Metric – Synthetica [2012]

Publié le 12 juin 2012 par Feuavolonte @Feuavolonte

Metric
Synthetica

Metric Music International
Canada
Note : 7/10

par Élise Jetté

Ça faisait trois ans qu’on cherchait le son Metric , sculpté par Emily Haines au coeur de la jungle musicale. Haines, Jimmy Shaw, Josh Winstead et Joules Scott-Key reviennent aujourd’hui, forts de 10 ans de travail commun et de quatre précédents albums complets bien réussis. On acceptera le cadeau qu’est Synthetica comme un amalgame des trois parutions passées qui avait chacune leur saveur distincte : en 2003, Old World Underground se cherchait ou cherchait ce qui restait du mouvement punk. On assistait à l’éclosion d’un new wave qui essayait de trouver autre chose. Live It Out en 2005, faisait sortir le rock pur de la frêle chanteuse et Fantaisies en 2009, était extrêmement accessible, à la limite du trop pop.

Synthetica est très électroniquement instrumentalisé : un clavier omniprésent aux accents kitsch. On aime ou pas. Pour ce qui est du contenu, ce sont des textes bien ficelés envoyés avec une voix qui se perd parfois parmi les méandres du son choisi. On questionne le monde, la réalité, la technologie : le vrai, le faux.

Metric a certes perdu en consistance. On n’entendra pas de super-hit à la Dead Disco ou Help I’m Alive. On se rapproche toutefois de cette efficacité avec Artificial Nocturne qui ouvre l’album ainsi : I’m just as fucked up as they say/I can’t fake the daytime/Found an entrance to escape into the dark.

Certaines pièces comme The Void et Dreams So Real, nous obligent à vivre avec le fait que l’on débute avec un rythme agressant et injustifié parce qu’on sait bien qu’on appréciera la suite.

Ce qui agacera l’oreille est certainement le cadre très peaufiné que le groupe a offert à Synthetica. La très jolie balade Clone réussit à rompre avec cette rigidité du son général et ainsi offrir des contrastes intéressants.

Dans The Wanderlust on remercie la guitare et les percussions de s’immiscer, car cette rythmique artificielle n’est pas forcément conçue pour toutes les oreilles.

Speed The Collapse, Youth Without Youth et Breathing Underwater sont nées de l’esprit de Metric. Le synthétique ouvre ses portes à pleine capacité à un son plus travaillé où la guitare et la batterie réussissent à prendre le dessus sur la sonorité électro qui embourbe parfois les autres pièces.

Nothing But Time présente une rythmique artificielle futuriste de synthé avec des paroles appuyées. On s’imagine bien Emily Haines sortir en version hologramme avec une voix douce et puissante à la fois sur une trame automatisée qui prend beaucoup de place : I wanted to be part of somthing/ I got nothing but time/So the future is mine.

Plongé dans un questionnement onirique de la réalité, Synthetica est un album bien de son temps, noyant quelque peu sa chanteuse dans un bain trop empli de musique qui a perdu en efficacité. Or, on ne pourra juger de cet album avant d’en avoir vu une quelconque représentation réelle puisque les versions les plus savoureuses des pièces de Fantasies, c’est sur scène qu’on les a vues : des mix qui laissaient sans mots, des versions acoustiques qui émouvaient les 10 premières rangées aux larmes. Vivement Osheaga!