Les jeunes selon HCP

Publié le 12 juin 2012 par Fanazine @fanazine

Une nouvelle enquête sur les jeunes au Maroc vient de voir le jour. Cette fois, c’est le Haut commissariat au plan (HCP) qui s’est livré à l’exercice, s’inscrivant dans le sillage de plusieurs autres organisations, dont la Banque mondiale, qui a récemment sorti son rapport sur la question. Il faut dire que depuis les évènements sociopolitiques de 2011 qu’ont connus plusieurs pays de la région, les défis liés à la jeunesse sont devenus la priorité des pouvoirs publics. Au Maroc, la problématique s’est posée avec acuité, particulièrement au vu des préoccupations de l’heure, à commencer par le chômage et les difficultés de la vie, qui font de cette frange importante de la société une véritable bombe à retardement.
C’est d’ailleurs un point de convergence vers lequel se rejoignent les deux études et qui dévoile -si besoin était- aux autorités le défi prioritaire à relever. Il s’agit du chômage, qui culmine à 12% chez les jeunes, contre 9% en moyenne au niveau national. Selon les données du HCP, c’est en milieu urbain que le chômage atteint son niveau culminant, avec 17% des jeunes concernés par ce fléau, contre 5% chez les ruraux. L’inactivité professionnelle touche particulièrement la tranche d’âge des 18 à 24 ans, davantage que leurs aînés (35 à 45 ans) mais aussi plus les femmes que les hommes. Trois inactifs sur quatre sont des femmes, surtout au foyer, selon le HCP. Cette situation se répercute directement sur les conditions de vie des jeunes, particulièrement l’absence de revenu décent. L’étude démontre que le célibat devient de plus en plus récurrent chez les jeunes et parfois jusqu’à un âge avancé. 42% des jeunes célibataires ne pensent même pas au mariage: un homme sur deux, contre une fille sur trois. Et comme il fallait s’y attendre, parmi les principales raisons évoquées par les jeunes pour expliquer leur situation, viennent dans l’ordre l’absence de moyens financiers, l’«âge» et le «destin», principalement cité par les jeunes filles. PrécaritéCependant, comme le font remarquer les experts du HCP, «l’absence de revenu est plus compréhensible chez la tranche des 18-24ans, avec 67%, moins chez les 35-45 ans, où plus de 40% d’entre eux ne disposent pas de source de revenu». On comprend, alors, pourquoi plus de la moitié des jeunes continuent à vivre au sein du foyer parental, une situation qui concerne plus particulièrement les jeunes de 18 à moins de 25 ans, et beaucoup plus les hommes que les femmes. La principale conclusion de l’enquête à ce niveau est que «la précarité en matière d’emploi et de revenu n’affecte cependant pas le mode d’insertion des jeunes dans leur milieu familial». Les 9% des sondés qui ont déclaré avoir des difficultés avec leurs parents ont, ainsi, cité comme cause de leurs difficultés leurs performances scolaires, la fréquentation sociale ou le respect des prescriptions religieuses ou des valeurs traditionnelles. La famille devient, donc le premier soutien et appui des jeunes actuellement, et ces derniers n’hésitent pas à se refugier dans la spiritualité en l’absence de tout espoir dans l’avenir. C’est en ce sens que la famille et la religion sont citées en priorité sur la liste du système de référence des jeunes. Si l’étude a démontré que les jeunes Marocains sont de vrais patriotes, 98,5% des jeunes soutiennent être fiers de leur marocanité. La famille pour 54,6% d’entre eux et la religion pour 24,1% sont considérées comme les choses les plus importantes dans la vie. Viennent par la suite le travail, le progrès du pays et enfin les études. Il faut noter que la famille est particulièrement évoquée par les femmes au foyer. Pour Lahlimi, le niveau de «patriotisme élevé» constaté lors de l’enquête est une donne importante, puisqu’elle accentue la pression sur les pouvoirs publics, qui doivent multiplier et intensifier les efforts pour répondre aux attentes des jeunes, marqueurs par excellence de la dynamique sociale et de l’évolution du pays. Cela se confirme aisément par les résultats de l’étude sur les préoccupations de l’heure des jeunes. Dans l’ensemble, celles-ci rejoignent largement celles de tous les citoyens marocains, comme la plupart des études sur la question l’ont démontré. Les jeunes, selon le HCP Tout comme pour la classe moyenne, la définition de la tranche d’âge prise en compte par le HCP concernant la jeunesse ne manquera pas de soulever la polémique. Il est vrai que comme l’a souligné le Haut commissaire Ahmed Lahlimi, «il n’existe pas de définition universelle de jeune en termes de tranche d’âge. Si la limite de 18 ans se justifie par l’âge de majorité, le choix d’une limite d’âge supérieure varie largement, selon les études et les institutions». Cependant, comme le reconnaît le HCP, dans plusieurs bases de données internationales, sont considérées comme jeunes les personnes âgées de 15 à moins de 25 ans, alors que dans d’autres études et analyses nationales et internationales, c’est la tranche d’âge de 15 à moins de 30 ans ou encore 18-29 ans qui est retenue. Le HCP, lui, s’est permis le luxe d’élargir la tranche, poussant le curseur jusqu’à 45 ans. Selon les explications données, il s’agit, d’abord, de tenir compte de l’augmentation de l’espérance de vie en raison de la transition démographique que connaît le Maroc», avec un allongement de l’espérance de vie de 47 ans en 1962 à 74,8 ans en 2010, qui donne un espace plus large à notion de jeunesse». La seconde raison évoquée par le HCP est longue, mais moins explicite. «Elle est liée au contexte d’ouverture sur de nouveaux modes de consommation, de valeurs et de comportements sociaux de plus en plus hégémoniques à l’échelle internationale. Les besoins sociaux, les aspirations au bien-être et les normes culturelles d’une partie de la population recherchent de nouveaux cadres d’expression qui peuvent revêtir, tout au moins pendant un certain temps, un caractère corporatiste ou informel». Pour le HCP, l’élargissement de la tranche d’âge à 44 ans révolus permettra de déceler d’éventuelles divergences dans les comportements et les perceptions entre «ce qu’on peut appeler la génération née et élevée dans la période de l’ajustement structurel et celle de l’ouverture économique et démocratique». Younes.B