Galerie Thomas Poller

Publié le 19 mars 2008 par Gregory71

Le fait d’être représenté par une galerie à Chelsea et à Francfort est une expérience nouvelle pour moi, avec tout ce que cela implique pour préparer les foires, les projets d’expositions solos qui correspondent à des dynamiques différentes. Les échanges avec Thomas sont riches, chaque détail est discuté, le format, le support, la mise en série, mais surtout l’équilibre fragile et nécessaire entre la capacité commerciale et la possibilité esthétique. Cet équilibre n’est pas une dialectique, il n’y a dans les faits, dans l’expérience que j’en ai aucune contradiction, mais deux paramètres qu’il s’agit de simultanément affiner, régler, jouer. Et ce jeu ne peut se faire que par l’appropriation du travail par le galieriste. Il faut qu’il puisse en parler, non en votre nom, mais en son nom, à sa place même, parole donc qui ne peut s’élaborer que par votre absence. Cette appropriation est lente, progressive, elle est un processus qui fait que le travail se détache de son producteur (l’artiste) pour aller vers un autre (le collectionneur) par l’intermédiaire de cet autre-autre (le galieriste).

Cette dynamique entraîne un souci pour le fini de l’objet, fini qui peut tendre vers l’objet design, mais aussi simplement vers la solitude de l’image. Faire en sorte qu’elle tienne, malgré le flux continu, malgré toutes les autres images, non plutôt avec elles, surtout avec elles.

L’espace de la galerie, et tout particulièrement l’aspect relationnel de cet espace, ouvre la problématique contemporaine de l’échange et de la perception: qu’est-ce qu’échanger une valeur contre une autre valeur? N’est-ce pas là un acte de traduction? Qui est qui? L’artiste? Le collectionneur? Et cet étrange personnage, le galieriste? Comment passe-t-on d’une modalité perceptive à une autre, par exemple de la production, à l’exposition, à l’acquisition?

Autant de questions qui interrogent nos manières d’être face à un objet.