rôle semble taillé pour l’acteur. Mais comme d’habitude, le tournage est difficile en raison de l’environnement puis surtout, du comportement de Kinski.
Il suscite donc la haine de la part des indiens présents sur le tournage. D’après Herzog, le chef de la tribu lui aurait même proposé de tuer Kinski pour lui.

A la suite de ce tournage encore une fois difficile, L’acteur et le réalisateur feront un dernier film ensemble, Cobra Verde, en 1987.
Kinski offre une excellente prestation finale comme dans Aguirre.

Ce film marque la fin d’une collaboration, Kinski quant à lui, décède en 1991.

Ennemis Intimes est donc un documentaire très intéressant sur une relation plus que tumultueuse. Le film s’appuie sur plusieurs interviews de Werner Herzog (qui mène le documentaire), Claudia Cardinale, Eva Mattes et d’autres figurants ou techniciens.
De plus, le film s’appuie également sur plusieurs vidéos, enregistrements et images d’archives qui retranscrivent entre autres les crises de nerfs de Kinski, des extraits de film, et des moments de tournage.

Il en résulte un documentaire passionnant, riche en anecdotes folles et atypiques, à tel point que le spectateur est parfois en droit de se demander si certaines histoires sont bien vraies.

Le problème de ce genre de documentaire, c’est bien évidemment que tout peut être subjectif, mais justement Herzog prend soin d’interroger plusieurs personnes qui donnent des visions différentes sur le personnage de Kinski.

Après, soyons honnêtes, on pourra reprocher aux intervenants d’en faire parfois des tonnes sur leurs récits et sur le personnage de Kinski.
Cependant c’est souvent le cas sur ce genre de documentaire.

Ennemis Intimes termine sur un film où l’on voit Kinski s’amuser avec un papillon, c’est l’image que Herzog veut laisser de son ennemi intime mais aussi ami.

Acteur Capricieux, impulsif, mégalomane à moitié fou mais aussi acteur de talent qui a su conférer aux films de Herzog une grande puissance.

Au final, un documentaire très intéressant, passionnant même et qui mérite clairement d’être vu.

Note : 16/20